En 1972, Paul McCartney et Wings lancent C Moon, une chanson qui fusionne reggae et pop-rock. Inspirée par un voyage en Jamaïque, la chanson marie influences caribéennes et sonorités légères. Avec un titre inspiré de Wooly Bully et un enregistrement décontracté, C Moon devient un succès immédiat, atteignant le top 10 des charts. Ce morceau emblématique reste un classique des concerts de McCartney, incarnant l’esprit d’innovation et de fun de Wings, toujours apprécié plus de 40 ans après sa sortie.
En 1972, au sommet de sa carrière post-Beatles avec son groupe Wings, Paul McCartney se lance dans une nouvelle aventure musicale avec la sortie du singleC Moon. Ce morceau marie habilement des influences reggae et un esprit pop-rock décontracté, créant une composition audacieuse qui a rapidement fait sa place dans le répertoire de McCartney. Il s’inscrit dans un moment charnière pour l’artiste, une époque où il cherche à affirmer son identité musicale tout en restant fidèle à ses racines. Dans cet article, nous reviendrons sur la naissance et les multiples facettes deC Moon, une chanson qui a marqué l’histoire de Wings et qui, encore aujourd’hui, suscite un certain engouement parmi les fans de McCartney.
Sommaire
- Les origines de « C Moon » : Un voyage à travers la Jamaïque et l’influence du reggae
- L’énigme du titre : « C Moon » et la référence à « Wooly Bully »
- L’enregistrement : une expérience en studio au son détendu et décalé
- La sortie du single et les répercussions : un succès immédiat malgré la controverse
- Les performances live et l’héritage de « C Moon » : Une chanson qui traverse les époques
- « C Moon » : Une chanson toujours vivante, toujours « cool »
Les origines de « C Moon » : Un voyage à travers la Jamaïque et l’influence du reggae
L’histoire deC Mooncommence à la fin de l’année 1971, alors que Paul et Linda McCartney se rendent en Jamaïque pour un séjour qui marquera profondément leur approche de la musique. Lors de ce voyage, ils tombent sous le charme du reggae, un genre musical en pleine ascension, qui allait influencer nombre de leurs futures compositions. Ce séjour jamaïcain devient pour eux une véritable révélation. Paul McCartney décrit leur expérience comme une immersion dans une culture musicale vibrante et authentique. Ils écoutaient du reggae en permanence, se rendant dans des magasins de disques locaux comme le fameux Tony’s Record Store à Montego Bay pour dénicher des 45 tours. Ce genre musical, qui émergeait à peine en tant que forme de protestation sociale et artistique, allait rapidement devenir l’une des influences majeures dans l’univers sonore de McCartney.
Cette immersion dans le reggae n’était cependant pas totalement nouvelle pour Paul, qui, avec les Beatles, avait déjà expérimenté des éléments de ska et de reggae dès 1964, notamment dans des morceaux commeI Call Your Name. Cependant, avecC Moon, McCartney décide de plonger davantage dans ce genre musical, en apportant un son pop-reggae qui sera au centre de la composition de la chanson. Le morceau est ainsi le fruit d’une exploration musicale poussée, un mélange subtil d’éléments classiques et modernes, où la touche personnelle de McCartney se distingue par sa capacité à fusionner des influences diverses.
L’énigme du titre : « C Moon » et la référence à « Wooly Bully »
Le titreC Moona une histoire intéressante, marquée par une inspiration tirée de la chansonWooly Bullydu groupe Sam the Sham and the Pharaohs. Le morceau, sorti en 1964, contenait la phrase « Let’s not be L7 », un terme d’argot américain signifiant « carré » ou « ennuyeux ». McCartney, qui avait toujours eu un sens aigu de l’humour et de la provocation, décida de détourner cette expression pour en faire un symbole de « coolitude ». Dans une interview pourClub Sandwichen 1988, il expliqua que le « L » et le « 7 » formaient un carré dans le jargon des jeunes, et qu’il cherchait à savoir ce qui était « cool ». De là naquit l’idée de « C Moon », une sorte de contrepoint au carré, une manière décalée et décontractée de symboliser quelque chose de plus détendu et amusant. Ainsi, à travers ce titre, McCartney fait à la fois un clin d’œil aux codes de la jeunesse des années 1960 et une déclaration d’intention sur l’authenticité de la musique qu’il propose.
