Comme un écho aux Lettres sur la sexualité humaine du frère Marie-Victorin et de Marcelle Gauvreau dont je vous parlais très récemment, j'ai écouté la lecture d'une correspondance tout aussi secrète entre le peintre Paul-Émile Borduas et Rachel Laforest, mais oh ! combien plus passionnelle, sous le beau titre d'Aller jusqu'au bout des mots. Ces deux épistoliers présentent plusieurs points communs avec les premiers. Ils sont eux aussi d'une différence d'âge appréciable et sujets à la réprobation sociale, puisque séparés mais non divorcés au début de leur relation. Mais la régularisation de leur situation matrimoniale n'arrangera en rien les affaire. En effet, Rachel décide de se consacrer entièrement à son fils qu'elle élève seule pour le plus grand malheur de Borduas qui ne perdra jamais tout à fait espoir de convaincre Rachel de vivre avec lui. Mises à part quelques rencontres vers le milieu des années 50, l'essentiel de leur relation est épistolaire. Une relation douloureuse et passionnée, portée par la plume sobre de Rachel et par l'éblouissant talent littéraire de Borduas. Les lettres de ce dernier sont saisissantes parce que, comme le fait remarquer le grand essayiste et ami de Rachel, Pierre Vadeboncoeur, Borduas est tout entier dans chacun des mots qu'il écrit.
La lecture des lettres est précédée par celle d'un document autobiographique racontant son lien avec Borduas, que Rachel adresse à Vadeboncoeur.
Sébastien Rajotte prête sa voix au peindre et Rachel Graton, à sa flamme. James Hyndman prête la sienne à Pierre Vadeboncoeur. D'une durée d'environ 3 h 30, cette audition est du pur bonbon !
Sous la direction de François-Marc Gagnon et Gilles Lapointe, Aller jusqu'au bout des mots, sur Ohdio, plateforme numérique de Radio-Canada