Deux salles, deux ambiances

Publié le 25 juillet 2025 par Lana

Dans mon parcours compliqué, j’ai quand même une chance extraordinaire, c’est celle d’être soignée dans une maison médicale au forfait (il y a une explication de ce type de structure à la fin du billet).

Et deux exemples m’ont particulièrement frappée: ma médecin généraliste qui me dit ne pas connaître le sujet de l’autisme car elle n’a pas souvenir qu’on lui en ait parlé dans ses cours de neurologie. Et à côté de ça, l’interniste que j’ai vu dans un hôpital très réputé qui me dit que l’autisme, ça relève de la psychiatrie. Et on ne peut pas dire que le second est un vieux médecin qui serait resté bloqué à une époque où l’on considérait l’autisme comme une maladie mentale, puisqu’ils ont tout les deux à peu près le même âge et ont d’ailleurs fait leurs études ensemble.

Et le deuxième exemple frappant, c’est le contraste entre les commentaires horribles que j’ai lus hier sous un article de France Inter, commentaires qui défendaient la contention en disant que c’était bénéfique pour les patients psychotiques, que c’était de la contenance, qu’ils en avaient besoin pour être reconnectés à leur corps. Franchement, qui peut honnêtement penser qu’être attaché contre son gré à un lit pendant des heures, voire des jours, dans l’inconfort le plus total, sans pouvoir bouger ni se gratter, parfois laissé dans son urine, est bénéfique pour quiconque (à moins de déshumaniser totalement la personne en proie à la psychose), qui peut penser cela si ce n’est pour théoriser de la maltraitance et se donner bonne conscience ? Psychotique ou pas, personne n’est reconnecté à son corps de cette façon. Et s’il faut être torturé et traumatisé pour être reconnecté à son corps, ça n’en vaut peut-être pas le coup, en réalité. Et ce matin, je parlais de ma couverture lestée (que j’adore ) avec mon kiné et il m’a répondu que quand il a travaillé avec des personnes âgées démentes, il y avait des couvertures lestées, pour restaurer la proprioception. Qu’il y avait aussi des matelas avec des coussins intégrés qui maintenaient la personne comme dans un petit cocon. Qu’il aimerait bien qu’il y ait à la maison médicale des sortes de cabines de détente pour les gens qui ont des douleurs chroniques, où ils pourraient passer avant leur rendez-vous chez le médecin, avec par exemple un matelas TENS comme celui qu’une amie a utilisé chez un kiné, des dispositifs de ce genre qui là, pour le coup, font du bien. Et je me suis dit OK, oui, ici on parle vraiment de se reconnecter à son corps, on parle de soigner des gens, et pas de s’obstiner à théoriser jusqu’à l’absurde la pire des maltraitance. C’est « légèrement » différent !

Et ça fait du bien, c’est tellement un soulagement pour moi, d’être suivie dans un endroit comme ça, où je ne dois pas sans cesse être sur mes gardes et jouer un rôle.

Il y a vraiment deux salles deux ambiances, et c’est ce qui me sauve la vie, réellement, d’avoir des soignants qui respectent l’humanité et la singularité de chacun.

Et pour ceux que ça intéresse, je vous fais vite fait un petit topo de comment fonctionnent les maisons médicales au forfait en Belgique. C’est un endroit où il y a des médecins généralistes, des infirmiers et infirmières, des kinés, des assistants sociaux. Le système de financement se fait au forfait: chaque mois la mutuelle du patient verse une certaine somme à la maison médicale, que le patient s’y rende ou pas. Le patient n’a quant à lui rien à payer, mais il ne sera pas remboursé s’il consulte un médecin généraliste, kiné, etc en dehors de la maison médicale. Fréquenter une maison médicale est un choix, il y a d’autres offres de soins disponibles, on est loin d’une médecine d’état comme j’entends parfois certaines personnes le dire ! Et comme il y a plusieurs soignants dans chaque spécialité, si ça se passe mal avec quelqu’un, on peut aller voir son collègue. Il a été démontré que les patients ne profitaient pas du système en surconsommant parce que c’est gratuit, mais que, justement, les gens ne devant pas décaler des consultations pour raisons financières, et les maisons médicales étant aussi engagées dans la prévention et la réflexion sur le soin, l’usage des médicaments, etc, ils étaient moins souvent hospitalisés que le reste de la population. Les maisons médicales fonctionnant au forfait, elles ne perdent pas non plus d’argent quand les soignants prennent plus de temps pour un patient dont le cas est plus complexe, font des réunions ou des formations et ça se ressent sur la qualité des soins.