L’enregistrement : une expérience en studio au son détendu et décalé
En novembre 1972, le groupe Wings se rend aux Morgan Studios à Londres pour enregistrerC Moon. Le morceau bénéficie d’une approche plutôt décontractée, marquée par des erreurs et des improvisations, qui vont pourtant devenir des éléments constitutifs du charme brut du morceau. Ce n’est pas le genre d’enregistrement soigné et parfait, mais plutôt un instantané d’une ambiance créative, où les musiciens se laissent aller à leurs instincts. Le morceau est joué avec une instrumentation qui se distingue : la base comprend piano, basse, tambourin, batterie et xylophone, cet instrument à percussions assez rare dans le rock, joué par Denny Seiwell. En effet, le choix du xylophone était une touche originale de McCartney qui cherchait à apporter une atmosphère singulière à la chanson.
Ce qui rend l’enregistrement deC Moond’autant plus spécial, c’est le fait que les membres de Wings jouent parfois des instruments différents de ceux auxquels ils sont habitués. Par exemple, Henry McCullough, guitariste, se retrouve à jouer de la batterie sur le morceau, tandis que Denny Seiwell, le batteur, s’empare du xylophone. De plus, McCartney et Seiwell ajoutent des parties de cornet, qui viennent enrichir encore davantage la texture sonore du morceau. Ce côté « détendu » et « bricoleur » dans l’approche en studio se retrouve parfaitement dans le son deC Moon, où chaque erreur ou tentative est accueillie avec bienveillance. Cela témoigne de l’atmosphère légère et expérimentale qui régnait chez Wings à cette époque, loin de la pression des productions à gros budget.
La sortie du single et les répercussions : un succès immédiat malgré la controverse
Le 1er décembre 1972,C Moonest officiellement publié en single au Royaume-Uni, en double face A avecHi, Hi, Hi, un autre morceau qui sera marqué par une polémique.Hi, Hi, Hifut en effet immédiatement interdit par la BBC à cause de ses supposées allusions à la drogue, maisC Moon, de par son caractère plus léger et accessible, ne rencontra pas le même sort. Ce dernier fut d’ailleurs largement diffusé à la place, trouvant son public et atteignant la cinquième position des classements britanniques. Trois jours après sa sortie au Royaume-Uni, le single fut également distribué aux États-Unis, où il grimpa rapidement à la dixième place des charts, marquant ainsi le premier grand succès de Wings hors du Royaume-Uni.
Le côté enjoué deC Moonet sa mélodie accrocheuse ont contribué à faire de ce morceau un favori du public, se démarquant des autres productions plus sérieuses de McCartney. Mais ce succès fut aussi facilité par une promotion efficace : la chanson bénéficia de clips promotionnels, et elle fut incluse dans les performances live du groupe. Ce morceau devint ainsi un incontournable des concerts de Wings et de McCartney, faisant une apparition régulière dans les setlists des tournées suivantes, notamment lors des tournées mondiales de 1973 et 1975.
Les performances live et l’héritage de « C Moon » : Une chanson qui traverse les époques
“C Moon”devint un classique des concerts de Wings et de McCartney. Le groupe la jouait souvent en medley avec le morceauLittle Woman Love, une autre chanson qui figurait en face B du singleMary Had A Little Lamb.C Moons’est aussi invitée dans de nombreuses performances en solo de McCartney, notamment dans les années 1989-1990 lors de sa tournée mondiale, où il l’interprétait souvent pendant les soundchecks.
La chanson a également traversé les décennies grâce à sa présence dans les compilations et les albums live. Elle figure par exemple dans le coffretWingspan: Hits And Historyde 2001 et dans l’album liveAmoeba Gigsorti en 2019.C Moonapparaît aussi dans l’albumOne Hand Clapping, une sorte de témoignage brut de la période créative de Wings au début des années 1970. Son intégration dans ces projets met en lumière l’importance du morceau dans le parcours musical de McCartney et de Wings.
« C Moon » : Une chanson toujours vivante, toujours « cool »
Aujourd’hui,C Moonreste un morceau emblématique du répertoire de Paul McCartney. Son rythme reggae, sa simplicité et son énergie brute continuent de captiver les fans. La chanson illustre à la fois l’esprit d’innovation et de fun qui caractérisait Wings, tout en étant un hommage à une époque où les genres musicaux se mélangeaient et s’influençaient mutuellement. Plus de 40 ans après sa sortie,C Moonconserve toute sa fraîcheur et son côté imperturbablement cool, à l’image de son créateur.
McCartney a su, par cette chanson, s’impliquer dans une aventure musicale qui allait au-delà du simple hommage à un genre. Il a su, comme toujours, faire de chaque influence un terrain d’expérimentation, transformantC Moonen un morceau unique qui, tout en restant fidèle à l’esprit du reggae, intègre également l’âme de Wings et de Paul McCartney, capable d’allier légèreté et profondeur dans une même chanson. Un morceau à la fois intemporel et résolument ancré dans son époque.