Les Beatles, au-delà de leur succès planétaire, ont vu leur empire musical dévasté par une gestion chaotique et des manipulations financières. George Harrison dénonçait un pillage orchestré par des figures controversées, notamment Allen Klein. Entre procès, investissements risqués et trahisons, le groupe a subi un désastre financier révélateur des dérives de l’industrie musicale.
Lorsqu’on pense aux Beatles, on imagine souvent quatre jeunes musiciens devenus immensément riches grâce à leur succès planétaire. Pourtant, derrière les chiffres vertigineux des ventes de disques et des tournées, une réalité bien plus sombre se cache : les finances du groupe ont été dévastées par une gestion chaotique et par des figures peu scrupuleuses. George Harrison, notamment, n’a jamais caché son amertume face à ce qu’il considérait comme un pillage en règle de leur empire musical.
Sommaire
- Une fortune dilapidée par des « gangsters célèbres »
- Une gestion hasardeuse et des investissements risqués
- La chute de HandMade Films et la désillusion
- D’un scepticisme initial à une fortune inespérée
Une fortune dilapidée par des « gangsters célèbres »
Après la séparation des Beatles en 1970, la question de la gestion de leur patrimoine musical et financier s’est rapidement posée. Pour Harrison, les conclusions étaient sans appel : une partie colossale des revenus du groupe avait été « détournée » par des individus qu’il qualifiait sans ambages de « gangsters célèbres ». La principale cible de sa colère était Allen Klein, le manager que lui, John Lennon et Ringo Starr avaient choisi pour succéder à Brian Epstein, au grand dam de Paul McCartney.
Le conflit autour de la gestion de leur entreprise Apple Corps a pris une tournure dramatique lorsque McCartney, se méfiant de Klein, a intenté un procès contre ses anciens camarades pour récupérer le contrôle de leur catalogue musical. Harrison, quant à lui, était pleinement conscient de la situation catastrophique :
« Tout l’argent que nous avons gagné avec les disques et les films des Beatles a été versé à Apple, qui a été pillée par tous ces gangsters célèbres. C’était un désastre absolu. »
Les complications juridiques qui en ont découlé ont été une véritable épreuve, non seulement sur le plan financier, mais aussi sur le plan personnel. Loin de profiter sereinement de sa carrière solo naissante, Harrison devait lutter pour récupérer ce qu’il pouvait de son propre héritage.
Une gestion hasardeuse et des investissements risqués
Harrison ne s’est pas contenté d’accuser Klein. Il a lui-même été victime d’erreurs de gestion qui ont mis en péril sa fortune. Son catalogue personnel, notamment, avait été placé dans une société à New York, une manœuvre qu’il découvrira plus tard être illégale. Il se retrouvait dans une situation absurde où soit il violait la loi, soit il cédait involontairement ses droits d’auteur à un intermédiaire.
C’est alors qu’est entré en scène Denis O’Brien, un homme d’affaires que Harrison engagea comme manager pour tenter de remettre de l’ordre dans ses affaires. Pendant un temps, cette collaboration sembla fonctionner. O’Brien paraissait plus efficace que ses prédécesseurs, et Harrison lui fit rapidement confiance, au point de s’associer à lui pour créer HandMade Films, une société de production cinématographique.
Mais cette relation d’affaires s’est soldée par une immense trahison.
La chute de HandMade Films et la désillusion
HandMade Films est à l’origine de plusieurs productions notables, notammentLa Vie de Briandes Monty Python, projet qui n’aurait jamais vu le jour sans l’intervention financière de Harrison. Pourtant, au fil des années, l’entreprise a accumulé des dettes énormes, et une véritable bombe éclata lorsqu’un comptable découvrit qu’Harrison était le seul garant de ces prêts bancaires.
« Chaque fois que Denis avait besoin de plus d’argent pour un film, il utilisait la garantie personnelle de George, et ce dernier n’en savait rien. Les banques, persuadées qu’il était immensément riche, ne vérifiaient rien, et il s’est retrouvé avec des garanties personnelles d’un montant bien supérieur à sa fortune réelle. »
Lorsqu’il réalisa l’ampleur du scandale, Harrison fut anéanti. Il engagea des poursuites contre O’Brien et mit fin à leur partenariat. Mais la blessure était profonde. Eric Idle, ami proche du musicien, affirma qu’Harrison éprouvait un mépris rare pour O’Brien, se sentant trahi et spolié.
D’un scepticisme initial à une fortune inespérée
Ironiquement, dans les années 1960, Harrison n’aurait jamais imaginé que lui et ses compagnons puissent amasser une fortune. En 1964, il se montrait même plutôt sceptique quant à l’idée de devenir millionnaire :
« C’est tellement difficile de devenir millionnaire… Peut-être que si nous étions des artistes solo, l’un d’entre nous y arriverait. Mais à quatre, c’est différent. Peut-être qu’un jour nous serons millionnaires, mais je ne nous vois pas y arriver sans payer d’impôts en plus. »
Pourtant, à sa mort en 2001, sa fortune était estimée à près de 400 millions de dollars. Une somme qui aurait pu être encore plus importante si le musicien n’avait pas été victime des nombreux abus qui ont jalonné sa carrière.
Malgré tout, Harrison n’a jamais laissé ces trahisons entamer sa philosophie de vie. Profondément influencé par la spiritualité indienne, il a su trouver une forme de détachement face aux problèmes matériels. Mais son histoire illustre cruellement les dérives d’une industrie musicale où les artistes, aussi célèbres soient-ils, sont parfois les premiers à se faire déposséder de leur propre création.