L'ordre des nations

Publié le 25 août 2008 par Vadmor
Les jeux olympiques sont terminés, et les journaux du monde entier décomptent les médailles. Comme au lendemain d'une bataille, les vainqueurs célébrent leurs héros, les vaincus se taisent, indifférents devant l'issue d'un combat perdu d'avance.
Alors même que la charte officielle ne prévoit pas de classement global par pays au nom des valeurs légendaires de l'olympisme, les belligérants ont les yeux fixés sur le tableau des médailles, symbole de la compétition internationale et de l'ordre parmi les nations.
Depuis la fin des grands empires légitimant un ordre des puissances planétaires respecté par tous, le monde a éclaté en une multitude d'entités plus ou moins reconnues et acceptées (le Comité Internationnal Olympique ne reconnait pas d'ailleurs les mêmes Etats que l'ONU). Les peuples ont dorénavant besoin de repères afin de se situer les uns par rapport aux autres.
L'opinion et les sondages ont de plus en plus de succés, les classements envahissent les discours politiques et les émissions de télévision et instaurent un ordre virtuel, fondé sur des valeurs de plus en plus subjectives, pour satisfaire la "servitude volontaire" des peuples.
La Chine, comme l'Allemagne nazie en 1936, a parfaitement compris ce phénomène et a su créer un événement, se poser comme maître du jeu, et prendre la tête du classement devant un monde ébahi et enthousiaste. Là encore, les bases de ce classement ne sont pas stables: peut être serait il logique de pondérer le nombre de médailles par la population totale des pays? ou par le PIB?
Les modestes places du Brésil et de l'Inde dans ce tableau des médailles reflete -t-elles un nouvel ordre planétaire? C'est peu probable.
Alors arretons de sacraliser des résultats sportifs afin d'ordonner le monde, nous n'en avons pas les moyens et le sport n'a rien à voir la dedans.
Les Jeux Olympiques restent une compétition, dont les résultats ne sont pas des données géopolitiques et ne démontrent rien de l'influence d'une nation sur une autre. Ils établissent un ordre ephémère et, qui plus est, discutable.
"Là où l'homme aperçoit un tout petit peu d'ordre, il en suppose immédiatement beaucoup trop". A croire que Francis Bacon a suivi les journaux télévisés et papiers de ces dernières 48h.