Ringo Starr s’exprime sur l’IA et les Beatles : l’histoire derrière « Now and Then »

Publié le 17 décembre 2024 par John Lenmac @yellowsubnet

La sortie de « Now and Then » en 2023 a provoqué une onde de choc auprès des fans des Beatles et de l’industrie musicale. Cette chanson posthume, finalisée grâce à l’intelligence artificielle, a été saluée comme un tour de force technique et artistique, permettant à la voix de John Lennon de résonner à nouveau, près de quarante ans après sa disparition. Pourtant, si ce succès offre une fin de chapitre émouvante à la carrière du plus grand groupe de tous les temps, il suscite aussi des interrogations sur l’impact de l’IA dans la création musicale. Au premier rang des artistes concernés figure le batteur des Beatles, Ringo Starr, qui s’est récemment exprimé sur le sujet.

Sommaire

  • Un dernier chapitre pour les Beatles
  • L’intelligence artificielle, entre fascination et inquiétude
  • Un débat global sur l’avenir de la création artistique
  • Un équilibre à trouver entre héritage et modernité
  • Cet article répond aux questions suivantes :

Un dernier chapitre pour les Beatles

« Now and Then » est la dernière chanson officielle des Beatles, fruit d’un travail étalé sur plus de cinq décennies. Composée à l’origine par John Lennon et enregistrée sous forme de démo rudimentaire, elle fut confiée par Yoko Ono aux membres survivants, suivant le souhait de Lennon. Dans les années 90, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr avaient déjà tenté de compléter ce morceau, en même temps que « Free As A Bird » et « Real Love ». Mais le matériel trop rudimentaire, la qualité sonore insuffisante et la lassitude de Harrison ont mis un terme à l’entreprise. Il aura fallu attendre près de trente ans et des progrès technologiques considérables pour que « Now and Then » soit enfin portée à son achèvement.

La clé du miracle réside dans un système d’IA appelé MAL, mis au point par l’équipe du réalisateur Peter Jackson lors de la production du documentaire « Get Back ». Cet outil a permis d’extraire la voix de Lennon d’une simple cassette et de la nettoyer au point de la rendre presque actuelle, comme si John se trouvait en studio avec ses camarades. Paul McCartney, Ringo Starr et divers contributeurs ont pu ainsi réaliser un véritable tour de force, transformant une démo bancale en un enregistrement abouti, acclamé par le public et la critique. Les efforts se sont avérés payants : « Now and Then » est nommée aux Grammys dans la prestigieuse catégorie « Record of the Year » et pour « Best Rock Performance ». Starr, tout comme McCartney, y voit la reconnaissance ultime d’un dernier chant du cygne, une clôture émouvante d’un héritage musical hors du commun.

L’intelligence artificielle, entre fascination et inquiétude

Mais derrière la prouesse technique, Ringo Starr se montre prudent sur la révolution que représente l’IA. Dans une nouvelle interview accordée à Music Week, le batteur se réjouit du résultat final, considérant que la chanson est bonne et mériterait de remporter un Grammy. Toutefois, il confesse une angoisse face au potentiel de cette technologie. « Nous en avons tous un peu peur », avoue-t-il. « Elle peut vous voler. N’importe qui sait s’en servir peut vous voler. »

Cette déclaration met en lumière la dualité de l’IA dans la musique. D’un côté, elle a permis un véritable petit miracle : ressusciter la voix de Lennon et offrir aux fans un morceau intime et émouvant. De l’autre, elle soulève des questions inquiétantes sur la manipulation des voix, le piratage et le plagiat. Starr s’inquiète du fait que, si l’on alimente un ordinateur avec cinq de ses chansons, il pourrait recréer fidèlement sa voix et le faire « chanter n’importe quoi ». Cette perspective, selon lui, est effrayante. Elle ouvre la porte à des scénarios où des artistes pourraient être « synthétisés » sans leur consentement, interprétant des morceaux qu’ils n’ont jamais enregistrés.

