Paul McCartney et « Brown Eyed Handsome Man » : un hommage électrisant à Chuck Berry

Publié le 12 septembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Avec Run Devil Run (1999), Paul McCartney rend hommage aux pionniers du rock’n’roll, notamment à Chuck Berry avec sa reprise de « Brown Eyed Handsome Man ». Enregistrée aux studios Abbey Road, cette version énergique et spontanée capture l’essence brute du rock des années 50. Soutenu par une équipe de musiciens talentueux, McCartney insuffle une nouvelle intensité à ce classique, tout en restant fidèle à l’héritage de Berry, symbole de la culture et du mythe américain.


Un Voyage dans l’Histoire du Rock’n’Roll

Le 4 octobre 1999, Paul McCartney dévoilaitRun Devil Run, un album qui marquait une étape singulière dans sa carrière. Ce disque, enregistré en grande partie dans les studios d’Abbey Road, se distingue par sa plongée dans l’univers du rock’n’roll des années 50. Parmi les titres phares, « Brown Eyed Handsome Man », une reprise d’un classique de Chuck Berry, incarne à la fois une tribute à une légende du rock et une illustration de la capacité de McCartney à réinterpréter des chansons avec une énergie nouvelle, tout en honorant leurs racines.

Ce morceau, écrit par Chuck Berry en 1956, a immédiatement marqué l’histoire du rock. Il apparaît pour la première fois en face B du singleToo Much Monkey Business, avant de figurer sur le premier album de Berry,After School Session, en 1957. Dès sa sortie, la chanson capte l’imaginaire collectif avec son mélange unique de poésie réaliste et de rythmique entraînante. Les paroles, à la fois drôles et subversives, parlent de l’histoire d’un homme séduisant et charismatique, un « brown eyed handsome man » (l’homme aux yeux bruns), qui semble incarner une sorte de mythe de l’Amérique, entre culture populaire et clichés.

La Version McCartney : Un Retour aux Racines

Paul McCartney, tout comme ses contemporains des années 60, a été fortement influencé par Chuck Berry. La fascination de McCartney pour Berry est bien documentée, et il n’a jamais caché son admiration pour l’artiste, qui a non seulement façonné le rock’n’roll mais également l’univers lyrique auquel McCartney est resté fidèle tout au long de sa carrière. C’est donc tout naturellement que McCartney a décidé de reprendre « Brown Eyed Handsome Man » dans un album aux accents vintage,Run Devil Run. L’album, qui fait la part belle aux reprises de classiques du rock’n’roll, est un véritable retour aux sources pour l’ex-Beatles, qui a toujours été imprégné de cette époque.

« Brown Eyed Handsome Man », enregistré le 5 mars 1999, bénéficie d’une production efficace et sans fioritures. L’équipe d’enregistrement, composée de Paul McCartney lui-même, du guitariste Mick Green, du bassiste Geraint Watkins, et du batteur Dave Mattacks, a su capturer l’énergie brute de la chanson. L’atmosphère qui se dégage de cette version est plus immédiate, plus sauvage que les autres morceaux de l’album. C’est un hommage vibrant, mais aussi une réinterprétation moderne d’un classique intemporel.

L’Esprit de Chuck Berry, Toujours Vivant

Ce qui frappe dans la version de McCartney, c’est la manière dont il parvient à insuffler son propre style tout en restant fidèle à l’esprit de la chanson. « Brown Eyed Handsome Man » est un véritable morceau de bravoure pour McCartney, qui y déploie sa voix puissante, sa maîtrise du piano, et sa virtuosité à la basse. Accompagné par des musiciens exceptionnels, il crée une version qui rend hommage à Chuck Berry tout en restant résolument contemporaine. Le son est plus crue, plus directe, mais la magie de la chanson reste intacte.

Paul McCartney a souvent évoqué dans ses interviews combien il appréciait l’écriture de Chuck Berry, notamment la façon dont il parvenait à capturer l’essence de l’Amérique à travers des récits simples mais puissants. Dans l’interview duBest Buy bonus interview disc, il confiait sa fascination pour les paroles de Berry : « ‘Flying across the desert in a TWA, I saw a woman walking ’cross the sand. She’d been walking thirty miles en route to Bombay.’ Where’s that come from, you know? But I just love it. » La capacité de Berry à tordre la réalité, à l’enrichir de détails pittoresques, tout en maintenant une fraîcheur et une immédiateté dans ses textes, a toujours fait l’admiration de McCartney.

Un Hommage à la Culture Populaire Américaine

« Brown Eyed Handsome Man » ne se contente pas d’être une chanson de séduction, elle est aussi une sorte de manifeste sur la diversité et l’ambiguïté de l’Amérique. À travers la figure de l’homme aux yeux bruns, Berry compose un portrait d’un héros imparfait, à la fois populaire et rebelle. McCartney, avec sa version de 1999, n’essaie pas de réinventer la chanson, mais plutôt de lui redonner vie, de la projeter dans un nouveau contexte, tout en conservant les éléments qui en ont fait l’âme.

L’intérêt de « Brown Eyed Handsome Man », c’est aussi cette juxtaposition entre une vision romantique et une vision plus désabusée de la culture américaine. Cette dialectique entre l’idéal et le réel est au cœur de l’héritage de Chuck Berry, et c’est ce que McCartney parvient à restituer avec brio.

Un Enregistrement Marqué par la Spontanéité

L’enregistrement de la chanson en 1999 est aussi un exemple de la spontanéité qui a toujours animé McCartney et ses collaborateurs. L’équipe d’Abbey Road a enregistré plusieurs morceaux deRun Devil Runen une seule journée, et la version de « Brown Eyed Handsome Man » est l’une des perles de cette session. L’énergie brute et la cohésion entre les musiciens font de cet enregistrement une réussite. En particulier, la contribution du guitariste David Gilmour, qui apporte sa touche unique à la guitare, élève le morceau et lui donne un caractère distinctif tout en restant fidèle à l’esprit originel de Chuck Berry.

À l’époque de l’enregistrement deRun Devil Run, McCartney sortait d’une période difficile marquée par la mort de sa femme, Linda. L’album a été perçu comme un moyen pour lui de se reconnecter avec la musique et de retrouver son énergie créatrice après une période d’introspection. « Brown Eyed Handsome Man » en est un exemple parfait : un hommage vibrant à une époque et un artiste qui ont façonné la carrière de McCartney, mais aussi une redécouverte du plaisir pur de la musique rock’n’roll.

Un Leg de Chuck Berry

La chanson « Brown Eyed Handsome Man » continue de faire partie du répertoire incontournable de Chuck Berry. À travers des reprises par des artistes comme Buddy Holly, et dans des films ou émissions de télévision, la chanson s’est inscrite dans la culture populaire. L’approche de McCartney, en 1999, est une manière de prolonger cet héritage, de garder vivant ce morceau essentiel du rock’n’roll. McCartney, à travers cette reprise, continue de rendre hommage à Chuck Berry, non seulement en tant que musicien mais aussi en tant que narrateur d’histoires qui captent l’essence d’une époque.

Aujourd’hui, « Brown Eyed Handsome Man » reste un morceau emblématique du répertoire de McCartney, un témoignage de son amour pour les racines du rock’n’roll et pour l’influence indélébile de Chuck Berry. La version de 1999, brute, énergique, et chargée d’émotions, est un des nombreux hommages que McCartney a rendu tout au long de sa carrière à ceux qui l’ont inspiré. Ce morceau illustre parfaitement ce que McCartney a toujours voulu transmettre à travers sa musique : un mélange de respect pour le passé et d’envie constante de réinventer les classiques du rock pour les générations futures.