Elliott

Publié le 25 août 2024 par Alexcessif

 Ce n’est pas la mort d’un homme ni sa carrière, sa beauté et son talent qui comptent et qu’importe mon avis. En revanche, là où ça coince, c’est sur sa conception de l’amour des humains autant que des animaux. Bien sûr cette dernière volonté affichée ci dessous ne sera heureusement pas exécutée mais l’intention est assez signifiante. Savoir se faire aimer des animaux ne prouve qu’un échec relationnel avec le proche entourage, c’est tout le contraire de la valeur intime et profonde d’un humain quel qu’il soit. Le Delon que l’on enterre aujourd’hui  n’est pas celui de la déclaration de 2018. Je le souhaite vivement

« Très proche de son fidèle compagnon, Alain Delon, qui a vécu avec 50 chiens tout au long de sa vie, avait envisagé toutes les éventualités. "S’il devait mourir avant moi, ce que j’espère, je n’en prendrais pas d’autre", avait-il confié dans une interview à Paris Match en janvier 2018, avant d'ajouter : "Si je meurs avant lui, je demanderai au vétérinaire qu’on parte ensemble. Il le piquera afin qu’il meure dans mes bras. Je préfère ça plutôt que savoir qu’il se laissera mourir sur ma tombe avec tant de souffrances". »


Pour en revenir à mon pote Elliott sur la photo ci-dessus c’est son intelligence que je salue. Bien sûr c’est pas demain que nôtre chatte jouera du piano et qu’un clèbard sera prix Nobel mais que font les hommes de leur  »intelligence » si ce n’est s’en servir pour exploiter ou tuer leurs semblables quitte à sacrifier la planète?

Elliott, ainsi que notre chatte, sont des êtres supérieurs à n’en pas douter. Son intelligence est calibrée pile poil sur son instinct de conservation et employée à  trouver du premier coup la bonne alliance humaine afin de s’assurer le gite et le couvert sans y perdre sa dignité. Quand je voulais frimer en me faisant tracter en Roller il me jetait un regard plein de fierté qui signifiait « chuis pas un chien de cirque, putain de capitaliste, si tu veux avancer fais le avec ta sueur, gros! » (il était un peu cash et savait utiliser toutes les subtilités de la langue humaine)  En revanche quand il s’agissait de me frayer un chemin dans la foule il me tractait et ouvrait la trace comme Moïse la mer rouge. Nous l’amenions partout et quand un hotel refusait sa présence, nous changions de destination. Sans laisse, les ordres étaient inutiles: il n’obéissait pas, il comprenait! A VTT dans les bois il me précédait. Il anticipait mes changements de direction sans erreurs ni indications juste en observant ma position sur le vélo.


Un putain de sens de l’orientation, aussi. Ce jour là en Espagne nous descendions du Ralòn dans le désert des Bardenas et nous allions prendre le mauvais embranchement quand il s’est retourné — il avait perçu mystérieusement notre hésitation — et nous a remis sur le droit chemin. Sans lui, à la tombée de la nuit, vêtus légérement sans eau ni nourriture «  quand t’es dans le désert depuis trop longtemps » comme dit Capdevielle j’ignore encore l’issue qu’aurait  pu prendre cette aventure

Un certain sens de l’humour, aussi: Boulevard Brandenburg sagement sur le trottoir quand un chat déboulait il faisait son boulot de chien pendant qu’el gato faisait son boulot de chat. Il y eut ce jour-là une variante. Le chat cessa de fuir et Elliott stoppa sa course en nous regardant en attente d’info genre » on fait quoi maintenant? » C'était un joueur, pas un tueur!

Conscient de sa sécurité, aussi: si le chat traversait la rue, lui, restait toujours du bon coté du trottoir dédaignant le conseil présidentiel pour trouver du taff

Bref entre l’humanité de Delon — rip — et celle d’Elliott j’ai voté !