[En bref] Iris et les hommes de Caroline Vignal

Par Mespetitesvues

L'histoire officielle: Iris répond " Pas ", à l'ostéopathe quand il lui demande comment ça se passe avec son mari. Cet aveu échappe à Iris, il la surprend elle-même, il la bouleverse, comme une brutale prise de conscience: depuis combien de temps n'a-t-elle pas fait l'amour? Pourtant, tout va bien: Iris a un mari qui semble n'avoir aucun défaut, deux filles formidables, un cabinet dentaire où les patients se succèdent sans temps mort, un bel appartement dans un quartier qu'elle adore, des amis qui lui ressemblent... Et bientôt 50 ans. C'est une inconnue qui lui souffle l'idée : " Prenez un amant ". Iris ouvrira la boîte de Pandore et aussitôt, les hommes surgiront - comme s'il en pleuvait.

En salle au Québec: le 29 mars 2024

Il y a trois ans, la réalisatrice Caroline Vignal et son actrice Laure Calamy avaient connu le succès avec l'agréable Antoinette dans les Cévennes. Elles refont surface pour Iris et les hommes, avec la ferme intention de nous surprendre à nouveau. Cette fois, c'est beaucoup (beaucoup) moins convaincant. D'abord parce qu'à aucun moment, le film ne parvient à atteindre les objectifs qu'il s'est fixé, c'est à dire d'explorer " les frontières du désir et de la liberté sexuelle tout en questionnant les normes sociales " ou encore d'offrir " une vision positive et optimiste des relations amoureuses modernes ". Tout ça, c'est du bla-bla.

En lieu et place, Iris et les hommes ne livre qu'une farce mollassonne, aussi inoffensive que prude, aussi improbable que ridicule. Et je pèse mes mots. La prémisse tenant sur un timbre poste, le scénario s'essouffle après la première demi-heure. En l'absence de matière visuelle (on est pour la plupart du temps plongé dans une esthétique de téléfilm familial), c'est dans les interactions entre les personnages qu'il fallait aller puiser l'intérêt. Or, ni les méandres d'une relation de couple qui se distend, ni les rencontres avec les amants de passages, n'offrent la planche de salut tant espérée.

Les dialogues sont d'une rare platitude (" avant, je me sentais invisible, maintenant, je me sens bien "), les situations gênantes s'enchaînent (le repas familial), et le chapelet de clichés ne cesse de s'allonger (le macho de banlieue, la scène chantée sur une pauvre reprise de " It's Raining Men ", l'employée un peu nunuche). Sans parler des gags éculés (les prénoms que l'on ne retient pas), du manque de crédibilité généralisé et de la switch émotionnelle mise à off dès le départ.

Jamais subversif, Iris et les hommes déçoit tout autant par son propos presque réactionnaire (l'attitude d'Iris face au discours sur le consentement de sa grande fille) ou, pire, son dénouement bienséant, aussi prévisible que convenu, dans lequel le petit univers d'Iris finit par retrouver la sérénité d'antan.

En somme, l'émancipation de cette dentiste quarantenaire en mal de mâles ne dépasse jamais le stade de la comédie frustrante, car totalement incapable de fournir une vision décalée ou un tant soit peu signifiante des relations amoureuses à l'ère des réseaux sociaux.