" On joue toujours plus ou moins la comédie que ce soit avec les autres ou avec soi-même et peut-être surtout ou plutôt quand on croit être le plus sincère c'est fou ce que nous pouvons tous aimer mentir tu me diras que c'est parce qu'il est tellement difficile de savoir ce qui est la vérité de sorte qu'on ne peut jamais dire tu sais on finit par revenir de pas mal de choses et d'ailleurs on ne peut pas faire autrement que raconter des histoires parce que en admettant qu'il y en ait une les gens ont horreur de la vérité est-ce que tu ne t'en es pas déjà aperçu ils sont disposés à croire tout ce que tu pourras leur raconter ou tout ce qu'ils pourront se raconter eux-mêmes excepté la vérité c'est sans doute qu'elle est quelque chose d'insupportable. " ("Le Sacre du Printemps" par Claude Simon, 1954, éd. Calmann-Lévy).
.Enfin, la pseudo-élection présidentielle de 2024 a été une imposture jusque dans ses opérations électorales, puisqu'une élection démocratique, c'est lorsque le vote est libre, sincère et secret. Sans pression d'aucune sorte. Or, de secret, il n'y en avait pas quand les urnes étaient installées en pleine rue et que les électeurs devaient cocher leur bulletin devant les responsables des bureaux de vote. Sans compter que des opérations électorales ont eu lieu sur territoire ukrainien et pas russe.
87%... ou 88%... C'est une victoire ! Que dis-je ? C'est un triomphe ! Les trompettes de la gloire universelle sonnent et résonnent dans le ciel étoilé de Russie ! Bon... arrêtons la plaisanterie. La pseudo-élection présidentielle qui s'est déroulée en Russie du 15 au 17 mars 2024 a donc confirmé ce que tout le monde savait depuis 2020 : Vladimir Poutine aurait été réélu Président de la Fédération de Russie avec un pourcentage autour de 87 ou 88%
Parler d'élection est un bien gros mot, et parler de démocratie est carrément une insulte aux démocrates. Du reste, Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine l'avait déjà expliqué le 6 août 2023 : " Notre élection présidentielle n'est pas vraiment une démocratie, c'est une bureaucratie coûteuse. M. Poutine sera réélu l'année prochaine avec plus de 90% des voix. (...) Théoriquement, les élections ne devraient même pas avoir lieu. ". C'était vrai, quelle perte de temps et d'argent alors que la réélection était prévue par avance !
Avec tout cela, pas la peine de truander les urnes, l'élection était déjà truandée en amont. Ce qu'on peut dire, en quelque sorte, c'est que Vladimir Poutine a été confirmé par une sorte de plébiscite, et la seule chose qui mériterait une observation attentive mais validée, c'est la participation. Le 18 mars 2018, il était convenu que même si c'était avec un score plus faible que l'officiel, Vladimir Poutine avait bien gagné l'élection. En 2024, forcément qu'il ne pouvait que gagner puisqu'il était le seul candidat connu.
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Le journaliste Jean-François Bouthors, membre de l'Association de soutien des principes de la démocratie humaniste, expliquait dans "Ouest France" le 14 mars 2024 : " La question de la régularité du vote ne se pose tout simplement pas. Poutine et son clan, prêts à tout pour garder le pouvoir et l'étendre au-delà de la seule Russie, s'en moquent. La Russie dans tout ça ? Il est tentant de jeter, sans discernement, le bébé avec la très sale eau du bain. Évitons cependant de parler de "la Russie" comme d'un bloc. Ça, c'est ce que Poutine construit à longueur de journée, en écartant systématiquement, parfois de la plus cruelle des manières, tout ce qui détonne, diverge ou s'oppose. La réalité est plus complexe. Il faut, pour comprendre, partir du fait que cette uniformisation par la peur ne laisse presque aucune place à des manifestations de dissensus. Pourtant, elles ne manquent pas, pour des prétextes divers. Les obsèques de Navalny ; les nombreux soutiens à la tentative de candidature de Boris Nadéjdine ; le succès phénoménal du film de Michael Lockshin (cinéaste en exil qui s'est prononcé contre la guerre), "Le Maître et Marguerite", au parfum antitotalitaire ; les protestations des mères de soldats et celles de quelques hommes de troupe ; les habitants qui dénoncent l'absence de chauffage dans leur logement ; les doléances contre l'inflation galopante et la disparition des œufs sur les marchés ; jusqu'aux hommages à l'effroyable Prigojine après son élimination... ". Et il poursuivait : " La Russie n'a connu qu'un épisode très bref de liberté politique. (...) Mais dans ce bref intervalle, de très nombreux Russes ont manifesté un vrai désir de liberté. ".
Dans son discours de ce dimanche 17 mars 2024, Vladimir Poutine a voulu faire comme si c'était une véritable élection : " Je tiens tout d'abord à remercier les citoyens, nous sommes tous une seule et même équipe, tous les citoyens de Russie qui se sont rendus dans les bureaux de vote et qui ont voté. (...) Nous avons beaucoup de tâches concrètes et importantes à accomplir. Les résultats de l'élection témoignent de la confiance des citoyens du pays et de leur espoir que nous ferons tout ce qui est prévu. ". Avec lui, le cynisme est roi. Il serait triste de la mort d'Alexeï Navalny, il avait rendu hommage à Evgueni Prigojine, à l'écouter, celui qui n'a jamais participé à un seul débat contradictoire de sa vie regretterait presque d'être réélu avec un si haut score qui ne s'obtient, je le répète, que dans les républiques bananières ou dans les dictatures communistes.
