Donc j’écris ce lundi matin. La semaine dernière était mieux avec le lundi férié.Après une demi-journée, le ton est donné : le mode grognones est activé. Rien de dramatique, juste ce bruit de fond et cette lassitude sèche qui me font me poser la question « mais qu’est ce que je fous là » (à part gagner mon pain), et surtout qu’est ce que j’apporte à la société. Rien de tragique. Juste de l’absurde.
Chez nous, le lundi matin est “sanctuarisé” - mot joli pour dire “bloqué pour la réunion rituelle”. Sauf qu’elle a été annulée. Cinq minutes avant. Le chef avait mieux à faire.Sans doute une autre réunion sanctuarisée dans une autre dimension que la nôtre. Retour dans le dadaïsme professionnel : où l’on honore le rituel plus que le contenu, où le sens est mort mais l’agenda vit.
Je partage mon bureau avec des stagiaires. L’un d’eux m’est “attribué”.Il me voit. Ce matin, il a vu que j’étais en mode ours. Pas méchant, mais qui aurait préféré rester dans sa caverne, avec un café et un podcast qui ne parle pas de “synergies transverses” mais du mercato de l’Olympique de Marseille Et puis je découvre que nous sommes deux à bosser sur le même sujet. Personne ne le dit. Personne ne le coordonne.Alors on patine. Moi en tout cas. Je n’avance pas.C’est le grand classique : trop de monde sur le pont, mais personne à la rame. Le GPS sur la brouette encore...
Je passe en mode syndical ? Pas mieux. Là aussi, ça se déchire. Humainement, c’est toxique.Mais avec le sourire. Toujours. Chez nous, même l’amertume est polie. Elle dit “bonjour” en entrant. (enfin, tous ne disent pas bonjour)
Et point bonus du jour : j’ai des corrections à faire. Un sujet de Licence.Je vais m’y plonger tranquillement. Parce qu’en corrigeant, au moins, j’aurais l’impression de servir à quelque chose.
Un peu loin de ce délire Excel où l’on confond indicateur et réalité. Ce monde où le sens du travail s’est fait remplacer par le tableur.Mais où tout va bien, hein. Les feux du reporting sont verts.