Parmi la litanie de poncifs complètement normatifs que j’ai dû écouter à mon corps défendant pendant ma crise chez la psychologue hier, il y a eu cette phrase magnifique : Ce serait quand même très étonnant que vous soyez autiste alors que vous avez reçu un diagnostic de schizophrénie.
C’est vrai que de un, les autistes ne peuvent pas avoir de maladie mentale, c’est bien connu. Leur cerveau neuroatypique et la façon dont la société les inclut si bien en respectant leurs besoins élémentaires les immunisent contre toute pathologie mentale, c’est une évidence.
Ensuite, chacun sait que les médecins ne se trompent jamais, et surtout pas les psychiatres. La psychiatrie est une science exacte, invariable dans le temps et l’espace, qui se base sur des données incontestables. Jamais personne dans toute l’histoire de la psychiatrie n’a été mal diagnostiqué ni traité à tort, et surtout pas les femmes.
Ajoutons à cela que tous les professionnels de santé connaissent très bien l’autisme sans déficience intellectuelle, et que c’était déjà le cas dans les années 90 et 2000.
Bien évidemment, non!!
Non seulement l’histoire de la psychiatrie est émaillée de maltraitance, de psychiatrisation abusive, de diagnostics et de traitements tous plus discutables les uns que les autres, et davantage chez les femmes, mais en plus de cela les autistes sans déficience intellectuelle n’existent tout simplement pas pour la majorité des professionnels de santé, et c’était encore bien pire il y a 25 ans. Donc, c’est vrai, qu’est-ce qui aurait pu mal se passer ? Ce serait vraiment très très étonnant que les psys que j’ai vus soient passé à côté de ce diagnostic. Incroyable même, quand on sait le nombre d’incompétents que j’ai vus et que ceux qui faisaient correctement leur travail n’étaient pas formés au sujet.
Bref, tout ça pour dire que, si vous travaillez dans le domaine de la santé, c’est bien évidemment normal de ne pas tout connaître, mais qu’avoir un minimum d’esprit critique sur sa discipline n’est pas interdit. C’est même vital pour vos patients. Parce que travailler en santé mentale et me sortir une phrase comme ça, c’est juste totalement impossible, en fait.