Shrek

Par Rob Gordon
Au commencement était un ogre, vert et puant, vivant paisiblement dans un marais nauséabond. Shrek raconte la rencontre de cet ogre avec une jolie princesse (qui s'avèrera un peu plus tard est l'exacte égale du héros) et un âne bâté visiblement shooté aux amphétamines. À la fois hommage et parodie, Shrek se base en tout cas sur les contes les plus célèbres, souvent mis en images de façon impeccablement classique par les Studios Disney d'après-guerre. Ça donne un film tendre et gentiment drôle, qui rebondit fréquemment sur la case scato pour pouvoir trouver un nouveau souffle, mais qui ne perd jamais le fil de ses intentions.
Plus que par son scénario gentil mais planplan, c'est par la force de ses personnages que Shrek force la sympathie. Autour de Shrek, le plus sérieux de la bande (comme le vieux flic buriné dans la plupart des buddy movies), gravitent donc cet âne d'anthologie, auquel Eddie Murphy confère une énergie et un style inimitables, cette princesse sexy et téméraire, parfait contrepoids à la bonhommie de l'ogre, et quelques personnages secondaires mais essentiels, notamment lord Farquaad, véritable petit Sarkozy, boule de nerfs et de mauvais esprit, prêt à tout pour arriver à ses fins. Se terminant en chansons (la BO est d'ailleurs très recommandable), Shrek est un spectacle à peu près familial et plutôt divertissant, qui n'atteint jamais le niveau des productions Pixar, mais pose des bases solides pour l'avenir des films d'animation Dreamworks.