George Harrison dévoile les débuts des Beatles : l’interview retrouvée qui remet les pendules à l’heure

Publié le 07 septembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Une interview inédite de George Harrison, tournée au milieu des années 1990, éclaire avec une précision tranquille les débuts des Beatles. De la légende « les groupes de guitares, c’est fini » au refus de Decca, Harrison raconte comment l’échec catalyse l’élan vers EMI et George Martin. Il décrit les enregistrements payés de leur poche, l’effet Hambourg, la transition Pete Best–Ringo Starr (et l’œil au beurre noir), puis les séances de 1962 autour de « Love Me Do », parfois en mono, où l’endurance compte autant que l’inspiration. En filigrane, Anthology 1 apparaît comme un manifeste éditorial, prolongeant l’atelier par « Free as a Bird » et « Real Love ». Surtout, il rappelle qu’Anthology n’est pas un coffre-fort mais un outil de transmission, qui montre et explique. L’archive démystifie sans désenchanter.


La mise en ligne d’un entretien inédit de George Harrison consacré à la genèse d’Anthology 1 redonne une couleur très concrète aux premières années des Beatles. Filmé au milieu des années 1990, ce témoignage voit « le Beatle philosophe » revenir, avec son humour placide et sa précision coutumière, sur les étapes qui ont mené des Quarrymen aux studios d’Abbey Road. L’actualité prête à ce document une résonance particulière : la redécouverte de ces propos intervient alors que l’œuvre du groupe continue d’être réévaluée, rééditée, et replacée dans une histoire longue, faite autant de hasards et de sueurs que de coups de génie. Dans ce contexte, la voix de Harrison agit comme un contrechamp précieux : elle démystifie sans désenchanter.

Sommaire

  • « Les groupes de guitares, c’est fini » : une phrase, un mythe, une réalité
  • De Decca à la ténacité : un refus qui catalyse
  • Avant Abbey Road : des disques payés de leur poche et l’entêtement d’apprendre
  • Anthology 1 : un panorama, un manifeste
  • « Free as a Bird » et « Real Love » : la réunion par la chanson
  • L’ombre et la lumière des archives : quand le mono dicte la loi
  • Abbey Road en 1962 : « Love Me Do » entre mémoire et rectifications
  • Un œil au beurre noir et des nerfs à vif : la transition de Pete Best à Ringo Starr
  • Vingt prises et les doigts qui brûlent : le concret d’une journée de studio
  • Les Quarrymen comme matrice : de la reprise à l’écriture
  • Humour, pudeur et précision : un art de raconter
  • Anthology comme outil de transmission : ce que l’on montre, ce que l’on explique
  • La frontière mouvante entre mythe et document
  • Brian Epstein et George Martin : deux pivots, deux méthodes
  • De la scène au studio : l’effet Hambourg
  • Réévaluer le « hasard » : quand l’erreur devient boussole
  • Après Anthology : le legs et ses prolongements
  • L’amitié retrouvée : ce que la musique répare
  • Ce que cet entretien change pour l’histoire des Beatles
  • Un miroir fidèle, sans maquillage

« Les groupes de guitares, c’est fini » : une phrase, un mythe, une réalité

L’un des passages qui frappent d’emblée est la réminiscence, par Harrison, de ce verdict lapidaire adressé à Brian Epstein : « les groupes de guitares sont dépassés ». Qu’importe, ici, de savoir qui prononça précisément ces mots ; l’important est ce qu’ils révèlent. Au tout début de 1962, quand les Beatles frappent à la porte des labels londoniens, le paysage britannique reste encore attaché à un show-business très variétés. L’électrification rock’n’roll y est perçue, par certains décideurs, comme une mode américaine vouée à refluer. Entendre Harrison raconter la scène, sourire en coin, c’est mesurer la distance entre l’intuition de quatre jeunes de Liverpool et l’aveuglement passager d’une industrie pourtant aguerrie. La petite phrase a fait florès parce qu’elle résume une tension universelle : l’innovation ne s’identifie pas toujours au moment où elle frappe.

