847- Ou - ouli - oulipo... UNE VOLÉE D'INCIPIT....

Publié le 07 juin 2024 par Ahmed Hanifi

 

INCIPIT 1, vendredi 7 juin 2024


J’ai voulu m’extraire de l’étouffoir quotidien médiatico-politique travestisseur de l’Histoire, des faits. Un étouffoir qui clôt les rêves, les espoirs. Au printemps, cela est insupportable. Comme en été, en automne et en hiver et toute l'année, toutes les années. Bref, j’ai eu envie de fraîcheur, d’évasion, d’histoires fictives ou réelles qui ouvrent les rêves, les parcours, les offrent au lecteur.


Alors il m’est venue cette idée de vous proposer des petites lectures quotidiennes. Pas plus d’une vingtaine, trentaine de lignes chaque jour, mais toujours l’incipit avec une exergue (éventuellement) et les 1° et 4° de couverture. Mais que vous proposer ? Il y a tant à écrire, le choix est grand, très grand, et je ne peux vider ma bibliothèque sur mon mur FB. Voilà pourquoi j’use des ruses de l’Oulipo. 
Voici la règle.
1_ Concernant le premier jour (aujourd’hui vendredi 7 juin 2024) : je pointe un doigt en direction de la partie de ma bibliothèque où sont rangés les livres qui traitent du Maghreb, du monde arabe, africain, ou dont les auteurs sont originaires de ces contrées. 
2_ Dans cette partie, je compte 13 (7 juin = 7+6 = 13). Le 13° livre tiré ainsi est : « histoire de ma vie » de Fadhma aïth mansour amrouche (ed Bouchène, Alger 1990) avec préface de Vincent Monteil et Kateb Yacine.
3- demain samedi 8 je proposerai le 14° livre (8 juin = 8+6 = 14) qui se présente à la suite de du précédent et en comptant à partir de celui-ci.
4- le dimanche, le 15° à partir de celui de samedi.
Etcetera. 
Jusqu’à ? Je verrai… La direction du comptage de livre à livre (ex du 3° au 4°, puis du 4° au 5°…) se fera au hasard.
Voyez la photo. Il s’agit de ma tanière, de mon antre, de mon bureau. Oui, de ma planque.
PS : Maintenant vous avez une idée de l’Oulipisme ! (parmi les noms célèbres : Georges Perec, Raymond Queneau, Hervé Le Tellier, Michèle Audin…) Personnellement cela me passionne depuis une trentaine d’années. J’utilise très souvent ces auteurs et d'autres de la même 'lignée' de la même fibre, dans l’élaboration de mes ateliers d’écriture créative (et dans mes romans)…. depuis…. depuis…. Je n’ai pas trouvé en Algérie un auteur qui se revendique, qui écrit en usant des « stratagèmes » Oulipiens. Il est vrai que je n’ai pas tout lu.
Allez, commençons. Voici l’incipit de « histoire de ma vie » de Fadhma aïth mansour amrouche, cité plus haut, (titre numéro 1) hors les préface évidemment et l’introduction.


« Ma mère était originaire de Taourirth-Moussa-ou-Amar, à quelques kilomètres de Tizi-Hibel, mon village. Elle était issue d’une très bonne famille, les Aïth Lârbi-ou-Saïd. Très jeune, elle fut mariée à un homme bien plus âgé, presque un vieillard ; il avait une fille plus âgée que ma mère.
Ma mère ne s'est jamais plainte de cet homme qui l’aimait à sa façon. Elle lui donna deux fils, mes frères Mohand et Lâmara. Cet homme avait un frère beaucoup plus jeune qui n’avait pas d’enfants. Celui-ci voulut établir un acte par lequel il léguait ses biens à sa femme. Avant qu'il ne l’eût fait, son aîné lui tendit une embuscade et le lendemain on trouva le cadet mort, adossé à une meule de paille, dans un endroit écarté, en dehors du village, appelé « Sebala », où tous les villageois dressent leurs meules. On ne découvrit pas son meurtrier et l’on classa l’affaire.
Ma mère me raconta que dès ce jour son mari fut maudit. Il fut atteint d’une maladie terrible : tout son corps fut couvert de cloques qui se remplissaient d’eau, et cette eau jaune coulait le long de ses jambes : ‘‘L’année de sa mort, disait ma mère, il y eut une récolte miraculeuse. De mémoire d’homme on n’avait vu les figuiers si chargés de fruits, les treilles de grappes, ni les épis si beaux.’’ »

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