Moscou : hélas, rien n'est sous contrôle !

Publié le 23 mars 2024 par Sylvainrakotoarison

La France exprime sa solidarité avec les victimes, leurs proches et tout le peuple russe. " (Emmanuel Macron, le 22 mars 2024).

Au cours de sa pseudo-campagne électorale,
Terreur indicible. Scène de guerre horrible. L'impression de revivre l'attentat du Bataclan du 13 novembre 2015, mais en Russie. Cela s'est passé ce vendredi 22 mars 2024 vers 18 heures 30 (heure de Paris), avant le début d'un concert à guichet fermé du groupe de rock russe Piknik, dans la grande salle de spectacle inaugurée le 25 octobre 2009, le Crocus City Hall à Krasnogorsk, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Moscou. La salle contenait environ 6 200 personnes. Deux à cinq hommes camouflés ont réussi à pénétrer dans l'enceinte de la salle et ont tiré au fusil automatique sur les spectateurs. Cet attentat a été suivi d'un incendie du toit qui s'est effondré. Les assaillants auraient réussi à quitter les lieux et les forces de l'ordre russes sont à leur recherche active.
À ce stade, le bilan, qui risque d'être bien plus lourd, serait d'au moins 60 personnes assassinées [au 23 mars 2024, 133 victimes dont une de 8 ans] et de plus de 130 personnes blessées dont une soixantaine dans un état grave. Une centaine d'ambulances ont été amenées sur place, des hélicoptères et des pompiers aussi, pour soigner les blessés, évacuer les rescapés, éteindre l'incendie, etc. Il semblerait qu'au contraire de l'attentat du 13 novembre 2015 au Bataclan, les personnes évacuées auraient quitté les lieux librement sans avoir été interrogées par les forces de l'ordre pour connaître le déroulement exact des faits. Selon Tass, les membres du groupe Piknik ont pu être exfiltrés par les forces de l'ordre.
Vladimir Poutine avait promis la sécurité au peuple russe. On s'aperçoit hélas ce soir que rien n'est sous contrôle en Russie et qu'à quelques kilomètres du Kremlin, un petit groupe armé est capable de provoquer un carnage. Dans tous les cas, la peur va s'installer durablement dans la population russe.
Très rapidement, l'organisation terroriste islamiste Daech a revendiqué cet attentat meurtrier sur son compte Telegram : " Les combattants de l'État islamique ont attaqué un grand rassemblement de chrétiens dans la ville de Krasnogorsk, à la périphérie de Moscou, tuant et blessant des centaines de personnes et causant de grandes destructions avant de se retirer en toute sécurité. ". Apparemment, l'origine de cette revendication serait authentifiée. La risque terroriste en Russie n'a jamais baissé, en particulier provenant de Daech en raison de l'intervention militaire russe en Syrie.
Évidemment, le contexte, double ou triple contexte, en particulier la guerre en Ukraine, l'escalade des discours de plus en plus tendus entre la Russie et les pays de l'OTAN, et la réélection supposée triomphale de Vladimir Poutine, apporte des réflexions qui pourraient être biaisées.
Ainsi, la Russie pourrait soupçonner l'Ukraine d'être à l'origine de cet attentat, ce qui est peu pertinent pour de nombreuses raisons, et les services de Volodymyr Zelensky a tenu très vite à affirmer : " Soyons clairs, l'Ukraine n'a absolument rien à voir avec ces événements. ". Tandis que l'ancien Président Dmitri Medvedev, le hurleur professionnel depuis 2022, promettait de tuer des dirigeants ukrainiens si ceux-ci étaient liés à cet attentat.
On pouvait aussi craindre que ce fût un attentat sous faux drapeau, réalisé par le FSB, ce que soupçonne le renseignement militaire ukrainien qui accuse les services spéciaux russes. Mais cette hypothèse non plus n'est pas très crédible, parce que dans ce cas, le pouvoir russe aurait rendu responsable un supposé groupe terroriste ukrainien et pas islamique.

