Le souffle du Finistère et de ses fières ouvrières nous touche dans ce témoignage à l'émotion au moins égale à sa sincérité.
Leah Touitou est devenue depuis quelques années - en fait depuis 2018, ses voyages en Afrique et ses débuts aux éditions Jarjille - une autrice sur laquelle on peut, et sur laquelle il faut compter. Elle avait déjà su nous ravir de sa manière bien à elle de raconter des histoires vécues, avec un ton et une poésie empreints d'un féminisme avant tout humaniste. Son dessin rond, doux, illustrant ses histoires avec une certaine tendresse. Puis elle s'est mise à écrire pour d'autres : son amie Anjale, puis Max Lewko, et là, un palier supplémentaire a été franchi. Dans cette évocation juste et émouvante du mouvement ouvrier "révolutionnaire" pour l'époque (1924) de sardinières de Douarnenez, elle s'appuie sur une documentation conséquente (proposée en fin d'ouvrage), et de voyages sur place, pour resituer un épisode important de la lutte pour les droits ouvriers, mais aussi ceux des femmes. Sur un sujet qui aurait pu être casse-gueule ou traité avec trop de naïveté, elle fait preuve d'équilibre et d'une justesse remarquable. Le dessin de son collègue, bien dans la tonalité du sien - ces deux-là se sont bien trouvés - et ses couleurs, douces et toutes en aquarelles, rendent magnifiquement l'ambiance. Cela dans une tonalité ne laissant jamais l'espoir inaccessible. C'est sans doute ce vent de lutte et d'espérance qui nous tire une émotion en fin de volume.
Max et Leah : Graet mat deoc'h !
Le choeur des sardinières, par Leah Touitou et Max LewkoEditions Steinkis (20€) ISBN : 9782368468258