J'ai écouté avec autant de plaisir, sinon davantage, les deux derniers opus (en fait les premiers) de la merveilleuse tétralogie de Sylvie Drapeau, soit et .
Le fleuve retrace le drame originel qui créera une cicatrice longue et profonde comme le fleuve sur la vie de chacun des membres de la famille, de la meute, comme aime à dire la narratrice. Celle-ci n'a que 5 ans au moment où le grand frère, Rock, son héros et fraternel tortionnaire, alors âgé de 10 ans, se noie dans le fleuve. Cette parole d'enfant imprime au récit un ton d'une grande fraîcheur et d'une grande poésie. Elle nous montre avec subtilité comment la vie trouve son chemin de part et d'autre de la fracture sans jamais la faire disparaître.
Dans Le ciel, la narratrice a vieilli, elle a 20 ans. Comme les aînées, elle a pris la direction de la ville pour poursuive ses études, faire sa vie, comme on dit. C'est maintenant à la mort de la mère qu'elle est confrontée à cet âge si difficile de la jeune vie adulte alors que, déracinée, elle n'a pas encore d'assises solides. Elle se débat avec le silence de la mère en partie hérité de l'emprise de la religion sur elle, avec l'impossibilité, même de son vivant, de parler de ces questionnements de femme, de son immense besoin et manque d'elle.
Malgré ses errances et ses angoisses, la narratrice arrive toujours à puiser dans le terreau de l'enfance un peu de lumière pour éclairer la route qui reste à faire, pour donner à espérer dans sa quête d'elle-même et du bonheur.
Le fait d'avoir écouté ces romans dans le désordre ne s'est pas avéré un problème pour moi. Mais si j'avais compris qu'ils étaient tous disponibles sur Ohdio, j'aurais procédé de manière chronologique. Peu importe dans quel ordre, écoutez (ou lisez) ces récits profondément émouvants et si bien lus par l'auteur elle-même.
Sylvie Drapeau, , 1 h 31 et , 1 h 51, (publié chez Leméac) écouté sur Ohdio