Je ne crois pas que j'ai été introduit au
punk par les disques
punk.
Lorsque j'avais 13 ans, en 1982, je fréquentais un copain de
collège qui s'était mis à écouter des disques Oï, terme associé à cette
scène tardive du punk venu d'Angleterre, bien politisée, et dont l'image
très provocatrice, sur les pochettes comme dans les textes des
chansons, dans la lignée des aînés Sex pistols, convenait bien à nos
années de "révolte". Je ne me considérais pas vraiment comme ayant
besoin de me révolter, vivant tranquillement dans une famille aimante,
et devant emménager dans une belle maison quelques mois plus tard, mais
il faut croire que mon copain, si. Je collectionnais donc les photos de
ces punks à crête et blousons cloutés qui faisaient la joie de certains
reportages de
Paris Match, entre autres, avais adopté un look (ridicule)
un peu similaire, et acheté quelques vinyles du cru. Les deux premiers
Exploited, et des compilations :
Chaos en France et
Punk and Disorderly.
J'ai cependant vite revendus ceux-ci, en revenant d'Angleterre un an
plus tard, ayant découvert la New Wave, qui me correspondait davantage à
cette époque mouvante. Plus tard, en 1989, alors que je commençais à
jouer, en tant que membre fondateur et batteur dans un groupe pop avec
un nouveau copain, un peu plus vieux que moi, nous nous retrouvâmes
régulièrement dans une boutique de disques recemment ouverte, qui devint
notre QG durant une dizaine d'années : Sergeant Peppers records.
C'est là que je
fus initié à la musique
psychédélique. Claude Planche, le gérant de la
boutique, était en effet spécialisé dans le domaine, ayant monté son
fond avec une partie importante de sa collection personnelle, ayant vécu
ces années de plein fouet. Jefferson airplane, Grateful Dead, et toute
la scène de San Francisco entre autres devint vite ma nouvelle
référence. Or un jour, je reparti avec un double album de
Country Joe Mc
Donald and the Fish, comprenant un disque live et un studio (
The Life and Times of... Vanguard, 1971). C'est sans doute
là, avec le titre
F.U.C.K. I Feel Like I'm Fixin to Die Rag... joué devant 500000 personnes à Woodstock
quelques vingt ans auparavant, que je compris ce qu'était réellement
l'anti conformisme, et d'où pouvait bien venir le punk réchauffé qui
m'avait fait tiqué quelques temps plus tôt. C'est en
suivant cette piste et en creusant ("diguant" comme on dit à
l'anglaise), que je finis par me spécialiser dans la scène sixties punk,
c'est à dire des groupes provinciaux de tous pays (principalement
américains) ayant réalisé au moins un quarante cinq tours un jour, à
quelques dizaines d'exemplaires. Galettes qui se retrouveraient
compilées, dès 1979, par des amateurs collectionneurs, sur des albums
anthologiques de type "Pebbles" (les "cailloux", ça ne s'invente pas, pour des pistes à suivre !).
Comme quoi, il suffit d'une lettre manquante dans un F.U.C.K, ou d'un
vinyle en moins, pour manquer le train d'une certaine politisation.
...Vive
les disques, et les disquaires !