Safe Harbor (2025) (Saison 1, 8 épisodes) : rififi sur les docks de Rotterdam

Publié le 17 janvier 2025 par Delromainzika @cabreakingnews

Avec Safe Harbor, l'ambition semblait être au rendez-vous. L'idée de plonger dans l'univers tumultueux d'un hacker talentueux pris dans l'engrenage de la mafia irlandaise à Rotterdam avait de quoi intriguer. Malheureusement, après une entrée en matière prometteuse, la série s'effondre sous le poids d'un récit confus et d'une production mal exécutée. Les premiers épisodes de Safe Harbor posent des bases solides. Le spectateur est rapidement captivé par Tobias, un jeune hacker brillant, et Marco, son meilleur ami ambitieux. Leur rêve de gravir les échelons du monde de la tech les mène dans un univers sombre où la cybercriminalité croise les intérêts d'une mafia impitoyable.

La série débute avec une tension palpable, amplifiée par une mise en scène efficace et des dialogues qui laissent espérer un développement riche. Les intrigues se multiplient : des containers mystérieux dans le port de Rotterdam, une sœur et un frère mafieux en désaccord sur leurs méthodes, et des tensions internes au sein des protagonistes. Cette première moitié suscite une réelle curiosité et promet des rebondissements captivants. Mais cette promesse ne dure pas. Dès la seconde moitié de la saison, l'ensemble commence à s'effondrer, comme si la série perdait le fil de son récit. Le principal écueil de Safe Harbor réside dans son écriture.

La série veut trop en faire, accumulant des intrigues secondaires sans parvenir à en approfondir aucune. Chaque épisode introduit de nouveaux éléments narratifs, mais ceux-ci semblent souvent déconnectés ou mal exploités. Un exemple frappant est celui de la relation compliquée entre Tobias et une ex-petite amie devenue investisseuse. Bien que son rôle soit clé dans l'un des épisodes, son introduction se fait de manière maladroite, avec des scènes répétitives où elle n'apporte rien à l'intrigue principale. Ce manque de cohérence se retrouve dans de nombreuses sous-intrigues, comme celle d'un policier et de sa cousine, embarqués dans une relation aussi improbable qu'inutile.

Pire encore, certaines scènes sont tellement abruptes qu'elles laissent le spectateur perplexe. Une séquence où le frère mafieux, sous l'effet de drogues, hallucine une sirène, est suivie de manière inexplicable par une autre où il est secouru d'une noyade, sans aucune explication sur ce qui s'est réellement passé. Ces omissions nuisent gravement à la fluidité du récit et créent une distance émotionnelle.Un autre défaut majeur est l'écriture des dialogues. Ils sonnent souvent artificiels et manquent de naturel, rendant les interactions entre personnages peu crédibles.

Chaque conversation semble conçue pour avancer l'intrigue, sans jamais offrir de véritable profondeur ou humanité. Cela affecte particulièrement certains personnages, comme Tobias. Bien qu'il soit censé être le cœur émotionnel de la série, il reste difficile à comprendre et à apprécier. Son meilleur ami Marco, plus charismatique, apporte un peu de légèreté, mais lui aussi est victime d'un développement inégal. Cependant, certains membres du casting parviennent à tirer leur épingle du jeu. Martijn Lakemeier et Alfie Allen, qui incarnent des amis proches pris dans ce chaos, réussissent à rendre leurs personnages attachants malgré les faiblesses du scénario.

Mention spéciale également à Charlie Murphy, dont le rôle de sœur ambitieuse et calculatrice est l'un des rares aspects mémorables de la série. D'un point de vue technique, Safe Harbor montre un potentiel inexploité. La série bénéficie de moyens visiblement conséquents, avec des cascades impressionnantes et une direction artistique qui tente de refléter l'ambiance industrielle de Rotterdam. Cependant, plusieurs éléments trahissent un manque de soin dans l'exécution. Le choix des costumes, par exemple, est souvent déroutant. Jack Gleeson, connu pour son rôle iconique de Joffrey Baratheon dans Game of Thrones, arbore ici une perruque mal ajustée et une fausse moustache risible, ce qui ruine la crédibilité de son personnage.

Ces maladresses visuelles distraient le spectateur et empêchent une immersion complète. De même, la bande-son, bien que correcte, reste extrêmement générique. Elle accentue les moments de tension sans jamais se démarquer ni ajouter de profondeur à l'univers de la série. L'un des plus grands défauts de Safe Harbor est son incapacité à livrer un récit cohérent et captivant. La série semble hésiter sur son axe principal. Est-elle une exploration du piratage informatique ? Une plongée dans les rivalités criminelles ? Ou une histoire de famille et de loyauté ? À force de vouloir tout raconter, elle finit par ne rien approfondir.

La violence, par exemple, qui marque les premiers épisodes, est rapidement mise de côté pour ne réapparaître que dans le final. Ce retour tardif ne parvient pas à compenser les longueurs et les incohérences qui précèdent. Les enjeux sont mal définis, les conflits souvent résolus de manière expéditive, et les personnages ne suscitent aucune véritable empathie. Même les éléments censés être basés sur des faits réels, comme indiqué dans chaque épisode, manquent de clarté. Qu'est-ce qui est inspiré de la réalité ? Qu'est-ce qui relève de la fiction ? Cette ambiguïté aurait pu être un atout si elle avait été mieux exploitée, mais elle contribue ici à la confusion générale.

Tout n'est pas à jeter dans Safe Harbor. Certains moments parviennent à captiver, notamment grâce à la performance d'acteurs talentueux. Alfie Allen et Charlie Murphy, en particulier, apportent une énergie bienvenue à une série par ailleurs en demi-teinte. Par ailleurs, certaines scènes, bien que rares, laissent entrevoir ce que Safe Harbor aurait pu être. Les séquences se déroulant dans le port de Rotterdam, où le suspense est palpable, montrent que la série avait les moyens de créer une atmosphère oppressante et immersive. Safe Harbor avait toutes les cartes en main pour devenir une série mémorable. Avec un concept original et un casting prometteur, elle aurait pu offrir une plongée palpitante dans le monde du piratage et du crime organisé.

Malheureusement, une écriture confuse, des dialogues artificiels et une exécution bancale en ont fait une expérience frustrante. Pour une première saison, la série peine à convaincre et à établir une base solide pour la suite. Si une deuxième saison venait à voir le jour, elle devra impérativement rectifier le tir en misant sur un récit mieux structuré, des personnages plus attachants et une direction artistique plus cohérente. Pour l'instant, Safe Harbor reste un exemple criant de potentiel gâché.

Note : 4.5/10. En bref, une écriture confuse, des dialogues artificiels et une exécution bancale en ont fait une expérience frustrante.

Disponible sur Videoland, accessible via un VPN

Prochainement en France