Notre invitée: Valérie Bonnier - Toutes les rousses ne sont pas des sorcières

Par Vanina Delobelle
Valérie Bonnier m'a accordé cette interview pour la sortie de son premier roman Toutes les rousses ne sont pas des sorcières.

Ce roman est sélectionné pour le prix du premier roman au Salon du livre de Besançon.


Pourquoi ce livre et un tel titre? Quelle est la petite histoire qui vous amenée à écrire ce livre?
Un mot me vient d'emblée à l'esprit: la liberté!
Libre d'être, d'écrire, de raconter l'histoire que moi-même je voudrais lire, sans contrainte, sans limite, ni censure d'aucune sorte. La liberté de mêler l'humour, l'amour, la sensualité et l'émotion dans un même récit.
Le plaisir de faire partager aux lectrices mon univers, ma singularité... à travers une héroïne atypique qui ressemble ou sommeille en chacune des femmes.
Rousse?... parce que je le suis. C'est une particularité qui peut faire souffrir, mais devient une force quand on l'utilise. Sorcière?... sans doute à cause de mon caractère indiscipliné, mon goût pour l'insolence, et l'espièglerie. Le sérieux, la tristesse, l'ennui, la bêtise, la méchanceté me font fuir... dans l'humour évidement!
Le titre, bien sûr, est une métaphore: Toute femme amoureuse ne devient-elle pas une ensorceleuse? Toute femme ambitieuse qui veut prendre son destin en main n'utilise-t-elle pas son "charme?"

Du théâtre au cinéma puis maintenant à la littérature. Etait-ce pour vous simplement le prolongement naturel d'une carrière d'écriture?
Non, un retour à moi-même!
Pour un véritable auteur, toute forme d'écriture est savoureuse, obsédante, et jouissive. Je dirais plutot qu'à travers une carrière de scénariste, d'auteur de théâtre, écrire un roman c'est honorer la vérité, retrouver l'essentiel, loin du formatage auquel l'audiovisuel nous contraint. Je maîtrise depuis fort longtemps la technique scénaristique, forme très particulière de l'écrit puisqu'un scénario n'est qu'une étape d'un film, comme une pièce de théâtre reste désincarnée sans comédiens.
Un roman, à l'inverse, est une oeuvre aboutie, même si chacun la lit et s'en empare avec sa propre sensibilité.
L'écriture littéraire oblige à la sincérité. Un romancier reste maître de son histoire, seul responsable de ses propos, c'est impudique mais authentique. De plus, le roman offre cette liberté de retrouver l'écriture à l'imparfait, au passé simple, jouer avec le style, le rythme de la langue française, la concordance des temps (ce qui est impossible dans un scénario) et surtout, de trouver l'intimité avec les lectrices. Pas d'intermédiaire, aucune entrave entre elles et moi. A travers un roman, on partage des secrets féminins, des fous-rires, des émotions... et me voilà avec de nouvelles amies, des complices même... qui m'écrivent, me chuchotent des confidences lors des dédicaces, et dont les yeux brillent de satisfaction. Quel plaisir! Quelle récompense! J'aime toutes ces femmes à qui j'ai offert un peu de bonheur, voire même insufflé un début d'énergie... tout en les distrayant.

Votre premier roman "Toutes les rousses ne sont pas des sorcières" vous a-t-il donné le goût pour une prochaine tentative?
J'ai cinq romans en tête!
Mais il faut demander cela à mon éditeur. Cependant, je ne pourrais pas me passer d'écrire des scénarios, et le théâtre comme la danse sont mes premières passions. Vous voyez, l'éclectisme favorise l'imaginaire, mais c'est un brin névrotique. Trop écrire éloigne de la réalité. La réalité nourrit l'écriture. On n'en sort pas. Ceci dit, mon livre fera sans doute l'objet d'un film cinéma... J'ai déjà quelques propositions.

Que représente pour vous ce livre, pourriez-vous nous en parler avec vos mots?
Ce roman est un hymne à la femme d'aujourd'hui. Un éloge de la liberté féminine. Un hommage à l'amour... et partant, aux hommes amoureux.
A travers cette histoire d'amour passionnée et passionnelle, au coeur de l'ambition professionnelle de mon héroïne, au fil de son aventure dans un monde trop consensuel, elle balaie les préjugés d'un d'humour corrosif. Fantasque, excentrique, drôle, imprévisible, elle est tonique, énergique, moulée dans des robes qu'elle dessine et qui feront peut-être sa gloire et son succès. Elle a vaincu ses peurs, elle rit, fait l'amour avec gourmandise. C'est une combattante, pas une victime. J'aime quand les femmes révèlent au grand jour leur énergie, revendiquent leur sexualité, sans dissimuler leur sensibilité.
L'enfance de mon héroïne détermine son caractère... les révélations de cette enfance distillées au fil du récit font mieux comprendre le tempérament explosif de l'héroïne. La fin est... inattendue. La liberté des femmes passe souvent par l'amour d'un homme, mais aussi par l'acceptation de soi. Le héros représente l'homme idéal... l'homme que nous aimerions toutes rencontrer. Et l'amitié féminine, au coeur de cette histoire, donne du souffle et de l'élégance à cette histoire: Indulgence, générosité, sarcasme, ironie... l'héroïne se découvre un peu justicière, en se révélant à elle-même. Pour faire une analogie avec "Autant en emporte le vent", elle s'apparente davantage à Scarlett qu'à Mélanie. Elle a quelque chose de "Belle du seigneur" qui serait allé rôder chez Emma Bovay en passant par les courtisanes balzacienne... tout en ayant regardé avec mansuétude les pathologies féminines décrites par Arthur Schnitzler.
A travers cette histoire drôle et tendre, la question reste posée: qu'est-ce que le destin? Une femme peut-elle tout réussir? L'amour, l'ambition... est-ce compatible?
Il vaut mieux en rire et... vivre intensément!


Merci à Valérie pour cet entretien exclusif et rendez-vous sur le site www.toutes-les-rousses.fr pour les dates et lieux des dédicaces de Valérie Bonnier.

Vanina Delobelle