McCartney rend hommage au rock : « That’s All Right (Mama) », entre Elvis et les Beatles

Publié le 04 septembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Paul McCartney revisite le classique « That’s All Right (Mama) » sur l’album Choba B CCCP, hommage vibrant aux origines du rock ‘n’ roll. Entre l’influence d’Elvis Presley et les reprises des Beatles, l’interprétation de McCartney, fidèle à l’esprit du rock des années 50, souligne l’importance historique de ce morceau fondateur qui continue d’inspirer des générations entières.


Le rock ‘n’ roll a souvent été une source d’inspiration pour Paul McCartney, et son albumChoba B CCCP, sorti en 1988 exclusivement en Union soviétique avant d’être disponible mondialement en 1991, en est une éclatante démonstration. Parmi les titres enregistrés lors de ces sessions,That’s All Right (Mama)occupe une place particulière. Ce morceau, initialement écrit et interprété par Arthur Crudup en 1946 avant d’être immortalisé par Elvis Presley en 1954, incarne l’essence même du rock originel. En reprenant ce classique, McCartney rend hommage à ses influences tout en revisitant une page fondatrice de l’histoire musicale.

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Aux origines de « That’s All Right (Mama) »

Composé par le bluesman Arthur Crudup,That’s All Right (Mama)fut enregistré en septembre 1946 et commercialisé l’année suivante sous le label RCA Victor. Avec son rythme entraînant et son jeu de guitare distinctif, le titre, bien que relevant du blues, est souvent considéré comme une des pierres angulaires du rock ‘n’ roll.

Mais c’est véritablement Elvis Presley qui, en 1954, transforma ce morceau en un phénomène musical. Le 5 juillet de cette année-là, il enregistre une version beaucoup plus rapide aux studios Sun Records à Memphis. Sam Phillips, propriétaire des studios, donne alors l’acétate du morceau à des disc-jockeys locaux. L’enthousiasme est immédiat, et le titre devient le premier single officiel du King, vendu à 20 000 exemplaires. Ce succès marque le début de la fulgurante ascension d’Elvis Presley et l’explosion du rock ‘n’ roll.

Paul McCartney, fervent admirateur d’Elvis, ne cache pas son admiration pour cette période :

« Je l’ai préféré aux alentours de 1956, quand il était jeune, magnifique, avec une étincelle dans l’œil ; quand il avait de l’humour, et cette voix incroyable. C’était un chanteur extraordinaire. Essayez de chanter comme lui – nous l’avons tous fait – et il reste le maître. »(Anthology)

L’empreinte de « That’s All Right (Mama) » chez les Beatles

Bien avant que Paul McCartney ne l’interprète en solo,That’s All Right (Mama)avait déjà trouvé un écho chez les Beatles. Le groupe enregistre une version du titre le 2 juillet 1963 pour le cinquième épisode de l’émission radiophoniquePop Go The Beatles, diffusée sur la BBC. Cette performance s’inscrit dans la passion des Fab Four pour les standards du rock américain et leur envie d’en restituer l’énergie brute aux auditeurs britanniques.

Les Beatles avaient d’ailleurs intégré de nombreux morceaux d’Elvis à leur répertoire scénique dans leurs années de jeunesse, jouant notammentThat’s All Right (Mama)lors de leurs concerts à Hambourg et dans les clubs de Liverpool.

Paul McCartney et l’enregistrement de « That’s All Right (Mama) » en 1987

Le 20 juillet 1987, Paul McCartney décide de revisiter le rock de ses débuts et se lance dans une série d’enregistrements dans son studio Hog Hill Mill. Ce projet donnera naissance àChoba B CCCP, un album composé exclusivement de reprises de rock ‘n’ roll des années 1950.

Entouré de musiciens chevronnés – Mick Green à la guitare, Mick Gallagher aux claviers et Chris Whitten à la batterie – McCartney offre une interprétation dynamique et sincère deThat’s All Right (Mama). Son approche est fidèle à celle d’Elvis Presley : un tempo enlevé, une basse percutante et un chant habité, témoignage de son amour pour cette musique qui l’a tant marqué.

L’ensemble des titres enregistrés ce jour-là inclut d’autres classiques du rock et du rhythm and blues :Kansas City,Twenty Flight Rock,Lawdy Miss Clawdy,I’m In Love Again,Bring It On Home To Me,Lucille,I’m Gonna Be A Wheel Someday,Summertime,Just Because, etMidnight Special. McCartney ne cherche pas à révolutionner ces morceaux, mais plutôt à leur rendre hommage en leur insufflant l’énergie brute qui animait le rock à ses débuts.

L’impact et la réception de « That’s All Right (Mama) » surChoba B CCCP

Lors de sa sortie en 1988 en Union soviétique,Choba B CCCPest une exclusivité destinée au public soviétique, un clin d’œil à la passion des jeunes Russes pour le rock ‘n’ roll malgré les restrictions culturelles imposées par le régime. L’album connaît un énorme succès clandestin, devenant un symbole de l’influence occidentale sur la jeunesse soviétique.

Ce n’est qu’en 1991 que l’album est officiellement publié aux États-Unis et au Royaume-Uni, confirmant son statut d’album hommage au rock ‘n’ roll. SiThat’s All Right (Mama)n’est pas le titre le plus emblématique du disque, il incarne parfaitement l’esprit du projet : un retour aux racines, un amour indéfectible pour la musique qui a forgé McCartney et ses contemporains.

Un dernier regard sur l’héritage du morceau

En reprenantThat’s All Right (Mama), Paul McCartney ne se contente pas de saluer ses idoles, il rappelle aussi l’importance historique de ce morceau dans l’évolution de la musique populaire. Son interprétation s’inscrit dans un continuum, reliant le blues des années 1940, le rock effervescent des années 1950, l’explosion des Beatles dans les années 1960 et l’hommage d’un des plus grands musiciens du XXe siècle à cette tradition intemporelle.

Aujourd’hui encore,That’s All Right (Mama)demeure un jalon incontournable du rock ‘n’ roll, une passerelle entre les générations et un témoignage de l’influence durable d’Elvis Presley et d’Arthur Crudup. Paul McCartney, en l’interprétant dansChoba B CCCP, ne fait que réaffirmer cette vérité : le rock ‘n’ roll est éternel, et sa magie continue d’inspirer ceux qui osent s’y frotter.