En 1989, Ringo Starr fonde les All-Starr Band, réunissant des musiciens virtuoses comme Dr. John, Billy Preston ou Joe Walsh. Ce supergroupe dépasse les Beatles en technicité individuelle, mais ne rivalise pas avec leur cohésion créative. Ringo y brille en chef d’orchestre discret, plaçant la chanson au cœur du jeu. Un cas fascinant où virtuosité et histoire musicale se croisent sans s’opposer.
La formule claque et hérisse aussitôt le poil des fans : Ringo Starr a‑t‑il, au fil de sa carrière, intégré un groupe techniquement supérieur aux Beatles ? La provocation est assumée. D’un côté, un quatuor dont la cohésion, l’écriture et l’inventivité en studio ont redessiné la pop. De l’autre, des ensembles où Ringo a tenu le beat après 1970 — tournées ponctuelles, supergroupes d’un soir, et surtout son projet pérenne, Ringo Starr & His All‑Starr Band, lancé en 1989 et toujours actif. Poser la question, c’est obliger à définir le mot‑clé : technique. Parle‑t‑on de virtuosité individuelle, de polyvalence instrumentale, d’expérience scénique… ou de cette alchimie insaisissable qui transforme quatre musiciens en entité plus grande que la somme de ses parties ?
Notre réponse, au terme d’une enquête nourrie d’archives et de témoignages, tient en deux temps. Oui, Ringo a conduit — au moins une fois — un orchestre de solistes dont le niveau individuel agrège davantage de virtuoses que chez les Beatles de 1962‑1970. Non, aucun de ces attelages n’a approché la puissance collective et la vision esthétique du groupe de Liverpool au cœur de sa période Revolver‑Abbey Road. Entre ces deux vérités s’étend un paysage riche, où l’on croise Dr. John, Billy Preston, Joe Walsh, Nils Lofgren, Clarence Clemons, Levon Helm, Rick Danko… et, parfois, des invités de luxe, de Bruce Springsteen à Paul McCartney.
Sommaire
- Ringo, l’homme‑pont : du Beatle au chef d’orchestre populaire
- 1989 : la première All‑Starr, un casting délirant
- 1995, 2010 et au‑delà : la tradition des « surprises »
- « Techniquement meilleur » : de quoi parle‑t‑on exactement ?
- Ce que Ringo apporte à un orchestre de virtuoses
- Le précédent « Concert for Bangladesh » et autres supergroupes
- Beatles : la technique invisible
- La valeur ajoutée des All‑Starr : expérience, diversité, résilience
- Cas d’école : la section rythmique Helm/Danko vs la mécanique Beatles
- Verdict nuancé : oui pour la virtuosité cumulée, non pour l’œuvre
- Ringo, la popularité et l’accessibilité : un capital qui attire les géants
- Ce que cet argument change (ou pas) dans l’histoire des Beatles
- En guise d’épilogue : ce que Ringo nous apprend
- Coda : l’image qui reste
Ringo, l’homme‑pont : du Beatle au chef d’orchestre populaire
On réduit volontiers Ringo à son humour et à son charme — deux qualités bien réelles —, en oubliant son apport de batteur au langage singulier : jeu tourné vers la chanson, précision de la main gauche sur caisse claire, renversements de tom qui épousent la mélodie, sens de l’espace plus que de la démonstration. C’est précisément cette esthétique — servir la chanson — qui rend possible son projet post‑Beatles le plus durable : rassembler sur scène des All‑Stars et les faire jouer non pas comme une jam sans fin, mais comme un groupe qui respecte les chansons de chacun.
Inaugurée à l’été 1989, la bannière All‑Starr Band invente une formule simple et généreuse. Ringo assure la direction musicale, chante ses titres (« Photograph », « It Don’t Come Easy », « With a Little Help from My Friends ») et passe aux fûts quand les All‑Stars interprètent leurs classiques. Le public assiste ainsi à une soirée où les hits s’enchaînent, servis par leurs interprètes originaux — l’opposé d’un bal des sosies. La difficulté cachée : transformer un plateau de égos légitimes en section soudée, à l’écoute, capable de jouer « petit » quand il faut. Ringo excelle dans ce rôle de médiateur rythmique.
