Refaire 2019

Publié le 09 avril 2024 par Alexcessif






Résumé: aux portes d'une nouvelle décennie remonter la pendule cinq ans en arrière. Cette nuit là,  changement d'heure, à 2 du mat' 1 heure égalait 5 piges, il était 2019 

La batterie était moribonde, Boris éteignit le smartphone qui le reliait encore à Simone.

Il venait de montrer à sa "chair" et tendre l'état de délabrement où il se trouvait. Il avait faim, froid, l'âme en marmelade. Nul autre que lui n'en était responsable. Il ne comprenait rien à ce qui le poussait à de telles extrémités, sinon l'oukase "payer de sa personne" et appliquer la maxime vengeresse "quand tu aimes il faut partir".

Mais il n'en avait pas encore fini avec la punition. Les quelques heures de bien-être passées au chaud dans des conditions affectives normales devaient être chèrement acquises. Pas de pitié pour les fauteurs! Sa religion lui commandait d'en baver encore, prenant des risques sur un chemin autrefois amicalement verdoyant, devenu roulant et mortifère, qui le mettait en danger. Son Q surtout lui en faisait voir, rendu douloureux par la selle dure et étroite qui n'avait pas eu encore le temps de devenir tendre comme une amie qui vous veut du bien. Le temps adoucit les cuirs (et les caractères) les plus réfractaires, les faisant doux et presque humains, mais faut pas avoir en permanence l'œil sur la montre et envie d'arriver avant d'être partis.

Boris était au pied du mur. Mais bof bof, sa motivation avait pris la tangente. Délavé par la pluie, la selle dure, la fatigue de la nuit et toutes ces contraintes (inutiles lui disait cette impossible Simone ), le tableau enchanteur qui l'avait poussé vers le jardin des délices potentiels prenait des couleurs improbables..

Le Mont, le foutu Mont loin des yeux loin du cœur, le trajet décevant, et lui qui n'était plus qu'un embrouillamini de douleurs .

L'évidence lui fondit dessus alors qu'il s'approchait d'une gare. Il y vit un signe de connivence..." Paris, prends moi dans tes bras" lui souffla le train, alors la vie te semblera plus faci-i-ile"

Il succomba, reconnaissant, enterrant d'un coup bien ajusté, sans difficulté ni remords, cette aventure si mal ficelée dont le but avait été atteint avant même qu'il ait pris la route. C'était il y a 5 ans, quand il était (déjà) parti dire bonjour au Mont Saint Michel, symbole de la connivence Dieu/Satan des deux influenceurs Instagram. Cinq années de mieux et le match était figé à 1 partout. Égalité. Nul!

Toutes choses étaient accomplies. Et " bis repetita non placent".

Alors à quoi bon remettre ses pas dans ceux d'avant? C'était dit écrit vécu. Je repars à zéro comme chantait Edith et à bas les pélerinages .

Toute honte bue, Boris hissa son vélo tout neuf tout beau dans le train qui les ramènerait tous les deux at home.

Il suffirait de mettre Pégase sur le Bon Coin qui accueille avec indulgence les rêves foudroyés

Le kayak lui aussi un jour à qui il allait régler son compte... mais ce n'était pas l'heure encore car chaque chose en son temps dit la sagesse.

Les artefacts effacés, la vie redevenait vivable.

Le plus beau des vélos c'est celui qu'on a dans la tête.

Sergí/Boris se réveilla en sursaut..

Mais où allait-il chercher tout ça?

Demain il avait rendez-vous avec un pote pour aller pédaler "au bois".

Le rêve et la vie se mêlaient couple amoureux, il suffisait d'enjamber le ruisseau le rêve serait toujours là, il était partout .   

Sergí se rendormit.

Tout simplement.

Fin de l'histoire .

Simone 

" Mouille-toi la nuque elle est froide" Alençon 2024