Credo

Par Vertuchou

Souviens-toi par-dessus tout, Petit, qu’écrire n’est pas 
Difficile, n’est pas douloureux, que ça jaillit de toi 
Avec aisance, que tu peux balancer une petite histoire à toute 
Vitesse, que lorsque tu le fais ouvertement, lorsque 
Tu veux imprimer une vérité, ce n’est pas difficile, 
Pas douloureux, mais facile, plein de grâce, saturé d’une douce 
Puissance, comme si tu étais un clavier doté d’un stock
 De littérature illimité, énorme, infini 
Et riche. Parce que c’est vrai ; parce que c’est ainsi. Ne l’oublie pas 
Dans tes moments les plus sombres. Fais chauffer ton truc, 
Touche juste, à l’américaine, tu te fous des critiques, tu te 
Fous des thèses universitaires mortelles des professeurs, ils ne 
Savent pas de quoi ils parlent, ils sont 
A côté de la plaque, ils sont froids ; tu es chaud, tu es 
Bouillant, tu peux écrire à longueur de journée, tu sais ce que 
Tu sais ; souviens-toi de ça, Petit, et quand 
Tu as l’impression de ne plus pouvoir écrire, que ça ne sert 
Plus à rien, que la vie ne vaut rien, relis ça et 
Comprends que tu peux faire beaucoup de bien dans ce 
Monde en révélant des vérités de ce genre, en répandant 
La chaleur, en essayant de prêcher la vie pour le bien de la vie, 
Pas à la façon chaude, à la façon 
De l’amour, à la façon qui dit : Mes frères, je vous accueille 
A bras ouverts, j’accepte vos faiblesses, je vous offre 
Les miennes, accordons-nous et jouons toute la gamme 
De la riche existence humaine. Souviens-toi Petit : l’aisance, la 
Grâce, le gloire, la grandeur de ton art, souviens-toi 
De ça, n’oublie jamais. Souviens-toi de la passion. N’oublie pas 
N’abandonne pas, ne néglige pas, C’est là, 
L’ordre et le dessein ; le chaos est là, mais pas en 
Toi, pas au plus profond de ton coeur, pas de chaos, 
Seulement l’aisance, la grâce, la beauté, l’amour, la grandeur… Petit 
Tu peux balancer une histoire, une petite vérité, tu peux 
Balayer le plancher avec une petite histoire à toute vitesse ; c’est 
Du gâteau, tu es un flot de douce puissance froufroutante, 
Tu es un écrivain, et tu peux révéler quelques trucs bien 
Méchants, et tu vas en révéler des tonnes, parce que 
C’est toi, et ne l’oublie pas, Petit, ne l’oublie pas ; 
S’il te plaît, s’il te plaît, ne l’oublie pas ; sauve-le, 
Sauve-le, préserve–toi, révèle toutes 
Ces sales petites histoires méchantes par douzaines, c’est facile, 
C’est la grâce, c’est à l’américaine, c’est la touche juste, 
Vends la vérité, car elle a besoin d’être vendue. Souviens-toi, Petit, 
De ce que je te dis cette nuit ; ne l’oublie jamais, lis-le 
Sans cesse dans tes moments les plus sombres et jamais, jamais 
N’oublie… jamais, jamais, jamais n’oublie… S’il te plaît, 
S’il te plaît, Petit, s’il te plaît…
_
Jack Kerouac, 1941 
Trad. Pierre Guglielmina.

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