1989 : la première All‑Starr, un casting délirant
La première tournée nord‑américaine de 1989 aligne une distribution qui fait tourner la tête. Aux côtés de Ringo Starr, on trouve Dr. John au piano, Billy Preston aux claviers, Joe Walsh à la guitare, Nils Lofgren à la guitare et à l’accordéon, Rick Danko à la basse, Levon Helm à la batterie et à l’harmonica, Clarence Clemons au saxophone, et, pour compléter la charpente rythmique, Jim Keltner aux percussions et à la batterie. À elle seule, cette liste suffit à comprendre le débat : à l’échelle de la virtuosité individuelle, rarement un « groupe » de Ringo aura‑t‑il réuni autant de spécialistes de premier plan.
Chaque nom ouvre un chapitre. Dr. John apporte la science du piano de La Nouvelle‑Orléans, ses syncopes et ses gris-gris rythmiques, hérités de Professor Longhair. Billy Preston, souvent qualifié de « cinquième Beatle » pour sa contribution aux sessions de Get Back/Let It Be, incarne la polyrythmie heureuse du gospel et de la soul. Joe Walsh promène ses slide guitars et son sens du riff affûté chez les James Gang comme chez les Eagles. Nils Lofgren mélange agilité harmonique, touché chantant et discipline d’homme de groupe apprise auprès du E Street Band. Clarence Clemons, c’est la projection du sax façon arène ; chaque entrée est un solo en soi. Levon Helm et Rick Danko, ossature de The Band, condensent la souplesse sudiste : groove en sourire, polyphonie vocale, musicalité instinctive. Jim Keltner, discret mais cardinal des studios de Los Angeles, garantit la colle.
Sur scène, la rotation des lead vocals et l’alternance des répertoires rendent la mécanique gracieuse : on passe d’un blues créole de Dr. John à une envolée soul de Preston, d’un standard country‑rock de Walsh à une ballade d’americana signée Danko/Helm, Ringo reprenant le micro pour « Photograph » ou « Boys ». Et parce que la fête est totale, certains soirs voient surgir des invités impromptus : Bruce Springsteen en New Jersey pour des rappels tous‑feux‑tous‑flammes, Paul Shaffer aux claviers pour soutenir le second set, John Candy au tambourin avec un sérieux de comédien qui déclenche une ovation. L’iconographie de l’été 1989 ressemble à un rêve de fan… sauf qu’il est bien réel.
1995, 2010 et au‑delà : la tradition des « surprises »
Le modèle All‑Starr prospère parce qu’il accepte l’imprévu. En 1995, à Boston, Steven Tyler surgit en fin de concert pour prendre… la batterie et pousser les chœurs sur un final démonstratif. En 2000, à New York puis à Nashville, Andy Summers vient épauler la section de guitares le temps d’un clin d’œil. Le 7 juillet 2010, pour les 70 ans de Ringo, Paul McCartney traverse les coulisses du Radio City Music Hall et se joint au groupe pour un « Birthday » incandescent, avant un « With a Little Help from My Friends » final où défilent amis et complices : Joe Walsh, Jeff Lynne, Jim Keltner, Zak Starkey… La suite du projet, jusqu’aux années 2020, verra défiler Steve Lukather, Gregg Rolie, Todd Rundgren, Hamish Stuart, Richard Page, Colin Hay, Warren Ham et bien d’autres, dans une logique de rotation qui maintient le niveau musical tout en renouvelant les couleurs.
« Techniquement meilleur » : de quoi parle‑t‑on exactement ?
