L'histoire : Michelle (Hélène Vincent) profite d'une retraite paisible dans sa charmante maison bourguignonne. À l'occasion de la Toussaint, sa fille Valérie (Ludivine Sagnier) et son petit-fils Lucas (Garlan Erlos) viennent lui rendre visite. Pour marquer l'événement, Michelle, accompagnée de sa meilleure amie Marie-Claude (Josiane Balasko), part cueillir des champignons en forêt. Mais la rencontre familiale vire au drame : après le repas, Valérie est victime d'une intoxication alimentaire et doit être transportée d'urgence à l'hôpital. Convaincue que cet incident résulte de la sénilité naissante de sa mère, Valérie réagit violemment, ravivant de vieilles rancunes et reproches, notamment liés au passé controversé de Michelle. Attristée et démunie après la rupture avec sa fille, cette dernière sombre dans l'isolement. C'est alors que surgit Vincent (Pierre Lottin), le fils de Marie-Claude, tout juste sorti de prison.
Sortie en salle au Québec: 17 janvier 2024 (Axia Films)
Avec Quand vient l'automne, son 23e long métrage, François Ozon explore une fois encore des sujets psychologiques profonds à travers le prisme du suspense policier. Ce genre, qu'il revisite régulièrement sans jamais le traiter à la légère, lui permet de tisser une intrigue riche en tensions et en subtilités qui s'intéresse au quotidien d'une femme âgée confrontée à la solitude et au poids des jugements de son entourage.
D'abord perçu comme un drame familial poignant, le récit bifurque, au gré de rebondissements inattendus, vers un suspense teinté d'humour noir et d'ironie. Cette transition habile entre les genres confère à l'œuvre ses dimensions captivantes et imprévisibles. Comme son titre le laisse deviner, Quand vient l'automne aborde des thèmes universels : la vieillesse, la sénilité, et la perspective de la fin de vie.
La condition de Michelle, déjà difficile à vivre, se trouve exacerbée par des blessures du passé, toujours vives, qui refont surface à la suite d'un accident aux circonstances ambiguës. Était-il fortuit ou prémédité ? Cette incertitude nourrit les tensions et donne toute sa saveur au scénario. Car, passé l'effet de surprise, l'intrigue s'amuse à brouiller les pistes, tout en recentrant progressivement l'attention du spectateur sur les silences et les mensonges des différents protagonistes.
Malgré une atmosphère souvent sombre, Ozon insuffle des touches de légèreté. Le petit-fils de Michelle, avec son regard empreint d'innocence, incarne une possible réconciliation avec un passé trouble qu'elle regrette sans pour autant le renier. Le film souligne ainsi la difficulté de se détacher des choix faits à contre-courant de ses propres valeurs, des choix qui continuent de hanter le présent.
En explorant l'histoire tourmentée de Michelle et de son amie Marie-Claude, ancienne collègue d'infortune, Ozon met en lumière la solidarité féminine, tissée dans le secret et le non-dit. Il poursuit ainsi sa réflexion sur les dynamiques sociales et familiales façonnées par les zones d'ombre, tout en questionnant la possibilité du pardon et de la rédemption. Dans ses derniers jours, Michelle fait un cadeau inattendu envers Vincent comme pour rappeler que, malgré les erreurs du passé, chacun mérite une seconde chance.
Délicat et exempt de sensationnalisme, Quand vient l'automne se présente comme une fable contemporaine douce-amère, incitant à la réflexion sans jamais verser dans le jugement ou le pathos. Le scénario, primé au Festival international du film de San Sebastián, s'appuie sur les interprétations notables de Josiane Balasko et Hélène Vincent. À leurs côtés, Pierre Lottin, récompensé lui aussi à San Sebastián et attendu prochainement dans En fanfare, livre une performance remarquable.