On passe souvent des années à s’éloigner de soi sans même s’en rendre compte. On avance, on gère, on répond présent, on fait ce qu’il faut, on joue les rôles attendus : professionnel, parent, ami, partenaire, militant, aidant. Et puis un jour, on se lève, fatigué·e sans raison. éparpillé·e., comme absent·e à sa propre vie.Ce jour-là, on comprend que l’urgence n’est plus dehors. L’urgence, c’est de revenir : Revenir à soi. Non pas par égoïsme ou par fuite, mais par nécessité. Une urgence douce et intime : celle de reconnecter avec ce qui est vrai pour soi.
Tu ne t’es pas perdu·e. Tu t’es juste éloigné·e
Il y a des périodes où l’on se donne tellement aux autres, aux projets, aux combats, qu’on finit par se laisser de côté. Et c’est humain. La vie a ses vagues, ses appels, ses chaos. Mais il arrive un moment (une fatigue persistante, une lassitude, une perte de sens) où le cœur murmure : Reviens. Revenir à soi, ce n’est pas tout arrêter. C’est tout réajuster. C’est se souvenir qu’on est plus que ses rôles. C’est retrouver la personne qu’on était avant les attentes, les responsabilités, les “il faut”.
Écoute-toi comme tu écoutes les autres
On sait très bien être à l’écoute : des enfants, des collègues, des proches, des causes. Mais s’écoute-t-on soi-même avec autant d’attention, de bienveillance, de patience ? Souvent, non. Et pourtant, revenir à soi commence là : dans ce silence qu’on s’autorise. Celui où l’on n’attend plus de réponse immédiate. Celui où l’on s’assoit avec son ressenti, ses émotions, ses besoins. Celui où l’on se demande avec sincérité : Qu’est-ce qui me fait du bien ? Qu’est-ce qui m’alourdit ? Où est mon oui ? Où est mon non ?
Ce que tu cherches ailleurs est souvent déjà en toi
L’amour, la paix, la reconnaissance, la motivation… on les cherche dans des regards, des validations, des accomplissements. Mais parfois, le monde extérieur ne fait que refléter un vide intérieur qu’on n’a pas encore osé visiter. “Il y a un pouvoir immense à se permettre d’être vu·e et entendu·e, à assumer son histoire, à utiliser sa voix authentique.” Michelle Obama, The Light We Carry.
Je me rappelle quand j’étais étudiante en Anthropologie à l’Université de Douala, j’étais avide de médias, dévorant radio, télévision et presse écrite. Je voulais être une grande journaliste. Pas seulement compétente, mais éloquente, inspirante. Je rêvais d’ouvrir la bouche et de capter l’attention d’un public suspendu à mes mots. J’étais en quête de reconnaissance, d’approbation, d’une manière de briller, bref je voulais être vue.
Mais NON, ça ne fonctionne pas comme ça. Parce que j’étais justement très appréciée, mais il manquait toujours quelque chose. Je le cherchais avec acharnement : dans les livres, dans les audios, dans les conversations inspirantes. Tout semblait être comme l’horizon, toujours hors d’atteinte malgré mes efforts. Puis, petit à petit, grâce à la lecture continue, aux rencontres avec des personnes extraordinaires, la réponse a commencé à prendre forme. Et bien que cette réponse ne soit pas totalement limpide, aujourd’hui je sais où elle se trouve : à l’intérieur de moi.
Dans ce que Michelle Obama appelle « The Light We Carry. » Cette lumière, je l’ai découverte grâce à la lecture. Elle éclaire mon quotidien, elle est mon levier, et elle illumine aussi la vie des autres autour de moi.
Le vrai rayonnement commence à l’intérieur
Il est facile de vouloir briller à l’extérieur : convaincre, captiver, se faire aimer. Mais ce rayonnement n’est durable que s’il prend racine à l’intérieur. John Maxwell l’explique très bien dans Developing the Leader Within You : avant de pouvoir influencer les autres avec justesse, il faut apprendre à se connaître, à se maîtriser, à se diriger soi-même. “Le leadership est d’abord un travail intérieur. C’est la capacité à se gouverner, à se remettre en question, à agir en alignement avec ses valeurs.”
Et Dale Carnegie l’évoque avec puissance : la capacité à inspirer, à gagner la confiance des autres, commence par la capacité à être en paix avec soi-même.
Thomas d’Ansembourg va encore plus loin dans Du Je au Nous :
“C’est en activant le meilleur de soi que l’on peut vraiment contribuer à la société. L’intériorité n’est pas un luxe, c’est un acte citoyen.”
Revenir à soi, c’est donc aussi un acte de leadership. C’est choisir consciemment de se construire de l’intérieur pour mieux impacter l’extérieur.
Chaque retour à soi est un pas vers la guérison
Pas besoin de tout comprendre, de tout réparer, de tout réussir. Parfois, revenir à soi, c’est juste éteindre le téléphone. Marcher seul·e, pleurer, se faire un bon repas, dire non, refaire son lit. Dire merci. Ces petits gestes sont grands. Ils disent : Je suis là. Pour moi. Avec moi. “Vous ne pouvez pas toujours contrôler ce qui vous arrive, mais vous pouvez toujours choisir ce que vous en faites. ”Brian Tracy, Le pouvoir de la discipline personnelle.
Chaque geste de retour vers soi est un acte de soin, un rappel que l’on est vivant·e., présent·e et digne de paix.
En vérité…
Revenir à soi, ce n’est pas fuir le monde. C’est choisir de le traverser en étant entier·e., ancré·e., aligné·e., authentique.
Et toi, à quand remonte la dernière fois où tu t’es senti·e pleinement vivant·e ?