AvecJohn Lennon,Paul McCartneyetGeorge Harrisonen invités, le troisième album deRingo Starra été salué comme « le premier à invoquer véritablement l’aura desBeatles».
Avec son troisième album solo intituléRingo, l’ancien batteur desBeatlesa enfin lancé sa carrière en solo, prouvant qu’il avait bien plus à offrir que ses deux premiers albums excentriques,Sentimental JourneyetBeaucoup Of Blues, tous deux sortis en 1970. Publié trois ans plus tard, le 2 novembre 1973 aux États-Unis et le 23 novembre au Royaume-Uni,Ringoest un disque bien plus abouti, réalisé avec un budget conséquent et une incroyable distribution de musiciens.
Une réunion des Beatles… ou presque
Dans sa critique de l’album, le magazineRolling Stonedéclarait : « Cet album deRingo Starrest le premier à réellement invoquer l’aura desBeatles». En effet,John Lennon,George HarrisonetPaul McCartneyy ont tous contribué en tant qu’auteurs-compositeurs, chanteurs et instrumentistes au cours de sessions d’enregistrement qui ont débuté en mars 1973 pour s’achever plus tard durant l’été.
Ainsi,Ringoest le seul album solo d’un Beatle à réunir les quatre de Liverpool. Toutefois, ils n’apparaissent jamais tous ensemble sur une même chanson.Harrisonjoue de la guitare sur « I’m The Greatest », une composition deLennonavec ce dernier au piano et aux chœurs, un morceau qu’il a réécrit spécialement pourRingoet qui ouvre l’album.Harrisonapparaît également sur « Sunshine Life For Me », « Photograph » et « You And Me (Babe) ». Il a écrit « Sunshine » et co-écrit les deux autres.
En juin 1973,Starrs’envole pour Londres, oùPaul McCartneyet sa femme Linda rejoignent les sessions pour interpréter « Six O’clock », une chanson deMcCartneyécrite spécialement pour l’album. Avec sa structure impeccable et sa grâce lyrique, c’est l’un des morceaux les plus marquants du disque.McCartneyparticipe également à la reprise deYou’re Sixteen(composé par les frères Sherman), un succès de 1960 de Johnny Burnette, qui devient le plus grand single de l’album. Nicky Hopkins, un musicien de session qui jouait régulièrement avec les Rolling Stones, apporte un accompagnement piano enjoué, etMcCartneyajoute même un solo de kazoo. Starr a réussi à convaincrePaulde participer au projet en plaisantant : « Tu ne veux pas être le seul à ne pas en faire partie, non ? »
Mais ce ne sont pas seulement les invités qui font le succès deRingo:Starrrenforce aussi son propre répertoire en coécrivant deux singles du Top 10, dont le numéro 1 « Photograph » et « Oh My My », qui bénéficie des chœurs de la star de la Motown, Martha Reeves. « Devil Woman », coécrite avec Vini Poncia, est tout aussi solide que les titres phares. Bien que la tessiture vocale de Starr ne soit pas très étendue, il chante avec un enthousiasme communicatif et sa voix véhicule une certaine émotion.
Un des moments forts deRingoest sa reprise de la chanson de Randy Newman, « Have You Seen My Baby ». La version de Starr est pleine d’énergie, avec un jeu de guitare boogie envoûtant de Marc Bolan, leader de T. Rex, et un piano honky-tonk du légendaire James Booker de la Nouvelle-Orléans. Bien que l’album ait été enregistré aux studios Sunset Sound à Los Angeles, la guitare de Bolan a été ajoutée en overdub aux studios A&M.
Ringoest sans conteste le meilleur album de studio deStarr, marquant à la fois son retour en force et son apogée commerciale ; il est arrivé deuxième au classement Billboard en novembre 1973, seulement devancé parGoodbye Yellow Brick Roadd’Elton John. L’album original de dix titres de 1973 a été réédité en 1991 avec trois morceaux bonus, dont « Early 1970 », une chanson dans laquelle Starr livre un aperçu intéressant de la séparation desBeatles.
Ringoa été produit par Richard Perry, qui avait travaillé avec Harry Nilsson, un ami deLennon. Starr raconte : « On s’est rencontré lors d’une session pour un album d’Harry. J’étais là pour jouer et avec Richard, on s’est lancé le défi de faire quelque chose ensemble. On a fini dans un club et en partant, on s’est promis de se revoir. » Perry était un excellent choix comme producteur, et Nilsson a d’ailleurs participé en chantant les chœurs sur « You’re Sixteen ».
Parmi les autres musiciens invités de renom, on trouve Jimmy Calvert (guitare sur cinq morceaux), Steve Cropper (guitare), Billy Preston (piano), Jim Keltner (batterie), Milt Holland (percussions), et Garth Hudson de The Band (accordéon), Robbie Robertson et Levon Helm (mandoline).
La pochette de l’album
La pochette a été créée par Tim Bruckner, alors apprenti bijoutier à Beverly Hills. Après avoir rencontré Perry, il proposa de réaliser des pochettes d’album en freelance. Bruckner fut envoyé à Londres pour présenter ses idées à Starr et fut embauché. En 2015, l’artiste a confié à Beatlesbible.com : « Il y a 26 portraits sur le balcon. Les autres sont des personnages que j’ai inventés. Le chérubin aux côtés de Ringo est venu plus tard, après être rentré chez moi. En ayant passé du temps avec lui, j’ai compris à quel point l’humour était essentiel pour lui et son entourage. Le chérubin m’a paru un prolongement naturel de sa personnalité, drôle et un peu espiègle. »
La devise latine en haut de la pochette – « Duit on mon dei » (« Do it on Monday ») – était une idée de Nilsson. « Harry voulait en faire une parodie de devise latine. Je pense que si elle figure sur la pochette, c’est parce que cela les amusait et qu’ils m’ont demandé de l’inclure », a ajouté Bruckner.
Ringorassemble un casting étoilé, se montre léger, imprévisible et divertissant, et prouve queStarra du talent à revendre en tant que musicien, même en dehors desBeatles.