Ayant vu et apprécié il y a bien longtemps (2012) un film de Pascal Bonitzer – « Cherchez Hortense » pour être précis – je gardais une bonne image de ce réalisateur. Aussi, quand j’ai remarqué en mai 2024 qu’il venait de sortir un film à propos d’un tableau volé et du monde des marchands d’art, j’ai pensé que ça collait très bien avec mon Printemps des Artistes et j’y suis allée !
Comme on peut le lire sur la fiche Wikipédia du film : Le scénario est imaginé à partir de l’histoire réelle du tableau Les Tournesols fanés disparu en 1942 et réapparu en 2004.
Note Pratique sur le film
Nationalité : Français
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie en salles : 1er mai 2024
Distribution : Alex Lutz (André Masson), Louise Chevillotte (Aurore, la stagiaire), Léa Drucker (Bertina, experte chez Scottie’s et ex-femme de Masson), Nora Hamzawi (Maître Egerman, avocate de Martin Keller), Arkadi Radeff (Martin Keller, le jeune ouvrier de Mulhouse)
Durée : 1h31
Résumé du début de l’histoire
(d’après Wikipédia, complété par mes soins)
André Masson, commissaire-priseur au sein de la prestigieuse maison de vente Scotie’s, établie à Paris, est contacté pour authentifier un tableau présumé d’Egon Schiele. Ce tableau aurait été découvert par un jeune ouvrier de Mulhouse, dans sa maison obtenue en viager quelques années plus tôt. D’abord sceptique, André Masson reconnaît bientôt un tableau mystérieusement disparu depuis 1939…
Mon Avis
C’est un film où s’opposent nettement les classes sociales. D’un côté : les riches marchands d’art parisiens et leurs clients de la très haute bourgeoisie. Des clients que l’on nous montre volontiers acariâtres et racistes, souhaitant vendre leurs œuvres d’art pour que leurs enfants n’en héritent pas. Ce monde qui brasse beaucoup d’argent nous apparaît très vite comme un monde de requins sans scrupules, où l’hypocrisie et l’égoïsme règnent en maîtres. A côté de ce monde hyper-privilégié et très fermé sur lui-même, nous avons la maison du jeune ouvrier de Mulhouse. Il travaille de nuit, vit avec sa mère dans une relation qui nous semble assez fusionnelle, et fréquente des copains de toutes origines et de milieux aussi peu favorisés que le sien. Lorsque le commissaire-priseur et l’experte de chez Scotie’s lui apprennent que son tableau a été volé à une famille juive par les nazis pendant la deuxième guerre mondiale – ce jeune ouvrier déclare qu’il ne veut plus de cette toile, qu’il ne veut pas avoir de sang sur les mains. Malgré son manque d’éducation et de culture, il est donc le seul à avoir une conscience éthique – en opposition à tout cet autre milieu, pourri de fric, qui sait peut-être reconnaître un authentique Egon Schiele en un simple coup d’œil mais qui n’a aucune morale.
J’étais étonnée qu’à aucun moment du film on ne prononce les mots « beau » ou « beauté », ce qui peut paraître paradoxal quand on veut parler d’art. Cela me parait révélateur du fait que, pour les riches et les puissants, l’art est essentiellement synonyme d’argent et l’aspect esthétique leur est complètement indifférent. Quant au monde des ouvriers, il ne se croit sans doute pas légitime, pas autorisé à porter un jugement sur la possible beauté d’une œuvre picturale, et à plus forte raison d’un bouquet de tournesols fanés, peints par Egon Schiele. Cet artiste maudit, expressionniste, sulfureux (accusé à son époque de pornographie), aux lignes torturées et anguleuses, s’est inspiré dans cette toile des Tournesols de Van Gogh – sauf qu’il choisit de représenter des fleurs fanées, flétries, mourantes, comme un contrepied morbide aux visions très solaires du maître hollandais.
Je n’ai pas tellement adhéré aux histoires de mythomanie de la stagiaire. Cette partie du scénario m’a semblé avoir des faiblesses, des incohérences et l’utilité de ces scènes paraît douteuse. Ceci dit, l’actrice qui tient ce rôle (Louise Chevillotte) est excellente et elle réussit presque à rendre cette stagiaire convaincante et nécessaire. Tous les acteurs sont d’ailleurs très bons, à commencer par Alex Lutz, qui endosse parfaitement son personnage.
Les ambiances luxueuses et feutrées, aux éclairages tamisés (appartements bourgeois, Drouot et autres salles des ventes, hôtels de grand standing) sont également bien rendues, crédibles.
Un film de bonne qualité (qualité très française), intéressant, bien joué, mais qu’il n’est pas nécessaire d’aller voir sur grand écran. On n’en ressort pas bouleversé. Attendre de le visionner à la télévision ne serait pas une mauvaise idée.
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