[En bref] Dernière nuit à Milan

Par Mespetitesvues

L'histoire: Franco Amore a toujours essayé d'être un honnête homme et un flic intègre. Après 35 ans d'une très honorable carrière, il prend enfin une retraite bien méritée. Lui qui n'a jamais tiré sur personne entame sereinement sa dernière nuit de service. Mais les imprévus et les événements qui vont suivre risque fort de changer les choses. Car en passant un accord avec un groupe mafieux chinois pour leur servi de chauffeur, il met le pied dans un engrenage qui ne s'arrêtera qu'au bout d'une nuit effrénée, entachée par le sang de plusieurs personnes.

En salle au Québec: 22 mars 2024

Les polars italiens ne sont pas légion dans les salles québécoises. Sautez sur Dernière nuit à Milan (The Last Night of Amore, L'Ultima notte di Amore), car il en vaut la peine pour qui apprécie la noirceur des âmes et la tension des nuits urbaines. Ce qui fascine ici, tient autant dans l'intrigue classique, rondement menée et pleine de surprises que dans la capacité de l'auteur Andrea Di Stefano ( The Informer, 2019) de se servir des éléments les plus convenus du genre pour en faire quelque chose d'inusité. On n'échappera pas à quelques invraisemblances, mais, au final, on a droit à une histoire tordue, toujours captivante.

Campé par Pierfrancesco Favino (déjà excellent dans Le traitre de Marco Bellocchio), le policier au doux nom n'a jamais connu une nuit pareille, et encore moins un environnement aussi dangereux et rempli de traitrise. Il se retrouve, sans rien comprendre, mais sans paniquer non plus, dans cet univers qu'il ne comprend pas (la mafia italienne est truffée de traitres, la mafia chinoise n'est guère plus reluisante, même si elle semble plus respectueuse de la fratrie et de la parole donnée).

Lui qui est d'ordinaire plutôt pacifique va devoir se montrer sous un autre jour. Et c'est ce " récit initiatique " dur et sanglant qui insuffle toute l'ambivalence du personnage, sans cesse coincé entre la volonté de sauver sa peau auprès de ses ennemis (qui ne sont pas ceux que l'on croit) et celle de prouver sa bonne foi auprès de ceux qui le pensent coupable. Un périple au cours duquel sa femme l'aidera de bon gré, voyant là un moyen de retisser les fils d'une union qui se décousait tranquillement sous la routine.

Outre la composition impeccable de Favino et du reste des comédiens, Di Stefano peut compter sur la direction photo impeccable de Vladan Radovic ( lui aussi), filmant la métropole italienne avec une belle efficacité. Une course poursuite haletante, un guet-apens sur la corde raide et une trame sonore anxiogène s'ajoutent au montage subtil des flashbacks. Ne nous privons pas, car il y a fort à parier que Dernière nuit à Milan ne restera pas longtemps dans nos salles.