J’ai lu ce roman dans le cadre de mon cercle de lecture. Je ne connaissais pas Christian Oster mais j’étais curieuse de découvrir un nouvel auteur des éditions de Minuit, qui ont une ligne éditoriale bien reconnaissable.
Note pratique sur le livre
Editeur : Minuit
Première année de publication : 1999
Prix Médicis en 1999
Nombre de pages : 256
Note biographique sur l’auteur
Christian Oster est né en 1949. Prix Médicis 1999 pour Mon grand appartement. Il a également publié des romans policiers et de nombreux livres pour enfants (une trentaine de titres à L’École des loisirs).
(Source : site des Editions de Minuit)
Présentation de l’éditeur
Je ne retrouvais plus mes clés. Et Anne n’était pas rentrée. J’ai donc dormi à l’hôtel. Pas de message sur mon répondeur, hormis celui de Marge qui me donnait rendez-vous à la piscine. C’est là que j’ai rencontré Flore. Elle attendait un enfant. Ça tombait bien : moi aussi.
Mon Avis
Le héros de ce roman, Luc Gavarine, est un homme assez névrosé, un peu lunaire et maladroit qui pourrait nous rappeler les personnages joués par Pierre Richard dans les films des années 70-80, avec des notes humoristiques similaires. Il a aussi des côtés obsessionnels et maniaques, comme le prouvent certaines idées fixes sur sa serviette (vide) ou sur d’autres objets (ses chaussettes à la piscine). Tantôt ça peut amuser le lecteur tantôt ça peut agacer. Notre héros est aussi un grand amoureux des femmes, il est sujet aux coups de foudre à répétition et s’attache très vite et sans raison apparente à telle ou telle rencontre de hasard.
C’est un roman qui accumule les invraisemblances et on se demande plusieurs fois si c’est voulu par l’auteur, si cela participe de son esthétique particulière, qui ne colle pas vraiment à la réalité sans tomber pour autant dans l’irrationnalité complète – un sentiment de décalage, de légère incongruité, de flottement.
La plus belle scène du roman est celle de l’accouchement, qui recèle une délicatesse et presque une forme de poésie, et le fait qu’elle soit racontée par un homme est touchant.
Jusqu’à la scène de l’accouchement à peu près, le style se caractérise par des phrases longues, hachées par de nombreuses virgules. Dans la deuxième moitié du livre, au contraire, le style est basé sur des phrases courtes, voire très courtes. Souvent, la phrase (ou le paragraphe) part de brèves affirmations suivies de nombreuses restrictions, corrections, réajustements, comme si le héros ne cessait de tergiverser autour de ses pensées, de dessiner des cycles avec ses réflexions, jusqu’à trouver la formule courte qui sonne bien. Cette façon d’écrire m’a paru trop systématique, avec un côté mécanique dont le lecteur voudrait parfois s’échapper.
Dans ce livre, les personnages n’ont pas l’air de connaître les soucis matériels, financiers ou simplement pratiques : bien que le héros ait perdu son emploi il peut se permettre de vivre à l’hôtel tout en possédant par ailleurs un grand appartement où il ne met jamais les pieds et sur lequel il semble avoir définitivement tiré un trait.
Un livre à la tonalité aigre-douce, au style très représentatif des éditions de Minuit, assez agréable mais qui, pour autant, ne m’a pas totalement enthousiasmée !
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Un Extrait pages 110-111
(…) Ayant menti si clairement, ou du moins évité si clairement le sujet, je dus prendre sur moi d’en aborder un autre, et, tandis que j’en cherchais un, Flore, qui ne semblait pas choquée à l’excès de mon évitement, me reparla de la piscine, en des termes qui suggéraient, me sembla-t-il, que nous pourrions nous y revoir.
Je fus, moi, choqué de sa proposition. En effet, la piscine, nous en venions, elle était loin de moi, du moins, et je pensai qu’elle était loin de nous, derrière, puisque Flore et moi allions de l’avant, désormais, là où il n’y aurait jamais plus de piscine, ni de Marge, ni d’Anne Lebedel pour me jeter dans les bras des femmes qui hantent les piscines, et de surcroît, outre que je ne tenais pas à retrouver Marge, je n’aime pas trop les piscines, en vérité, j’étais même content d’y avoir rencontré Flore, comme ça, c’était fait, je n’avais plus à m’embêter avec ces histoires, et voilà que Flore, me semblait-il, comme s’il ne s’était pas déjà passé quelque chose, entre nous, quelque chose d’irréversible, me proposait de revenir en arrière dans les jours à venir.
Non, dis-je donc. Je ne fréquente pas cette piscine. Je n’en fréquente aucune. Je n’aime pas tellement les piscines. Mais, je ne sais pas si c’est possible, j’aimerais vous aimer, vous, d’ailleurs c’est fait, dis-je, j’aime déjà vous aimer, mais, ajoutai-je afin d’être bien compris, je n’aime pas tant que ça les piscines. Ni le passé d’une façon générale, ajoutai-je encore, mais je me dis que ça n’était pas bien clair, comme remarque, dans le contexte. Puis je me tus parce que je me souvenais de ce que je venais de dire. Tu es complètement fou, me dis-je, ou plus justement tu manques de la plus élémentaire prudence, c’est sûrement que tu as envie de faire l’imbécile. (…)