De Decca à la ténacité : un refus qui catalyse

Le récit des auditions infructueuses occupe une place centrale dans l’entretien. Début 1962, les Beatles enregistrent chez Decca une quinzaine de titres censés convaincre la maison de disques. Ils s’y présentent après des mois de rodage intensif, nourris par les nuits éprouvantes du Star-Club à Hambourg et par les concerts de la région de Merseyside. Le refus tombe, net. Decca préfère signer Brian Poole and the Tremeloes, formation jugée plus « locale » et donc plus maniable. Plutôt que d’alimenter la rancœur, Harrison choisit, dans l’entretien, la distance amusée : à ses yeux, cette décision a sans doute été l’« erreur » la plus spectaculaire d’une industrie qui en a connues. Ce renversement d’humeur dit quelque chose de la trajectoire psychologique du groupe : l’échec momentané devient une énergie. Un refus n’interrompt pas la marche ; il la redirige.

Avant Abbey Road : des disques payés de leur poche et l’entêtement d’apprendre

Harrison insiste sur le fait que l’histoire commence bien avant les couloirs d’EMI. Longtemps avant d’être admis dans le saint des saints d’Abbey Road, le groupe s’est frotté à l’enregistrement « direct sur disque » dans un studio liverpuldien. Ces séances modestes, financées par le groupe lui-même, ne visaient pas à conquérir le monde : elles servaient d’atelier, de miroir, et parfois de carte de visite. Le détail est fondamental pour prendre la mesure du travail : avant les trophées, il y a l’économie de moyens, l’apprentissage de la prise de son, et cette discipline improvisée qui consiste à se réécouter, à réessayer, à durcir les doigts et les arrangements. Cet artisanat explique l’assurance qui transparaît déjà au moment des auditions, et il prépare, silencieusement, la suite des événements.

Anthology 1 : un panorama, un manifeste

Paru à l’automne 1995, Anthology 1 rassemble soixante plages couvrant les débuts des Beatles, des démos aux captations radio en passant par des versions alternatives. C’est, pour Harrison, un chantier colossal : il s’agit d’épuiser presque systématiquement les sources disponibles pour dresser la carte la plus fidèle possible des années de formation. L’album inclut des moments qui, pour le grand public, furent de véritables révélations : une version primitive de « That’ll Be the Day », des extraits de la fameuse session Decca, des titres joués au BBC et des premiers essais chez EMI. Le projet possède une double valeur. Documentaire, d’abord, parce qu’il rend audibles des jalons longtemps restés dans l’ombre. Pédagogique, ensuite, parce qu’il montre aux auditeurs comment une identité sonore se forge, par essais, erreurs et corrections.

« Free as a Bird » et « Real Love » : la réunion par la chanson

Au cœur d’Anthology, deux chansons inédites, « Free as a Bird » puis « Real Love », offrent aux survivants — George Harrison, Paul McCartney et Ringo Starr — l’occasion de recomposer autour de maquettes laissées par John Lennon, transmises par Yoko Ono. Dans l’entretien, Harrison ne s’arrête pas à la dimension spectaculaire d’un « retour » ; il insiste sur la sensation humaine qui domine ces séances : rejouer ensemble, retrouver des réflexes, confronter des idées d’arrangements, se réentendre. La technique, fut-elle sophistiquée, n’est jamais présentée comme un gadget ; elle sert un but simple, presque humble : rendre audible, dans les meilleures conditions, la voix d’un ami disparu et l’inscrire dans un présent partagé. Le geste, pour les fans, a la force d’un symbole. Pour les musiciens, il redevient ce qu’il a toujours été : un travail d’atelier orienté vers une chanson.

