Je sais bien, mais vous l'ignorez peut-être, combien le potager était essentiel pour cet homme amateur de bonne chair. Hélas les terrains ont été vendus et il n'en subsiste que le souvenir.
Vous me direz que les deux jardins, le Clos normand comme le Jardin d’eau, sont de toute beauté et méritent très largement le voyage. La maison aussi. Mais j’ai malgré tout souhaité faire un focus sur un aspect qui ne soit pas que décoratif en perçant les secrets gourmands de cette famille à partir du carnet de recettes de Claude Monet.Sa maison était un endroit où il faisait bon vivre. Si le paysage a son importance pour charmer nos yeux, une basse-cour et un potager étaient d’autant plus essentiels à l’époque qu’on ne décrochait pas son téléphone pour se faire livrer.Monet avait des préférences très affirmées. C’est pourquoi il accordait un grand soin au potager sur lequel régnait Florimond car il tenait à ce que sa cuisinière Marguerite aient toujours sous la main les fines herbes dont il usait abondamment. C’était lui qui choisissait les graines et les plants, les pots, les cloches à melon … tout le matériel.Chaque année voyait pousser brocoli, estragon, plusieurs variétés de tomates de différentes couleurs, artichaut, aubergine, poivron et piment doux, fèves et févettes, crosnes, laitue blonde de Versailles, choux-fleur nains et le moindre légume devait toujours être cueilli au bon moment.Le peintre ne mettait jamais les pieds dans sa cuisine qui était le domaine de Marguerite et n'a donné son nom à aucun plat mais il adorait manger et recevait fréquemment les membres de sa famille … tout comme Clemenceau, Renoir, Pissaro etc … Le dernier film de Martin Provost, Bonnard, Pierre et Marthe nous le montre bon vivant, capable d’acheminer par barque un repas complet.