Le mot technique est piégeux. Appliqué au rock, il renvoie à plusieurs critères. D’abord la virtuosité pure : vitesse, complexité rythmique, précision métronomique, richesse du vocabulaire harmonique. Ensuite la polyvalence : capacité à passer d’un groove funk à une ballade folk, d’un shuffle à un rock martial. Enfin, la maîtrise scénique : endurance, gestion du son et du temps, faculté de s’ajuster en une répétition à un répertoire hétéroclite. Sur ces trois axes, la première All‑Starr Band de 1989 coche quasiment toutes les cases.
La comparaison avec les Beatles exige du contexte. Le quatuor de Liverpool n’était pas un club de super‑techniciens au sens où l’entendent les amateurs de fusion ou de prog. John Lennon n’était pas un guitar‑hero, George Harrison n’a jamais revendiqué la vélocité d’un virtuose, Paul McCartney a appris la basse « par la chanson » plus que par l’étude des méthodes, et Ringo a toujours privilégié le groove au déluge de roulements. Pourtant, ces quatre‑là possédaient une technique fonctionnelle d’une redoutable efficacité : justesse de tempo, intelligence de dynamique, sens des contre‑chants, inventivité harmonique. Surtout, ils savaient écrire, arranger et enregistrer de manière à faire oublier la virtuosité derrière l’idée musicale.
Dire que la All‑Starr 1989 est « techniquement meilleure » que les Beatles n’a de sens que si l’on parle de moyenne individuelle. Oui, l’agrégat Dr. John/Preston/Walsh/Lofgren/Clemons/Helm/Keltner contient, poste par poste, des spécialistes au palmarès et à la palette plus étendus que les Beatles jeunes. Non, cela ne signifie pas que cette All‑Starr surpasse la cohésion conceptuelle et la portée esthétique du quatuor de 1966‑1969. Mettre davantage de virtuoses dans la pièce ne garantit pas une œuvre plus révolutionnaire — on le sait depuis Sgt. Pepper : l’étincelle naît de la vision et du montage en studio autant que du nombre de notes par minute.
Ce que Ringo apporte à un orchestre de virtuoses
Pourquoi la formule All‑Starr fonctionne‑t‑elle au‑delà du clin d’œil ? Parce que Ringo impose une discipline de service de la chanson. Sa technique n’est pas démonstrative : c’est une grammaire de placement qui fait « respirer » les couplets et « pousser » les refrains, une manière de retenir pour mieux relancer. Face à des solistes habitués à l’avant‑scène, il rappelle l’essentiel : l’assise. Sa capacité à chanter juste en place, à dialoguer avec la caisse claire pendant qu’il mène un lead vocal, relève d’un artisanat exigeant. On ne conduit pas Dr. John et Preston avec un gros son de charley et des fill‑ins tonitruants ; on les accompagne en slalom, délicatement. Ringo sait faire.
Cette vertu d’effacement actif explique aussi l’aisance avec laquelle des invités de grande stature se greffent sur le show. Springsteen peut débarquer pour un « Get Back » électrique : l’horloge ne vacille pas. Steven Tyler peut passer derrière les fûts pour un rappel : l’orchestre se resserre et Ringo se mue en frontman bonhomme. Paul McCartney peut empoigner la basse sur « Birthday » : la machine embraye sans friction. C’est le privilège des groupes bien tenus.
Le précédent « Concert for Bangladesh » et autres supergroupes
On l’oublie parfois : bien avant la All‑Starr, Ringo a pris part à des formations éphémères d’un niveau terrifiant. Au Concert for Bangladesh en 1971, il tient la batterie aux côtés d’un plateau réunissant George Harrison, Eric Clapton, Bob Dylan, Leon Russell, Billy Preston, Klaus Voormann… Difficile de faire plus dense en termes de curriculum vitae personnels. Mais ces rassemblements avaient la logique d’un événement caritatif plus que celle d’un groupe pensé pour durer, avec répétitions, soundchecks, répertoire mixte et tournée au long cours. C’est précisément ce que la formule All‑Starr stabilise à partir de 1989.