Pour certains poutinolâtres, cette pseudo-élection présidentielle célèbre le dixième anniversaire de l'annexion de la Crimée à la Fédération de Russie (référendum aussi "libre et sincère" le 16 mars 2014, modification de la Constitution le 21 mars 2014). Moi, j'insisterais plus sur le premier anniversaire de la signature du mandat d'arrêt international contre Vladimir Poutine par la Chambre préliminaire II de la Cour pénale internationale de La Haye le 17 mars 2023. Pour crimes de guerre commis en Ukraine.
Certains pensent que cette confirmation plébiscitaire de Vladimir Poutine à rester au pouvoir jusqu'à, au moins, mars 2030 (il aura alors 77 ans, l'âge au début de son premier mandat de Joe Biden) va entraîner un durcissement plus grand encore du régime. À quoi bon alors que la peur règne déjà dans le pays ? L'absence de toute préparation à sa succession va même être catastrophique dans quelques années, non seulement pour la Russie mais aussi pour le monde.
Et la seule sagesse, c'est de le mettre hors d'état de nuire à l'Ukraine dans les meilleurs délais. Qu'un dirigeant européen comme L'Europe face à Poutine. Emmanuel Macron ose se dresser contre ses lubies paranoïaques, cela devrait l'interpeller, et heureusement qu'il y en a au moins un ! Vladimir Poutine est un danger pour l'Europe et la paix mondiale. Son imposture électorale n'y changera rien. Triste sire.
C'est curieux comme les dictatures doivent garder un semblant de formalisme pour faire comme si. Vladimir Poutine a employé les bonnes vieilles ficelles du KGB et de l'URSS. Tellement grosses qu'il n'a pas vu qu'elles le trahissaient elles-mêmes. Car la démocratie, bien sûr, elle est toujours fragile, mais il y a une chose qui paraît évidente dans un monde globalisé qui est mieux informé mais aussi plus angoissé : il n'y a jamais de score de 88% dans une démocratie réelle. Au premier tour. Rapport de la commission d'enquête n°1311 de l'Assemblée Nationale relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères (enregistré le 1er juin 2023).
Il suffit de regarder dans chaque pays. Je ne parle pas des vieilles démocraties où les scrutins se remportent avec à peine plus de 50% des voix, et de manière durable. La France, les États-Unis, par exemple. La France, dès 1974, il y avait un écart très faible. Il a perduré. Et si Jacques Chirac a eu 82% en 2002, c'était au second tour après un très mauvais premier tour pour lui (19% !) et ce n'était que 82, pas 88% ! Aux États-Unis, les scrutins en voix ont été souvent très serrés, en 2000, en 2016, en 2020, etc. On peut même comparer avec la Turquie, là aussi le François Fillon et ses relations avec la Russie. dernier scrutin présidentiel du 28 mai 2023 a été serré et la réélection d' Erdogan n'était pas évidente, n'était pas écrite.
Alors, le peuple russe serait-il un peuple consensuel qui adore voire adule son dirigeant suprême ? Bien sûr que non. Il faut regarder les scrutins présidentiels russes de 1991 ou de 1996 pour se rendre compte que les clivages existaient, nombreux, disparates. Là non plus, en 1996, la réélection de Boris Eltsine n'était pas évidente, au contraire, tout le monde expliquait qu'il allait être renvoyé par les urnes.
Avec Vladimir Poutine, la pseudo-élection présidentielle est une multiple imposture. La première imposture est déjà sa candidature alors que la Constitution russe du 12 décembre 1993 a limité à deux mandats successifs. Oui mais bon, le 4 juillet 2020, on a dit qu'on reprenait à partir de zéro. Donc, Vladimir Poutine pourra même se représenter en mars 2030. Son objectif, Conférence de presse du Président Emmanuel Macron lors de la Conférence de soutien à l'Ukraine le 26 février 2024 à l'Élysée (vidéos). aller jusqu'en 2036 ? (il aura 83 ans). Ou simplement 2031 ? 2032... l'idée étant de durer plus longtemps que Staline ? Autre imposture constitutionnelle puisque, le 30 décembre 2008, le mandat présidentiel a été prolongé de 50% du temps, de quatre à six ans. Tout est bon pour s'éterniser au pouvoir sur de pseudo-bases légales.
Lee Marvin, les Douze Salopards et la Russie.
L'autre imposture en amont de cette pseudo-élection présidentielle, c'est l'impossibilité aux vrais opposants de se présenter. Soit parce qu'ils ont des barrages administratifs curieux, au mieux, soit parce qu'ils ont été purement et simplement éliminés physiquement, au pire. La mort d' Alexeï Navalny. Alexeï Navalny rappelle à ceux qui ont oublié ou qui ne veulent pas voir la réalité du régime actuel en Russie. Au lieu d'eux, on a encouragé quelques députés ou anciens députés à se présenter pour faire vitrine et laisser entendre qu'il y a un véritable choix.
Et même si des candidatures libres avaient pu se présenter, leurs traitements médiatiques auraient été très inégaux puisqu'il n'y a plus de presse ou de médias libres. Ils sont tous à la dévotion du chef. Youri Andropov.
Konstantin Tchernenko.
La France Unie soutient l'Ukraine !
Condoléances cyniques.
Sergueï Kirienko.
Alexandre Adler. Victoria Amelina. L'effondrement du pouvoir de Poutine. Mort d'Evgueni Prigojine.
Hélène Carrère d'Encausse.
Sylvain Rakotoarison (17 mars 2024)
http://www.rakotoarison.eu
Ukraine, un an après : "Chaque jour de guerre est le choix de Poutine".
L'Ukraine à l'Europe : donnez-nous des ailes !
Pour aller plus loin :
Poutine et le Sacre du Printemps.
Emmanuel Macron très gaullien à la télévision pour expliquer la gravité de la situation en Ukraine.Kherson libéré, mais menace nucléaire ?
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