La Russie provoque, l'Occident est surpris (?)

Publié le 27 août 2008 par Juan

Le président russe, Dmitri Medvedev, a signé mardi 26 août 2008 «les décrets sur la reconnaissance par la Fédération de Russie de l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'indépendance de l'Abkhazie». Il viole ainsi les engagements de la Russie sur l'intégralité territoriale de la Géorgie, issus de l'accord de paix conclu il y a 15 jours, après les interventions de Nicolas Sarkozy puis de l'administration Bush. Sergeï Lavrov, le ministre des Affaire étrangères, a assuré que la Russie n'avait pas l'intention d'annexer par la suite ces deux territoires séparatistes. Certains notent que c'est la "victoire de la ligne dure au Kremlin," qui et de ses partisans, tel l'ambassadeur de la Russie à l'Otan, le nationaliste Dmitri Rogozine, "qui a comparé la situation actuelle aux tensions précédant la Première Guerre mondiale."
M. Medvedev a justifié cette décision:
"Nous n'avons peur de rien, y compris d'une guerre froide. Bien sûr nous ne la voulons pas" (...)
"Dans cette situation, tout dépend de nos partenaires, de la communauté mondiale et de nos partenaires en Occident. Si les Occidentaux veulent conserver de bonnes relations avec la Russie, ils comprendront les raisons de notre décision de reconnaître l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie."
(...)
"La Russie a pleinement rempli ses obligations relevant des six principes du plan dit Sarkozy-Medvedev. Nos forces se sont retirées hors des frontières de Géorgie, exception faite de la zone dite de sécurité. (...) "Notre pays a agi en médiateur et en force de maintien de la paix (…) Les dirigeants géorgiens ont choisi une autre voie. (…) Ils ont méthodiquement préparé la guerre"
La totalité des pays occidentaux ont condamné cette décision. C'est l'échec (provisoire ?) de la stratégie d'apaisement avec la Russie, notamment conduite et défendue, en Europe, par Nicolas Sarkozy. Ce n'est pas davantage le succès pour les partisans de la ligne dure contre la Russie : quelle sera la prochaine étape ? Le soutien occidentale, voire une intervention militaire en Géorgie ?
L'Elysée a publié un communiqué mardi soir, au nom de l'Europe :
"La Présidence du Conseil de l’Union européenne prend note de la décision prise par les autorités russes de reconnaître l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud.

Elle condamne fermement cette décision. Celle-ci est contraire aux principes d’indépendance, de souveraineté et d’intégrité territoriale de la Géorgie, reconnus par la Charte des Nations Unies, l’Acte final de la conférence sur la sécurité et la coopération en Europe et les Résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.
Dans ce contexte, la présidence du Conseil de l’Union rappelle avec force son attachement au principe d’intégrité territoriale de la Géorgie dans ses frontières internationalement reconnues.
Elle appelle de ses vœux une solution politique des conflits en Géorgie. Elle examinera de ce point de vue les conséquences de la décision de la Russie."

Rapports à l'appui, Bernard Kouchner s'est emporté le même jour jusqu'à dénoncer le nettoyage ethnique en cours par la Russie dans la ville de Akhalgori en Géorgie, passée sous contrôle sud-ossète.
"On dit que cette nuit (de mardi à mercredi) les troupes russes vont pousser devant eux --nettoyage ethnique, épuration ethnique--, les populations géorgiennes vers la Georgie pour que ce bout d'Ossétie soit homogène".
"Ce n'est pas acceptable, on ne peut pas tout accepter".
Mardi 26 août, Nicolas Sarkozy a préféré être filmé recevant les athlètes français en direct à l'Elysée plutôt que d'intervenir sur cette crise internationale. La video est visible ici.
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