Quatrième de couverture :
Un manoir majestueux : Manderley. Un an après sa mort, le charme noir de l’ancienne propriétaire, Rebecca de Winter, hante encore le domaine et ses habitants. La nouvelle épouse, jeune et timide, de Maxim de Winter pourra-t-elle échapper à cette ombre, à son souvenir ?
« J’ai rêvé l’autre nuit que je retournais à Manderley. » Une première phrase de roman assez célèbre ! Cela fait bien dix ans que ce roman traîne dans mes piles à lire et je l’en ai enfin déterré ! Que pourrais-je en dire d’original ? Rien, sans doute, sauf qu’il me faisait un peu peur mais une fois commencé, je l’ai lu assez vite et je l’ai adoré ! Je trouve qu’il faut un peu dépasser l’introduction qui se passe dans le sud de la France avant d’arriver – évidemment – à Manderley et de découvrir peu à peu qui était l’éblouissante Rebecca qui exerce encore son emprise sur les lieux et les personnes : Maxim, veuf de Rebecca, madame Danvers, la vénéneuse gouvernante, Frank Crawley, le secrétaire et jusqu’à la narratrice, la seconde épouse dont nous ne connaîtrons jamais le prénom. C’est un peu « normal » dans le processus narratif : au départ, on peut la qualifier de naïve, d' »oie blanche » et elle doit passer à travers bien des épreuves et des révélations pour prendre plus d’assurance, de corps.
J’aime beaucoup les romans où une maison joue un grand rôle. C’est le cas avec le domaine de Manderley auquel Maxim de Winter est si attaché et où les souvenirs de Rebecca sont jalousement entretenus par madame Danvers. Il y a aussi tout le cérémonial d’une riche maison anglaise, avec le majordome Frith et les autres domestiques, un cérémonial et des obligations bien lourdes pour cette nouvelle jeune mariée.
Daphné Du Maurier a le chic pour mener son roman à Manderley et en dehors, jusqu’à un final grandiose (mais bien frustrant), avec des personnages principaux et secondaires tous intéressants (mention spéciale à Beatrice, la soeur de Maxim), et pour créer une ambiance mystérieuse, fantastique, étouffante à souhait. Et pour harponner le lecteur ou la lectrice qui aimerait presque lire une suite à ce magnifique texte !
« Il ne m’appartenait pas du tout, il appartenait à Rebecca. Elle était toujours dans la maison, comme Mrs Danvers l’avait dit, elle était dans cette chambre de l’aile ouest, elle était dans la bibliothèque, dans le petit salon, dans la galerie au dessus du hall. Même dans le petit vestiaire où pendait son imperméable. Et dans le jardin, et dans les bois, et dans la maisonnette en pierre sur la plage. Ses pas résonnaient dans le corridor, son parfum traînait dans l’escalier. Les domestiques continuaient à suivre ses ordres, les plats que nous mangions étaient les plats qu’elle aimait. Ses fleurs préférées remplissaient les chambres. Rebecca était toujours Mme de Winter. Je n’avais rien à faire ici. »
Daphné DU MAURIER, Rebecca, traduit de l’anglais par Denise Van Moppès, Le Livre de poche, 1963 (première parution en français en 1939)
C’est mon classique du mois, dans le cadre du Mois anglais.