Synopsis officiel: Rosalie est une jeune femme dans la France de 1870 mais ce n'est pas une jeune femme comme les autres, elle cache un secret : depuis sa naissance, son visage et son corps sont recouverts de poils. Elle est ce qu'on appelle une femme à barbe mais n'a jamais voulu devenir un vulgaire phénomène de foire. De peur d'être rejetée, elle a toujours été obligée de se raser. Jusqu'au jour où Abel, un tenancier de café acculé par les dettes, l'épouse pour sa dot sans savoir son secret. Mais Rosalie veut être regardée comme une femme, malgré sa différence, qu'elle ne veut plus cacher. Abel sera-t-il capable de l'aimer quand il découvrira la vérité ?
En salle au Québec le 26 avril 2024 ( Horaires)
Stéphanie Di Giusto s'est inspirée de la vie de Clémentine Delait (1865-1939), véritable femme à barbe qui connut son heure de gloire au début du XXe siècle, pour écrire le scénario de Rosalie, son deuxième long métrage après le remarqué La danseuse, sorti en 2016. Elle donne la vedette à Nadia Tereszkiewicz, qui tenait du reste un petit rôle dans le précité. La présence de celle que l'on a découvert au Québec dans Babysitter de Monia Chokri est à mes yeux le seul véritable intérêt du film. Sa prestation, tour à tour puissante et évanescente, lui ayant d'ailleurs valu le Valois de la meilleure actrice au Festival du film francophone d'Angoulême en 2023.
Toutefois, et bien qu'efficacement secondée par un Benoît Magimel tout en intériorité, l'actrice ne peut à elle seule racheter les failles profondes de ce faux biopic empesé. Regard sur l'acceptation de la différence, Rosalie fait de l'émancipation de sa fervente protagoniste un exemple du courage et de la détermination dont ont dû faire preuve les femmes de cette époque, et par extension tous les êtres hors normes, dans des campagnes reculées marquées par la bigoterie.
Di Giusto tente de montrer le poids que pouvait avoir cette ignorance et la difficulté d'en réchapper, mais elle le fait avec une telle insistance (seconds rôles stéréotypés, passages dramatiques attendus, dialogues didactiques) que l'on finit par se désintéresser du propos. Qui, du reste, n'approfondit pas suffisamment les motivations de la protagoniste, visiblement ravie de montrer son corps poilu et d'accepter d'en faire un objet de commerce, un slogan marketing destiné à promouvoir le modeste troquet de son mari.
À l'heure des selfies, de l'internet et de Tik-Tok, faire commerce de son image est un sujet plus que jamais pertinent - et moins convenu que le message de tolérance véhiculé tout le long du film - qui aurait mérité qu'on s'y attarde. Restant très en surface des choses, le scénario de Rosalie, au contraire, l'évite soigneusement. Resteront donc en mémoire la belle histoire d'amour vécue par cette femme sensible et son mari rustaud, mais finalement très attaché, ainsi qu'une peinture de milieu efficace dotée d'effets visuels réussis.
Générique: Drame historique, France-Belgique, 2023, 1h52 - Réalisation: Stéphanie Di Giusto - Scénario, adaptation et dialogues: Stéphanie Di Giusto, Sandrine Le Coustumer et Alexandra Echkenazi - Production: Alain Attal - Avec: Nadia Tereszkiewicz, Benoît Magimel, Benjamin Biolay, Guillaume Gouix, Gustave Kervern, Juliette Armanet