Ce roman étant le deuxième volet d’une trilogie invitant à suivre les pas de Mick Hardin, ceux qui ont déjà lu « Les Gens des collines » retrouveront avec grand plaisir cet agent de la CID venu se remettre de ses blessures dans son bled natal. Les autres n’auront aucun mal à suivre cette enquête indépendante qui les plonge immédiatement dans une région reculée du Kentucky, sur le flanc est des Appalaches.
Si cette enquête qui dévoile progressivement des trafics en tout genre ne manquera pas de tenir le lecteur en haleine, c’est surtout la capacité de Chris Offutt à planter un décor et à brosser des personnages mémorables en seulement quelques phrases qui constitue tout le sel de ce polar rural certes sombre, mais non dénué d’humour.
Il y a tout d’abord ce personnage principal taiseux, efficace et méthodique, prêt à aider son prochain, mais n’hésitant pas à tuer s’il le faut. Un militaire dont la femme s’est finalement barrée avec un autre et qui ne dit pas grand-chose, mais dont les quelques phrases, distillées avec parcimonie, font toujours mouche.
Et que dire des personnages secondaires, qui ne sont pas en reste et qui contribuent également à se faire une idée de la mentalité de ce bled dans lequel l’auteur nous baigne avec grande maestria… De Jacky Turner, le cousin inventeur capable de remettre en état n’importe quel engin, à l’attachant Oncle Merle qui observe les oiseux depuis son porche, en passant par Jaybird et sa prise d’otage insolite, le lecteur ne s’ennuie pas un seul instant.
Les fils de Shifty, Chris Offutt, Gallmeister, 288 p., 23,50 €
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