Comment résister à un roman qui débute par une phrase pareille, surtout que j’avais déjà passé un excellent moment de lecture en lisant « Shit ! » de Jacky Schwartzmann ?
Dès les premières pages de « Bastion », le lecteur se retrouve à Lyon, sur les traces de Jean-Marc Balzan, un ancien commercial qui profite des premiers jours de sa préretraite bien méritée. Sans femme, ni enfants, il compte bien se la couler douce et passer un maximum de temps en compagnie de son meilleur ami depuis la maternelle, Bernard. Mais, lorsqu’il apprend que celui qu’il considère comme son frère fait dorénavant du militantisme dans l’équipe de campagne présidentielle d’Eric Zemmour, il commence à s’inquiéter des fréquentations peu recommandables de son meilleur pote…
Ce roman débute comme une belle histoire d’amitié, tellement inébranlable qu’elle perdure même lorsque l’un des deux amis vire à l’extrême droite (c’est tout dire !), puis, au fil des pages, il plonge le lecteur dans les méandres de l’ultra-droite lyonnaise en compagnie de gros bras skinheads qui se laissent volontiers manipuler par des hommes d’affaires véreux et par des politiciens sans scrupules qui exploitent volontiers leur désarroi, leur désillusion… et leur bêtise.
Quel plaisir de retrouver la plume acide et foncièrement drôle de cet auteur qui propose à nouveau une intrigue burlesque et parfaitement rythmée qui se dévore à tout allure. Un texte débordant d’humour et multipliant les punchlines percutantes qui, malgré son côté loufoque et rocambolesque totalement assumé, ne manque cependant pas de dresser le bilan catastrophique d’une politique française virant à droite, tout en explorant les mécanismes de la radicalisation avec beaucoup de lucidité et de justesse.
Bref, comme dirait Antoine de Caunes : Lisez Schartzmann !!!
Bastion, Jacky Schwartzmann, Seuil, 304 p., 19,90€
Elles/ils en parlent également : Sonia, Stelphique, Sharon, Rose, Jean-Marc