L’ombre et la lumière des archives : quand le mono dicte la loi

L’un des passages les plus instructifs de l’entretien tient dans ces explications presque techniques que Harrison glisse au détour d’une anecdote. Au fil des fouilles, les trois musiciens découvrent que beaucoup d’enregistrements des premiers temps ont été réalisés en mono, parfois sans que subsistent les bandes multipistes. Ce constat a des conséquences directes : moins de matière à remixer, moins de « prises » alternatives conservées, et, par conséquent, un itinéraire éditorial plus contraint. Harrison raconte sans pathos que nombre d’outtakes ont été purement et simplement jetés avant que la célébrité ne change l’échelle de valeur des archives. L’aveu n’a rien de spectaculaire ; il rappelle simplement que la conservation n’obéissait pas, au tournant des années 1960, à la même logique qu’aujourd’hui. D’où l’intérêt, presque archéologique, de ramasser ce qui peut l’être et de l’ordonner avec soin.

Abbey Road en 1962 : « Love Me Do » entre mémoire et rectifications

Le retour aux séances de 1962 occupe une place centrale dans la mémoire de Harrison. Il se souvient d’un premier passage aux studios d’EMI en juin, alors que Pete Best tient encore les baguettes, et du choix, quelques mois plus tard, de rejouer « Love Me Do » avec Ringo Starr fraichement intégré. Le récit croise la petite et la grande histoire : d’un côté, l’arrivée de George Martin, producteur à la fois rigoureux et expérimentateur ; de l’autre, la prudence d’un label prêt à faire appel à un batteur de session, Andy White, pour sécuriser la prise. Harrison en rit volontiers : il rappelle qu’une des versions de « Love Me Do » a circulé sans Ringo à la batterie. Les discographes savent que la chronologie exacte des différentes prises est un terrain complexe ; l’intérêt du témoignage tient moins à la lettre qu’à l’esprit. On y entend un jeune groupe qui apprend à naviguer en milieu professionnel, entre exigences de studio et affirmation progressive d’un son propre.

Un œil au beurre noir et des nerfs à vif : la transition de Pete Best à Ringo Starr

La période d’août à octobre 1962 est marquée par une tension palpable à Liverpool. Le remplacement de Pete Best par Ringo Starr a choqué une partie du public local, attachée au visage historique du batteur. Harrison se remémore une échauffourée qui lui vaut un œil au beurre noir. Ce détail, presque trivial, dit pourtant beaucoup : au moment où les Beatles commencent à cristalliser une énergie nationale, leur quotidien reste celui d’un groupe provincial qui livre bataille sur des scènes exiguës et dans des clubs aux loyautés jalouses. La décision — artistique, collective — de changer de batteur n’est pas un simple « casting » ; elle est vécue, par certains, comme une trahison. Le fait que Harrison place cet épisode à côté des séances à Abbey Road illustre la porosité entre la rue et le studio. Le son des Beatles se fabrique autant dans la ferveur, parfois rugueuse, du Cavern Club que sous les micros d’EMI.

Vingt prises et les doigts qui brûlent : le concret d’une journée de studio

Un autre trait de l’entretien fait sourire : la remarque sur les cordes de guitare « lourdes » et l’action très haute, encore courantes au début des années 1960. Pour Harrison, enchaîner une vingtaine de prises sur un titre comme « Love Me Do » n’est pas une abstraction ; c’est une épreuve physique. L’image des doigts endoloris rappelle que le studio n’a rien d’éthéré. En 1962, les musiciens s’accommodent d’un matériel moins paramétrable qu’aujourd’hui, et la marge d’erreur se corrige par la répétition plus que par l’édition. Ce réalisme prosaïque nuance la légende : à la virtuosité supposée s’ajoute une capacité d’endurance, un entêtement presque sportif qui explique, pour partie, la précision rythmique et la cohésion du groupe dès ses premiers singles.

