« Country Dreamer » : La chanson cachée de McCartney pleine de simplicité et d’émotion

Publié le 13 août 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

« Country Dreamer » de Paul McCartney, bien que discrète commercialement, est un joyau caché de la période Wings. Écrite après des vacances en Écosse, cette chanson évoque la simplicité de la nature et l’intimité d’un moment partagé. Elle mêle folk et country, avec des éléments de rock et une ambiance intime, marquée par l’utilisation de la pedal steel guitar. Malgré sa sortie modeste en 1973, elle est devenue culte, représentant un retour à la simplicité et une invitation à vivre pleinement les moments simples de la vie.


Dans la carrière de Paul McCartney, certaines chansons émergent comme des joyaux cachés, des morceaux qui, bien qu’ayant souvent un faible écho commercial, capturent l’essence même de son art.Country Dreamer, bien qu’il ne soit pas aussi célèbre que d’autres titres de son répertoire solo ou avec Wings, fait partie de ces chansons. Présentée comme le côté B du singleHelen Wheelsen 1973, elle est l’un des morceaux les plus intimes et sincères de l’époque de Wings, imprégnée de la nostalgie de la campagne écossaise et d’une simplicité de ton qui contraste avec la complexité des albums précédents.

Sommaire

Une origine en Écosse : La simplicité de la nature

L’histoire deCountry Dreamerdébute lors des vacances de Paul et Linda McCartney à leur ferme en Écosse. Paul, avec son penchant pour l’introspection, puise dans ses expériences personnelles pour écrire ce morceau. Il se rappelle, dans le livreThe Lyrics: 1956 To The Present, qu’il s’imaginait marcher dans les champs, retirant ses bottes pour se rafraîchir les pieds dans un ruisseau. Ce retour à des moments simples et presque enfantins trouve sa place dans la chanson :« I’d like to walk in a field with you / Take my hat and my boots off too ». C’est là queCountry Dreamerprend tout son sens : un appel à l’évasion, à la pureté d’un moment partagé avec un autre, loin des tumultes de la vie moderne. Cette image de la campagne écossaise, avec ses collines, ses ruisseaux et ses bottes de pluie, sert de toile de fond à une chanson qui, malgré son apparente simplicité, est empreinte de tendresse et d’une certaine sensualité.

Le titre est baigné de cette simplicité bucolique, où la beauté se cache dans les gestes quotidiens, dans le plaisir de grimper une colline, de s’allonger dans l’herbe, de se perdre dans la nature. « Would you like to do it too, May? » interroge McCartney dans le texte, une question qui, bien que suggérant une invitation romantique, prend également des allures d’appel à un retour aux plaisirs innocents de l’enfance. Ce mélange subtil de pureté et de légèreté érotique est, à l’image de nombreuses chansons de McCartney, une exploration de l’intimité dans sa forme la plus simple.

L’enregistrement et la composition : Des racines américaines et un groupe soudé

Le morceau a été enregistré en septembre 1972, pendant les sessions deRed Rose Speedway, le cinquième album de Wings. Cependant, l’idée deCountry Dreamerne naît pas immédiatement durant ces sessions. Paul McCartney avait déjà joué une première version de la chanson en 1970, et elle avait été reprise durant les sessions deRam, bien que cette version n’ait jamais été publiée. Lors des enregistrements en 1972, McCartney s’entoure de ses complices habituels : Denny Laine à la guitare et aux voix, Denny Seiwell à la batterie, et Henry McCullough, qui se distingue en jouant de la pedal steel guitar, un instrument qu’il n’avait jamais utilisé auparavant, mais qui confère à la chanson une touche de douceur et d’évasion typique du genre country.