Le plus vraisemblable reste donc que cette revendication de Daech soit exacte, d'autant plus que le mode opératoire particulièrement horrible (et il y a des images avec les smartphones des participants au concert) correspond malheureusement à un déroulement sanglant déjà connu notamment des Français avec les attentats de 2015, tant Les circonstances ont été très réfléchies par les terroristes. La situation des forces de l'ordre russes sous tension permanente avec la guerre en Ukraine était une opportunité pour Daech. Même le passage pour entrer dans la salle aurait été une passoire (détecteurs en panne, etc.).
de "Charlie Hebdo" (7 janvier 2015) que du Bataclan (13 novembre 2015), où les terroristes prennent leur temps pour viser et tirer sur les victimes.
Les États-Unis avaient averti la Russie le 7 mars 2024 qu'il y avait des risques très élevés d'attentat islamique en Russie, la Grande-Bretagne également l'avait signalé, et ils avaient recommandé à leurs ressortissants en Russie de ne pas aller dans des grands rassemblements. Le pouvoir de Vladimir Poutine avait interprété cet avertissement comme une menace directe des pays de l'OTAN contre la Russie. Il aurait mieux fait de le prendre au sérieux et de protéger sa population.
Il faut se rappeler que lors des attentats du Word Trade Center, le 11 septembre 2001, Vladimir Poutine avait été le premier chef d'État ou de gouvernement étranger à avoir exprimé sa solidarité et apporté son soutien à George W. Bush et au peuple américain, rompant définitivement (croyait-on) à la guerre froide (du moins entre les États-Unis et la Russie) par le surgissement d'un ennemi commun, le terrorisme islamique (la Russie était en guerre contre les séparatistes tchétchènes).
En France, bien entendu, comme en Europe et dans tous les pays étrangers, c'est la consternation, la condamnation et la solidarité avec le peuple russe. L'Élysée a communiqué la position claire du Président français Emmanuel Macron : Aussi sur le blog. " Le Président de la République suit de près la situation à Moscou. Il condamne fermement cette attaque terroriste revendiquée par l'État islamique (...). La France exprime sa solidarité avec les victimes, leurs proches et tout le peuple russe. ". Le Ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Stéphane Séjourné va dans le même sens : " Les images qui nous parviennent de Moscou sont terribles. Nos pensées vont aux victimes et blessés et au peuple russe. Toute la lumière doit être faite sur ces actes odieux. ".
Du reste, les deux leaders populistes français soupçonnés de sympathie avec le régime de Poutine, à savoir Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, ont été parmi les premiers à twitter leur condamnation et leur solidarité (on aimerait qu'ils en fassent de même, avec la même rapidité, lorsque l'armée russe massacre des civils ukrainiens).
Cette attaque de Daech a profité d'un contexte qui lui était favorable en Russie, tout occupée à guerroyer en Ukraine. Elle rappelle brutalement que la Russie est dans le même bateau que ce qu'elle croyait être ses adversaires occidentaux, celui de la lutte contre le terrorisme islamique, bien plus grave pour la sécurité du peuple russe que les frontières occidentales de la Russie, alors qu'aucun pays à l'Ouest ne menaçait la Russie. Elle rappelle aussi que le risque terroriste est au plus haut niveau partout, et en particulier en France pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques. L'attentat islamiste du Crocus City Hall de Moscou.
Alors, évidemment, condamnation totale de cette tuerie abominable, soutien total au peuple russe, aux victimes, aux civils qui sont traumatisés et qui vont avoir peur, et toujours méfiance vis-à-vis du pouvoir de Vladimir Poutine, qui n'a pas encore réagi, et honte à lui s'il osait rendre responsables de cet attentat de supposées forces ukrainiennes. La signature, hélas, est trop caractéristique, cette brutalité dans l'horreur, cette joie, presque, cette joie sadique de pouvoir massacrer le plus de chrétiens possible, ne sont pas celles de combattants ukrainiens mais celles d'islamistes qui ont déclaré la guerre totale et permanente au vrai Occident, c'est-à-dire en y incluant bien sûr la Russie...
Sylvain Rakotoarison (22 mars 2024)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Le Sacre du Printemps.
Comment rester au pouvoir après 2024 ?