Le livre du mois d'avril 2008

Publié le 30 avril 2008 par Madelaine
Le livre du mois d'avril 2008 est:
Autopsie d'un procès, de Gérard Lecha, publié en février 1982 aux éditions EST, Samuel Tastet Éditeur et malheureusement indisponible autrement que d'occasion.
Si le viol est puni sévèrement par la loi et ce depuis au moins le XIXème siècle, les plaintes ne sont pas légions par rapport aux victimes constatées, les procédures n’aboutissent pas ou très peu et les procès sont toujours long et douloureux pour la victime.
Nombreuses sont les féministes qui se sont battues pour que le législateur prenne en compte les raisons de ce dysfonctionnement et admette son incapacité à permettre aux victimes d’avoir un procès digne et juste et de punir ces agresseurs à la hauteur du crime commis.
Gérard Lecha, docteur en psychologie sociale et en sociologie, est l’une de ces féministes. Dans Autopsie d’un Procès, il nous raconte l’effroyable histoire du viol de Marie-André Marion.
Le 30 décembre 1978, Marie-André, après s’être disputé avec l’infirmier de garde de l’hôpital psychiatrique de Villejuif (94) où elle était volontairement internée suite à une dépression, s’en va sur un coup de tête. Elle déambule dans la rue jusqu’à trouver un café ouvert où elle va se réfugier. Elle va mal, cela se voit et trois habitués du café entament la conversation avec elle, lui payent à boire et la réconfortent. Elle leur raconte son histoire (elle est seule, sans famille, dépressive et vient de « fuguer » de l’hôpital). Ils sont gentils, Marie-André décide de rentrer à l’hôpital et c’est tout naturellement que les trois amis, mariés, père de famille lui proposent de la raccompagner en voiture.
Bien sur ils ne la raccompagnent pas, ils l’avaient déjà décider entre eux, cette fille va y passer. Le déroulement de l’histoire je ne la raconterai pas en détail, ils vont l’emmener dans un endroit isolé, l’obliger à se déshabiller, la violer à tour de rôle et la frapper violement avant de se séparer et de laisser à l’un d’entre eux la charge la ramener où bon il lui semblera. Marie-André arrive à s’enfuir et à retourner à l’hôpital de Villejuif.
Elle veut porter plainte tout de suite, on la décourage, elle veut voir une médecin de garde, celle ci arrive mais ne lui fait pas d’examen complet. Elle arrive quand même à porter plainte, la police la croit, enquête, retrouve ses agresseurs assez vite.
Les agresseurs s’indignent, non ils ne l’ont jamais violé! C’est elle qui prise d’une crise d’hystérie, s’est mise à se cogner toute seule, d’ailleurs elle criait « Je suis lesbienne baiser moi! ». N’est elle pas internée dans un hôpital psychiatrique? Marie-André est homosexuelle, c’est vrai, elle ne le nie pas. Ils l’ont jeté dehors, c’est eux qui ont eu peur de son comportement violent. D’ailleurs, eux ils ont un travail, des épouses, des enfants, elle est une comédienne au chômage. Elle n’a pas fait d’examen, aucune trace de sperme a été retrouvée. C’est se parole contre la nôtre.
Le 23 septembre 1982, la Cour d’Assises de Créteil, les neuf jurés dont cinq femmes, acquittent les trois violeurs qui s’en vont libre de recommencer.