L’enregistrement est, comme souvent chez McCartney, un processus collaboratif. En l’occurrence, le morceau naît d’une envie de capturer une ambiance particulière, loin des tensions qui avaient marqué les précédents albums.Country Dreamerest un instant suspendu, presque comme une photographie musicale d’un moment de paix et de bonheur rural. Le travail d’équipe au sein de Wings se ressent dans la fluidité de la chanson, chaque membre apportant sa touche sans jamais chercher à se faire remarquer. Denny Seiwell, en particulier, se souvient que tout s’est fait de manière naturelle, avec une atmosphère décontractée qui a permis à la musique de s’épanouir de façon organique.

Une chanson d’ambiance : Entre country et folk

Bien queCountry Dreamersoit souvent cataloguée comme un morceau de style country, il est bien plus qu’une simple tentative de genre. La chanson intègre des éléments de folk et de rock, tout en explorant des textures plus légères grâce à la pedal steel guitar d’Henry McCullough, qui apporte une couleur sonore nouvelle au groupe. Ce mélange de styles rappelle les influences américaines de McCartney, un goût qu’il a toujours cultivé depuis son époque avec les Beatles, notamment à travers des morceaux commeAct NaturallyouMother Nature’s Son.

L’approche instrumentale deCountry Dreamerest également marquée par la simplicité et l’authenticité. L’acoustique de McCartney et la pedal steel de McCullough se fondent parfaitement, donnant à la chanson un caractère intime et sincère. La basse de McCartney est discrète, presque présente en sous-texte, soutenant la rythmique sans jamais en faire trop. Ce qui prime ici, c’est l’atmosphère, la chaleur qui se dégage du morceau, un son ouvert, naturel, qui fait écho aux paysages écossais et à l’idée de retour à la nature.

Une sortie discrète et un héritage

Bien queCountry Dreamern’ait pas été un grand succès commercial, elle représente un moment charnière dans la discographie de McCartney. La chanson, sortie en 1973 en tant que face B du singleHelen Wheels, n’a pas eu un grand impact dans les classements, mais elle est depuis devenue une sorte de morceau culte, apprécié pour sa sincérité et sa simplicité. Elle n’a pas eu la même popularité que les autres singles de Wings, mais elle se distingue par sa capacité à capturer une époque, un sentiment, et une manière de vivre qui semblent à la fois intemporels et universels.

Au fil des ans, la chanson a été rééditée à plusieurs reprises, notamment en 1987 lors de la sortie du CD deRed Rose Speedwayoù elle était incluse en tant que morceau bonus. Elle a également été présente sur des rééditions deBand on the Runet dans les collections du Paul McCartney Archive. Ce n’est qu’en 2010, avec la sortie deBand on the Rundans le cadre de la série Archive Collection, queCountry Dreamera connu une réévaluation plus large, avec une nouvelle publication sur le coffret d’archives. Dans cette version, McCartney interprète à nouveau la chanson dans les jardins d’Abbey Road Studios, une autre incarnation de la simplicité et de la nature qui résonne parfaitement avec l’esprit de la chanson.

L’attrait durable deCountry Dreamer

SiCountry Dreamern’a pas marqué l’histoire des charts, elle reste un parfait exemple du talent de Paul McCartney pour capturer l’essence même de moments simples et authentiques. La chanson n’est pas une déclaration politique ni un manifeste musical, mais une invitation à vivre pleinement les petits plaisirs de la vie, loin des complications du monde moderne. Elle incarne cette approche qui lui est chère : exprimer des idées profondes à travers la simplicité, et créer une musique qui touche par sa sincérité. En ce sens,Country Dreamerest peut-être l’une des chansons les plus représentatives de la carrière de McCartney, un morceau qui, bien que discret, reste fidèle à sa vision artistique et à son amour des paysages naturels et de la simplicité humaine.

En réécoutantCountry Dreameraujourd’hui, on perçoit tout de suite la capacité de McCartney à saisir les détails de la vie quotidienne et à les transformer en art, une qualité qu’il a toujours su maîtriser, que ce soit avec les Beatles, Wings, ou en solo. Le morceau, simple et direct, reste l’un des fleurons de la période Wings, à la fois reflet de son époque et préfiguration de l’amour de McCartney pour les paysages, les gens et les moments d’intimité partagée.