Les Quarrymen comme matrice : de la reprise à l’écriture

Lorsque Harrison évoque « That’ll Be the Day » et d’autres standards entretenus au répertoire, il recompose la carte de l’apprentissage. Les Quarrymen, formation antérieure aux Beatles, fonctionnent comme un laboratoire où se rodent les postures, les placements vocaux, les harmonies. Jouer des reprises, c’est d’abord apprendre à écouter : comment placer une voix au-dessus d’un shuffle, comment caler deux guitares rythmiques sans se marcher sur les pieds, comment laisser de l’air à la contrebasse ou à la batterie. Cette mémoire d’oreille irrigue les premières compositions de Lennon-McCartney. On comprend mieux, à la lumière de ces souvenirs, pourquoi la transition vers un répertoire majoritairement original se fait sans heurts : l’oreille a été entraînée, l’outil est prêt.

Humour, pudeur et précision : un art de raconter

La manière dont Harrison raconte ces années vaut autant que les faits eux-mêmes. Il avance par petites touches, sans emphase, souvent avec un humour discret. Il ne se met pas au centre ; il ménage la place de ses partenaires et témoigne d’un sens scrupuleux du collectif. Le ton n’est ni revanchard ni triomphal. Il y a, dans sa parole, la conscience que le destin des Beatles tient à la conjonction de travail, d’opportunités saisies et d’un contexte culturel prêt à se transformer. Le résultat, c’est un récit qui démythifie sans dégonfler la magie : on n’y perd pas l’éblouissement, on y gagne de la matière.

Anthology comme outil de transmission : ce que l’on montre, ce que l’on explique

L’entretien rappelle utilement que la série Anthology n’était pas seulement un coffre aux trésors pour collectionneurs. C’était un outil de transmission. En révélant des essais, des versions avortées, des captations imparfaites, le projet offrait un cours accéléré de musicologie populaire. Comprendre pourquoi une version fonctionne mieux qu’une autre, où se situe le point d’équilibre entre tempo et attaque, pourquoi tel pont harmonique éclaire tout à coup un refrain : tout cela devient concret quand on peut comparer. Harrison, qui a toujours cultivé un rapport réfléchi à la musique, insiste sur cet aspect. Montrer n’est pas tout ; il faut expliquer sans alourdir, donner des clés d’écoute et replacer chaque fragment dans un cheminement.

La frontière mouvante entre mythe et document

Ce que l’on appelle « l’histoire des Beatles » est un terrain en mouvement. Des bandes refont surface, des documents s’ouvrent, des témoins se contredisent, des confusions se dissipent. L’intérêt d’un témoignage comme celui de Harrison n’est pas d’apporter la version définitive des débuts ; c’est d’ajouter de la granularité. Le mythe a besoin de documents pour respirer. Et inversement, le document n’atteint sa pleine portée que s’il s’adosse à un récit qui fait sens. La série Anthology avait, dès 1995, épousé cette tension : donner à voir et à entendre, mais aussi rappeler qu’une mémoire collective se réécrit au fil des trouvailles et des vérifications.

Brian Epstein et George Martin : deux pivots, deux méthodes

Le fil des souvenirs met en lumière la complémentarité entre Brian Epstein et George Martin. Le premier, imprésario visionnaire, structure l’offre, impose le professionnalisme, donne au groupe la confiance nécessaire pour affronter Londre et ses codes. Le second, producteur et arrangeur d’une rare finesse, traduit cette ambition en langage sonore. L’un organise le cadre, l’autre modèle la forme. Quand Harrison raconte la présence d’un batteur de session ou la discussion autour d’un tempo, il parle, sans le dire, de cette méthode partagée : essayer, comparer, décider rapidement, et faire des chansons qui tiennent debout à la radio comme sur scène.

De la scène au studio : l’effet Hambourg

Impossible de saisir l’assise des Beatles en 1962 sans revenir à Hambourg. Les nuits interminables, le répertoire élargi, l’obligation de maintenir l’attention d’un public difficile ont créé des réflexes presque physiques. On joue plus vite quand il le faut, plus posé quand l’ambiance l’exige ; on apprend à lire la salle et à se répondre d’un clin d’œil. Ce capital se convertit en efficacité une fois en studio. Quand Harrison évoque les prises en série et les doigts qui chauffent, il ne fait pas que rappeler une rudesse matérielle ; il décrit un groupe endurci par la scène, capable de tenir la note quand la pression monte.

