Le Premier jour du reste de ta vie

Par Va33

Un petit chef d'oeuvre d'intelligence

Le premier jour du reste d'une vie. Comme le jour où une adolescente referme la porte sur son enfance perdue. Celui qui voit le petit dernier quitter le foyer, celui d'un mariage ou du décès d'un parent. Cinq jours décisifs pour cinq membres d'une même famille dite «normale», composée d'un père et d'une mère qui s'aiment (Jacques Gamblin et Zabou Breitman, couple attachant), et de leurs trois enfants (Déborah François, Marc-André Grondin et Pio Marmaï, tous trois excellents) qui s'adorent, se détestent, s'entraident, se caftent et se tapent dessus, c'est selon.
Immergé au sein de leur vie familiale, le réalisateur Rémi Bezançon décortique avec finesse les relations de chacun. Il épluche les liens qui les unissent, scanne leurs sentiments, analyse leur construction personnelle par rapport au groupe, filme leurs engueulades comme leurs fous rires et sublime la fratrie avec une sincérité déconcertante. Le réalisateur de Ma vie en l'air (2004) traque les étapes importantes de leur vie sans jamais tomber dans le pathos, le voyeurisme ou le larmoyant. Quand le film se fait émouvant, c'est en toute simplicité. Le Premier jour de ta vie respire la sensibilité.
Il y a aussi les acteurs. Zabou, Gamblin, les jeunes Marc-André Grondin et Pio Marmaï, ou encore Déborah François qui confirme, après La Tourneuse de pages de Denis Dercourt (2006), un indéniable talent.
Finement ficelé, le montage épouse avec poésie un scénario abouti, mais dont certains argueront qu'il fleure bon la publicité sur l'assurance maladie (on ne vous en dira pas plus). Et malgré une fin à répétition et le coup de massue administré (entre autres) par la musique de Lou Reed (Perfect Day) sur fond d'images souvenirs, Le Premier jour du reste de ta vie est certainement l'une des plus agréables surprises en provenance du cinéna français depuis quelque temps.