On pourrait également citer la présence de Ringo à la fin des années 1970 et au long des années 1980 sur des sessions où fourmillent les virtuoses de Los Angeles, ou sa participation ponctuelle à The Last Waltz de The Band (instrument léger, apparition chorale). Là encore, il s’agit davantage de constellations que d’équipes cohérentes au sens strict. Pour juger de la question « techniquement meilleur », la durée et la stabilité comptent.
Beatles : la technique invisible
Comparer la technique des Beatles à celle d’un orchestre de session enrichi d’All‑Stars peut grossir un malentendu. La technique beatlesienne est fonctionnelle et souvent invisible. Paul McCartney invente des lignes de basse chantantes qui dessinent des contre‑mélodies (écoutez « Something », « Rain » ou « Dear Prudence »). George Harrison développe une précision de phrasé qui privilégie la justesse de note à la mitraille, sonne slide avec une évidence mélodique rare et enrichit la palette harmonique du groupe. John Lennon impose un rythme de guitare qui cimente les titres les plus hargneux (« Revolution ») comme les plus aérés (« All You Need Is Love »). Ringo, enfin, pense par chansons : ses breaks de « A Day in the Life », ses renversements sur « Ticket to Ride », le shuffle de « All My Loving » ou l’élasticité de « Rain » sont des cas d’école. Tout cela exige une maîtrise que la virtuosité visible ne suffit pas à décrire.
Dans l’univers des All‑Starr, on admire le savoir‑faire individuel. Chez les Beatles, on admire l’idée qui absorbe ce savoir‑faire et le transforme en forme nouvelle. Le débat « techniquement meilleur » se heurte à cette séparation : la technique n’a de sens qu’orientée par une vision.
La valeur ajoutée des All‑Starr : expérience, diversité, résilience
Revenons à la All‑Starr 1989 pour en détailler les atouts « techniques ». D’abord, l’expérience. La plupart des musiciens ont déjà connu les grandes salles, les tournées marathon, les studios de rang mondial. Cela se sent dans la gestion des dynamiques, des transitions et des raccords. Ensuite, la diversité stylistique. En une soirée, l’orchestre peut passer du R&B de La Nouvelle‑Orléans au country‑rock, puis glisser vers une soul gospelisée ou un rock de stade, sans perte de cohésion. Enfin, la résilience : le groupe encaisse l’imprévu — un invité, un changement de set‑list, un rappel prolongé — avec un sang‑froid professionnel.
À l’inverse, on peut pointer les limites de la formule. L’écriture nouvelle est quasi absente : la soirée repose sur des répertoires éprouvés, rarement sur des créations originales nées du collectif. La virtuosité individuelle, si elle éblouit, ne s’additionne pas toujours en langage commun. C’est la rançon d’un catalogue de tubes qui ne partagent pas tous la même esthétique ni les mêmes harmonies.
Cas d’école : la section rythmique Helm/Danko vs la mécanique Beatles
Pour prendre la mesure du mot « technique », confrontons deux sections rythmiques. D’un côté, Levon Helm/Rick Danko au sein de The Band : une pulsation souple, un placement en arrière du temps qui crée la sensation de glisse, un sens du chant commun qui permet les harmonies à trois voix avec Richard Manuel. De l’autre, la mécanique Beatles en 1968‑69 : Ringo au centre, Paul qui peut déplacer l’accent de basse pour épaissir le pont, George qui allège ou densifie ses arpèges selon la couleur du couplet, John qui verrouille la syncope. Les deux approches sont irréprochables techniquement, mais visent des effets différents. Là où Helm/Danko s’installent dans un groove gumbo, les Beatles montent des architectures au millimètre pour le studio.
Verdict nuancé : oui pour la virtuosité cumulée, non pour l’œuvre
Alors, Ringo Starr a‑t‑il joué dans un groupe « techniquement meilleur » que les Beatles ? Oui, si l’on parle de la somme des virtuosités individuelles réunies sous la bannière All‑Starr, notamment en 1989 : Dr. John, Billy Preston, Joe Walsh, Nils Lofgren, Clarence Clemons, Levon Helm, Rick Danko, Jim Keltner forment un plateau sans équivalent dans sa carrière. Non, si l’on entend par là une supériorité artistique globale : aucune All‑Starr — ni aucun supergroupe d’un soir — n’a produit une œuvre comparable, en ampleur et en influence, à ce que les Beatles ont inventé entre 1963 et 1970. Le génie de Liverpool tenait moins à la démonstration qu’à l’idée, à l’écriture et au montage.