Réévaluer le « hasard » : quand l’erreur devient boussole

L’anecdote de la formule sur les « groupes de guitares » a souvent été brandie comme un punchline. L’entretien invite à la lire autrement. Ce type d’erreur, dans l’industrie culturelle, est presque structurel : il dit la difficulté d’anticiper ce qui va capturer l’imaginaire. Pour les Beatles, l’échec de Decca ne fut pas une fin de partie mais un accélérateur. Le groupe se tourne très vite vers EMI, rencontre George Martin, et transforme une déconvenue en levier. Cette mécanique — transformer l’obstacle en trajectoire — est l’un des enseignements implicites du récit de Harrison. Elle explique aussi pourquoi la légende reste si parlante aujourd’hui : on y retrouve un schéma universel, celui d’une persévérance qui reconfigure les lignes.

Après Anthology : le legs et ses prolongements

Si l’entretien porte sur la préparation d’Anthology 1, il résonne au-delà. Le geste de 1995 a ouvert une voie : proposer au grand public un accès organisé aux coulisses de la création. Cette méthode a rejailli sur quantité de rééditions, de films, de restaurations. En ce sens, Harrison, McCartney et Starr n’ont pas simplement ressuscité des archives ; ils ont défini un standard éditorial. Les générations suivantes y ont trouvé un modèle pour raconter leur propre histoire, et les auditeurs, un cadre pour écouter autrement. La puissance de la série tient à ce double effet : elle satisfait la curiosité historique tout en consolidant la vitalité d’un catalogue qui continue à vivre.

L’amitié retrouvée : ce que la musique répare

Un fil, plus intime, traverse l’entretien : le plaisir de se retrouver. Harrison le dit avec simplicité : après des années parfois tumultueuses, le plus précieux fut peut-être de retrouver un dialogue clair, d’égal à égal, avec McCartney et Starr. Ce n’est pas un détail sentimental ; c’est une condition d’écoute. La réussite de « Free as a Bird » et de « Real Love » ne se mesure pas seulement à l’aune des classements ; elle tient à cette reconstitution d’un espace commun, où chacun peut proposer, contredire, affiner. La musique, ici, n’est pas un prétexte ; elle est le milieu où l’amitié respire à nouveau.

Ce que cet entretien change pour l’histoire des Beatles

Qu’apporte, en définitive, cette archive aux lecteurs et auditeurs d’aujourd’hui ? D’abord, une densité sensorielle : on entend la voix de Harrison, son rythme, sa pudeur. Ensuite, une précision chronologique qui aide à démêler certaines idées reçues. Enfin, une pédagogie de la fabrique : par l’exemple, Harrison explique comment un groupe passe de la scène au studio, de la reprise à l’écriture, du tâtonnement à la décision. On sort de l’écoute moins tenté par l’hagiographie, plus attentif aux gestes qui font la différence. En cela, l’entretien s’inscrit parfaitement dans la philosophie d’Anthology : raconter l’histoire par les matières qui l’ont faite — bandes, photos, souvenirs — et par la façon dont elles dialoguent.

Un miroir fidèle, sans maquillage

L’entretien retrouvé de George Harrison n’est pas une révélation spectaculaire. C’est mieux : un miroir fidèle, sans maquillage, des premières années des Beatles. On y retrouve les éléments que l’on croyait connaître — Decca, Abbey Road, Love Me Do, Brian Epstein, George Martin, Pete Best, Ringo Starr — mais remis en perspective par quelqu’un qui y était, qui a senti la tension dans les salles, le grain des cordes trop dures, la nervosité des couloirs d’EMI. À l’heure où l’héritage du groupe continue d’être revisité, un tel document a une utilité rare : il rend l’histoire tangible, il rappelle que sous les grandes dates se trouvent des journées ordinaires, des essais, des compromis, des éclats de joie et de frustration. Et il nous offre, une fois encore, ce qui fait la singularité de la saga Beatles : la rencontre durable entre l’exigence et l’élan.