Un débat global sur l’avenir de la création artistique

Le cas des Beatles n’est pas isolé. Le débat sur l’IA dépasse largement la seule musique. Lisa Kudrow, l’actrice de « Friends », a récemment critiqué l’utilisation de la technologie permettant de rajeunir les acteurs dans le film « Here » de Tom Hanks, y voyant une forme de validation de l’IA. Les inquiétudes de Starr reflètent une sensibilité grandissante chez les artistes, redoutant que leur image, leur voix, leur style, soient reproduits artificiellement, brouillant la frontière entre authenticité et imitation.

S’il est possible pour un ordinateur d’analyser les tics vocaux, les inflexions, la tessiture, voire le phrasé caractéristique d’un chanteur, alors la singularité de l’art risque de s’éroder, d’être réduite à un algorithme. Les artistes, tout au long de l’histoire, se sont distingués par leur unicité, par cette part indéfinissable d’humanité qui transparaît dans leurs performances. La perspective qu’une machine puisse recréer cela, sans la profondeur émotionnelle ni les intentions de l’artiste, met au défi la notion même de création musicale.

Ringo Starr, en exprimant ses craintes, se fait le porte-parole d’une industrie qui, bien que fascinée par la capacité de l’IA à repousser certaines limites, doit encore tracer les lignes rouges de son utilisation. Si l’on se réjouit de la résurrection éphémère de John Lennon dans « Now and Then », on ne saurait ignorer la question éthique qui se pose : où fixer la frontière entre hommage et manipulation ? Cet exemple illustre que l’IA peut redonner vie à une voix disparue, mais aussi que ce pouvoir doit être manié avec soin et respect.

Un équilibre à trouver entre héritage et modernité

L’histoire des Beatles est avant tout celle d’une innovation constante. Dès leurs débuts, ils ont usé de nouvelles techniques, accueilli avec curiosité les trouvailles de George Martin, expérimenté avec des instruments exotiques, des montages audacieux, des enregistrements à l’envers. L’IA n’est donc qu’une nouvelle étape dans l’exploration technologique liée à la musique. Cependant, dans un monde où la manipulation numérique ne connaît presque plus de limites, la vigilance est de mise. Paul McCartney a récemment déclaré qu’« Now and Then » était réellement la dernière chanson des Beatles, et Ringo Starr, en s’inquiétant de l’IA, ferme la porte à l’idée de multiplier les résurrections artificielles.

Le batteur reconnaît tout de même la vertu de ce procédé : « le côté positif, c’est la manière dont nous l’avons utilisée sur ‘Now And Then’ ». En faisant revivre la voix de Lennon, l’IA a permis de conclure dignement l’histoire du groupe, offrant un dernier hommage, un ultime cadeau aux fans, tout en rappelant, par l’incertitude qu’elle suscite, l’importance de la créativité humaine.

Les Beatles ont toujours su fusionner l’ancien et le nouveau, l’authentique et l’expérimental. La crainte de Ringo à l’égard de l’IA symbolise un malaise collectif face à une technologie qui peut soit ennoblir, soit dénaturer la création artistique. Le choix se trouve entre les mains de l’industrie, des artistes et du public. Pour l’heure, « Now and Then » restera dans les annales non seulement comme un petit exploit technique, mais aussi comme la dernière note sur laquelle le plus grand groupe du XXe siècle a souhaité s’accorder, conscient des enjeux et des dérives potentielles du monde moderne.

Cet article répond aux questions suivantes :

  • Pourquoi Ringo Starr est-il préoccupé par l’intelligence artificielle ?
  • Comment la voix de John Lennon a-t-elle été améliorée pour « Now and Then » ?
  • Quels prix « Now and Then » peut-il remporter aux Grammy Awards 2024 ?
  • Pourquoi les Beatles n’ont-ils pas achevé « Now and Then » en 1995 ?
  • Quelle technologie Peter Jackson a-t-il développée pour aider à finaliser la chanson ?