Sébastien Chabal frappé d’amnésie : quand le rugby efface les souvenirs

Publié le 11 avril 2025 par Soph75

Sébastien Chabal révèle souffrir d’amnésie et ne garde aucun souvenir de ses matchs de rugby. Quels sont les dangers du rugby pour le cerveau ?

C’est une révélation aussi troublante que poignante. Sébastien Chabal, figure emblématique du rugby français, a récemment confié ne plus se souvenir de la majorité de ses matchs. Ce colosse barbu, devenu l’un des visages les plus populaires du XV de France dans les années 2000, a marqué les esprits par ses charges puissantes, son style de jeu frontal et son physique hors norme. Il a disputé 62 matchs en équipe nationale, participé à deux Coupes du monde de rugby et fait trembler les défenses du monde entier. Mais aujourd’hui, alors que sa carrière s’est arrêtée depuis plus de dix ans, Chabal révèle souffrir d’amnésie. Des années de chocs, de plaquages, de mêlées… et des souvenirs qui s’effacent. Ce témoignage bouleversant relance un débat de fond sur les conséquences neurologiques du rugby à haut niveau. Que sait-on réellement des commotions cérébrales chez les joueurs ? Et surtout, combien d’anciens champions souffrent en silence ?

Rugby : les commotions cérébrales en cause ?

Depuis plusieurs années, les médecins alertent sur les effets du rugby sur le cerveau, en particulier chez les joueurs professionnels. Des chocs répétés, même sans perte de connaissance, peuvent provoquer des commotions cérébrales multiples, souvent sous-estimées et ce tant chez les rugbymen professionnels que chez les joueurs amateurs. Ces traumatismes invisibles mais graves ont des conséquences neurologiques sur le long terme, notamment des troubles cognitifs, une mémoire altérée et un risque accru de maladies dégénératives.

Selon le Dr Pauline Bodin, neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris :

« Chaque commotion cérébrale fragilise le cerveau. Lorsqu’elles deviennent répétitives, elles entraînent souvent des troubles de la mémoire, des difficultés de concentration et parfois même des maladies neurologiques dégénératives précoces. »

Une mémoire effacée : l’amnésie expliquée scientifiquement

L’amnésie de Sébastien Chabal s’explique par des micro-traumatismes cérébraux répétés qui affectent des zones clés du cerveau comme l’hippocampe. Cette zone est essentielle à la mémoire épisodique, celle qui permet de se souvenir des moments vécus. Chez certains anciens joueurs de rugby, cette mémoire semble littéralement “effacée”, conséquence directe des impacts à répétition dans le sport de contact.

Chabal n’est pas un cas isolé : une alerte nationale

Selon Antoine Semeria, avocat et fondateur de l’association Alerte commotions, invité sur Franceinfo jeudi 10 avril :

« L’affaire de Sébastien Chabal, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt quand on sait qu’en France aujourd’hui il y a plus de 150 000 commotions cérébrales dans le sport. »

Ce chiffre inquiétant démontre que les commotions cérébrales dans le sport ne concernent pas uniquement les professionnels mais aussi les amateurs, les enfants et toutes les disciplines impliquant des contacts physiques. Une véritable problématique de santé publique sportive.

Des séquelles durables chez les anciens joueurs

Le Dr Ian Grant, neurologue au Queen Square Institute of Neurology à Londres, confirme que les anciens rugbymen présentent une prévalence élevée de troubles cognitifs et de maladies neurologiques ; suite aux commotions cérébrales subies ; plusieurs années après la fin de leur carrière.

Parmi les troubles fréquemment observés :

  • Perte de mémoire persistante

  • Difficultés de concentration

  • Altération des fonctions exécutives

  • Risque accru de maladies comme Alzheimer ou Parkinson chez les anciens joueurs de rugby

Ces séquelles neurologiques post-rugby sont aujourd’hui étudiées dans plusieurs pays, notamment au Royaume-Uni, où le rugby fait l’objet de procès collectifs intentés par d’anciens joueurs atteints de démence précoce. Mais en France, la santé des joueurs laisse à désirer et la Fédération Française de Rugby (FFR) ne prend pas ces blessures traumatiques pouvant amené au coma très au sérieux.

Quelles mesures pour limiter les risques ?

Face à l’urgence, les fédérations commencent à réagir :

  • Diminution du nombre de contacts à l’entraînement

  • Protocoles de détection plus rigoureux des signes de commotion cérébrale ainsi que de traumatismes

  • Suivi neurologique renforcé des joueurs professionnels et amateurs sur les éventuelles lésions crâniennes.

Mais pour de nombreux experts, cela ne suffit pas. Il faut aller plus loin dans la prévention des traumatismes crâniens dans le sport et intégrer une éducation à la santé neurologique dès les plus jeunes âges.

« Il est indispensable que les nouvelles générations de joueurs soient mieux protégées. Aucun sport ne vaut le sacrifice de la santé mentale et neurologique à long terme. » — Sébastien Chabal

Une prise de conscience nécessaire

En révélant publiquement son amnésie, Sébastien Chabal devient malgré lui un symbole. Celui d’une génération sacrifiée au nom de la performance et de la passion. Son histoire rappelle l’importance de repenser la pratique du rugby à haut niveau : comment concilier sport spectacle et protection du cerveau des joueurs ?

Aujourd’hui, le débat est ouvert. Et les instances sportives, les clubs, les familles et les médias ont un rôle essentiel à jouer pour que le rugby reste un sport engagé, mais jamais au détriment de la santé mentale.

Foire aux questions (FAQ)

Quels sont les effets des commotions cérébrales chez les rugbymen ?

Les commotions cérébrales répétées peuvent provoquer des pertes de mémoire, des troubles cognitifs, des difficultés de concentration et un risque accru de maladies neurologiques dégénératives, comme Alzheimer ou Parkinson.

Pourquoi Sébastien Chabal ne se souvient-il pas de ses matchs ?

Son amnésie est probablement liée à des micro-traumatismes cérébraux accumulés tout au long de sa carrière de rugbyman professionnel. Ces impacts, bien que souvent invisibles, altèrent les zones du cerveau responsables de la mémoire épisodique.

Combien de commotions cérébrales ont lieu chaque année en France ?

Selon Antoine Semeria, fondateur de l’association Alerte commotions, on dénombre plus de 150 000 commotions cérébrales liées au sport chaque année en France.

Sophie Madoun

L’article Sébastien Chabal frappé d’amnésie : quand le rugby efface les souvenirs est apparu en premier sur Santecool.