Paul McCartney et No Values : Une Chanson Venue d’un Rêve

Publié le 13 septembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Paul McCartney a composé No Values après l’avoir rêvée, s’inspirant d’un concert imaginaire des Rolling Stones. Ce titre rock mordant a connu plusieurs phases d’enregistrement avant d’intégrer la bande originale de Give My Regards To Broad Street en 1984. Joué avec Ringo Starr et Dave Edmunds, il reflète une critique sociale acerbe et une énergie brute. Malgré l’accueil mitigé de l’album, No Values reste une curiosité fascinante du catalogue solo de McCartney.


Le processus de création musicale a souvent été une alchimie mêlant inspiration spontanée et travail acharné. Chez Paul McCartney, il n’est pas rare que des idées naissent de manière inattendue, mais peu de ses compositions ont une origine aussi singulière que« No Values », morceau figurant sur la bande originale du film et de l’albumGive My Regards To Broad Street, sorti en 1984.

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Une chanson inspirée par un rêve

L’origine de « No Values » est aussi surprenante qu’inattendue. Paul McCartney raconte qu’il a rêvé du morceau avant de le composer. En vacances, juste avant de se réveiller, il s’est vu en train d’assister à un concert des Rolling Stones. Sur scène, Mick Jagger chantait un titre qui n’existait pas :« No values, seems to me that you’ve still got no values… ».

McCartney entendit distinctement le refrain et, une fois éveillé, il réalisa que cette chanson était une création de son propre esprit. Il vérifia immédiatement que les Rolling Stones n’avaient pas déjà enregistré un morceau de ce nom, avant de se mettre à travailler sur les paroles et la mélodie.

« Je n’ai jamais dit à Mick Jagger que cette chanson venait d’un rêve où il la chantait. Il pourrait revendiquer le copyright ! »plaisantait McCartney dans le livreGive My Regards To Broad Streetpublié en 1984.

Une gestation longue et plusieurs enregistrements

Bien que la version finale de « No Values » soit enregistrée en décembre 1982 aux studios AIR de Londres, le morceau a connu plusieurs étapes d’élaboration avant de figurer surGive My Regards To Broad Street.

La première trace de « No Values » remonte àoctobre 1980, lorsque Wings l’a répétée, bien que les paroles n’étaient pas encore finalisées. Ensuite, McCartney l’a travaillé enfévrier 1981lors des sessions de l’albumTug Of War, enregistré à AIR Studios, Montserrat, sous la direction de George Martin.

La version retenue pourGive My Regards To Broad Streeta été enregistrée avec une formation de musiciens chevronnés, comprenantRingo Starr à la batterie, Dave Edmunds et Chris Spedding aux guitares, Jody Linscott aux percussions et Linda McCartney aux chœurs et au tambourin. Le même groupe a également travaillé sur« Not Such A Bad Boy ».

Une bande originale controversée

Give My Regards To Broad Streetest une bande originale qui a divisé les critiques. Conçue comme l’accompagnement musical du film du même nom, elle comprend des réenregistrements de classiques de McCartney et des Beatles, ainsi que quelques compositions originales, dont « No Values ».

L’album et le film ont été accueillis tièdement par le public et la critique, certains reprochant à McCartney de revisiter son passé plutôt que d’explorer de nouveaux horizons musicaux. Toutefois,le projet a réveillé chez lui l’envie de remonter sur scène, comme il le confiait auNew York Timesen octobre 1984 :

« Oui, cela m’a vraiment redonné le goût de la scène. Mon prochain projet est d’écrire de nouvelles chansons et de faire un nouvel album, mais en vérité, je pense qu’à un moment donné, je retournerai sur scène. La formation Spedding-Edmunds-Ringo n’était pas un mauvais groupe du tout ! »

Une version alternative sur vinyle

Fait intéressant, la version vinyle deGive My Regards To Broad Streetprésente un montage particulier de « No Values ». L’album en vinyle ne comportait pas « So Bad », ce qui a conduit à un crossfade direct entre« Not Such A Bad Boy »et« No Values », différant légèrement des versions CD et cassette.

« No Values » : un rock mordant aux accents critiques

Sur le plan musical, « No Values » est un titre mordant, oscillant entrerock nerveux et critique sociale acerbe. Les paroles semblent dénoncer une perte de valeurs et d’intégrité dans un monde où l’argent et la superficialité prennent le dessus. McCartney y affiche une énergie plus rugueuse que sur certains de ses morceaux de cette époque, rappelant certaines intonations de« Helter Skelter »ou« Junior’s Farm ».

Bien que moins célèbre que d’autres compositions de McCartney,« No Values » demeure une curiosité fascinantede son catalogue solo. Née d’un rêve, enrichie par plusieurs phases d’enregistrement, et portée par une énergie brute, elle s’impose comme l’un des rares titres de l’album qui révèle unPaul McCartney mordant et instinctif, loin de l’image de balladier qu’on lui attribue souvent.

Finalement, siGive My Regards To Broad Streetreste un album controversé, « No Values » y trouve une place de choix, témoignage d’un McCartney réveillé dans tous les sens du terme, et prêt à retrouver les feux de la rampe.