L'histoire officielle: Une nuit, une femme en danger (Selma Alaoui) appelle la police. Anna (Veerle Baetens) prend l'appel. Un homme (Guillaume Duhesme) est arrêté. Les semaines passent, la justice cherche des preuves. Aly, Anna et Dary font face aux échos de cette nuit qu'ils ne parviennent pas à quitter.
Sortie en salle au Québec: 8 mars 2024
Après un début haletant, en plein dans le suspense psychologique (on se croirait dans The Guilty de Gustav Möller), Quitter la nuit retrouve des allures de drame plus conventionnel pour aborder le cas d'une violence masculine d'une triste banalité.
Sans porter de jugement sur l'agresseur, mais tout en se sentant très proche de la victime, Girard (dont il s'agit du premier long métrage) pose les bases de réflexions inintéressantes, entre autres sur la notion de consentement (on est toutefois très loin du traitement de Vanessa Filho), illustre la difficulté de la " libération de la parole " comme on dit communément, et présente les conséquences du traumatisme et le complexité de se remettre d'un tel acte.
Une courte incursion dans le film judiciaire permet de mettre en évidence la complexité de la tâche des policiers et magistrats, obligés de naviguer dans des zones floues pour traiter des cas semblables, qui reposent souvent sur des versions des faits pas toujours vérifiables. Convaincant dans son propos, Quitter la nuit l'est aussi dans sa forme épurée, sa mise en scène très appliquée et dans le jeu naturel et nuancé des trois comédiens, des visages que l'on connait peu, ce qui renforce le côté réaliste de l'ensemble.
Cela dit, en reprenant son court métrage " Une soeur " , en nomination à l'Oscar du meilleur court en 2020, la réalisatrice n'a pas totalement réussi à étoffer son intrigue pour tenir pendant 105 minutes. Quelques longueurs avoient le jour. Le montage en flashback est en revanche très réussi, notamment parce qu'en remontrant la fameuse soirée sous divers angles et avec diverses conséquences, il traduit adéquatement les hésitations et les défaillances de la mémoire des protagonistes.