Cette conclusion n’enlève rien au mérite de Ringo. Elle rappelle au contraire son intelligence musicale : comprendre que la technique est un moyen, pas une fin, et qu’un bon batteur vaut d’abord par sa capacité à faire jouer les autres. C’est ce qu’il fait, depuis 1989, nuit après nuit, avec une joie communicative qui demeure l’un de ses atouts les plus uniques.
Ringo, la popularité et l’accessibilité : un capital qui attire les géants
On le voit dans les films comme A Hard Day’s Night : la sympathie spontanée pour Ringo est un trait fondateur de la Beatlemania. Après la séparation, ce capital se transforme en attraction pour les musiciens. Jouer avec un ex‑Beatle n’est pas seulement une ligne brillante sur un CV ; c’est la promesse d’une tournée soignée, d’un public aimant et d’un chef d’orchestre qui ne tire pas la couverture à lui. Ainsi s’explique l’interminable file de participations et d’apparitions : Slash, Stevie Nicks, Pete Townshend, Jeff Lynne, Bonnie Raitt… La marque Ringo rassure. Et, sur scène, le musicien tient parole : il partage la lumière.
Ce que cet argument change (ou pas) dans l’histoire des Beatles
Affirmer que Ringo a joué, en 1989, avec un ensemble de spécialistes plus chevronnés que les Beatles n’entame en rien la légende du groupe. Cela replace les choses à leur place. Les Beatles n’ont jamais été un concours de virtuosité ; ils ont été une révolution esthétique et culturelle. La technique qui les portait était au service de cette révolution. À l’inverse, la All‑Starr Band est une célébration de répertoires déjà constitués, un spectacle de haut niveau, une leçon de musicalité partagée. Les deux objets ne se comparent que si l’on accepte de dissocier la virtuosité de l’œuvre — exercice utile, mais qui ne doit pas conduire à des classements ridicules.
En guise d’épilogue : ce que Ringo nous apprend
Au bout du compte, la question initiale nous ramène à l’essentiel. Ringo Starr est un batteur dont la technique — un mot parfois galvaudé — se mesure à la façon dont il fait sonner les autres. Ses fill‑ins ne sont pas là pour remplir ; ils articulent le récit. Son tempo ne sert pas la démonstration ; il respire avec la voix. Ses choix de cymbales, de timbre, de tension de peau traduisent une obsession du son utile. Cette éthique de service explique pourquoi des virtuoses acceptent d’être, sous sa houlette, des musiciens d’équipe.
Alors, si l’on tient absolument au titre, on dira que la première All‑Starr Band était « techniquement meilleure » que les Beatles au sens où elle réunissait davantage de champions dans chaque discipline. Mais si l’on cherche la magie qui change l’histoire, on reste chez les Beatles. Et Ringo, loin de s’en offusquer, semble le premier à le savoir : son projet n’est pas de corriger le passé, mais de prolonger la musique par la joie du jeu collectif.
Coda : l’image qui reste
On se souvient d’un rappel un soir d’août, dans un amphithéâtre du New Jersey : Ringo sourit derrière ses fûts, Clarence Clemons prend un chorus qui fait lever la foule, Joe Walsh décoche un riff signature, Dr. John laisse courir une main gauche qui déroule tout un lexique de La Nouvelle‑Orléans, Billy Preston répond à l’orgue, Levon Helm ajoute un contre‑chant, Rick Danko rayonne. Au centre, Ringo tient. Pas besoin d’en dire davantage : parfois, la technique, c’est cela — être l’axe autour duquel tout peut tourner sans vaciller.