Initialement imaginée pour les Beatles, The Back Seat Of My Car devient l’un des morceaux les plus ambitieux de Ram (1971). Inspirée par la jeunesse américaine et l’envie de liberté, cette ballade cinématographique mêle orchestration grandiose et envolées vocales. Bien que boudée à sa sortie, elle est aujourd’hui reconnue comme un chef-d’œuvre du McCartney post-Beatles.
Lorsque Paul et Linda McCartney publientRamen 1971, le disque se distingue par son ambition musicale et sa production minutieuse. Parmi les morceaux qui composent cet album,The Back Seat Of My Carse démarque comme une œuvre à la fois nostalgique et cinématographique, résumant à elle seule les aspirations romantiques et rebelles de la jeunesse. Pourtant, cette chanson aurait pu connaître un tout autre destin si elle avait été adoptée par les Beatles, comme Paul l’avait initialement envisagé.
Sommaire
- Une composition écrite pour les Beatles
- Un hommage à la jeunesse américaine
- Une production ambitieuse
- Un réception mitigée et une réaction de John Lennon
- Une réhabilitation tardive
Une composition écrite pour les Beatles
L’histoire deThe Back Seat Of My Carremonte aux sessions deLet It Be. Le 14 janvier 1969, Paul McCartney esquisse la chanson au piano, la chantant en solo avec des paroles encore inachevées. Mais dans l’atmosphère tendue des derniers mois des Beatles, cette idée ne se concrétise pas.
Paul McCartney, toujours en quête d’un renouveau artistique après la dissolution du groupe, intègre finalement la chanson dansRam, album qui marque une liberté retrouvée dans l’expérimentation sonore. Il y injecte des influences américaines, notamment celle des Beach Boys, dont il admire le travail vocal et les orchestrations luxuriantes.
Un hommage à la jeunesse américaine
McCartney a toujours eu une affinité avec la culture pop américaine.The Back Seat Of My Carse présente comme une ode aux rêves adolescents, ceux des amours contrariés par l’autorité parentale et des fugues romantiques vers un avenir incertain.
«Back Seat Of My Car est très romantique : « We can make it to Mexico City. » C’est une chanson typiquement adolescente, avec le parent stéréotypé qui n’est pas d’accord, et les deux amoureux qui veulent affronter le monde : « We believe that we can’t be wrong. » J’ai toujours aimé les outsiders.» expliquera McCartney àMojoen 2001.
Dans l’esprit des grandes ballades de road trip, la chanson évoque la liberté, l’insouciance et la fougue d’une jeunesse qui s’imagine maître de son destin.
Une production ambitieuse
L’enregistrement deThe Back Seat Of My Cars’étend sur plusieurs mois entre New York et Los Angeles. Le premier essai, le 20 octobre 1970, se révèle infructueux, et McCartney décide de reprendre les sessions deux jours plus tard, avec un nouveau guitariste, Hugh McCracken, et le batteur Denny Seiwell.
L’approche de McCartney est minutieuse : il supervise chaque détail, depuis son jeu de piano sur un Steinway jusqu’aux arrangements de guitares et de batterie. Il apporte une touche orchestrale avec l’aide de George Martin, bien que ce dernier ne soit pas crédité sur l’album. La session du 27 janvier 1971, à A&R Recording à New York, voit l’ajout des orchestrations, sous la direction de McCartney lui-même.
L’ingénieur du son Eirik Wangberg raconte que la dernière session, le 22 mars 1971, fut particulièrement complexe. Faute de pistes disponibles sur la bande originale, il dut insérer des overdubs dans des espaces minuscules, demandant une précision extrême. Ce perfectionnisme, typique de McCartney, contribue à l’atmosphère grandiose du morceau.
Un réception mitigée et une réaction de John Lennon
Sorti en single au Royaume-Uni le 13 août 1971,The Back Seat Of My Carne rencontre pas le succès commercial espéré, atteignant seulement la 39e place des charts. Aux États-Unis, Capitol Records ne le distribue même pas en single, probablement décourageé par la performance modeste deUncle Albert/Admiral Halsey.
Mais au-delà de sa performance commerciale, la chanson provoque une réaction inattendue de John Lennon. Persuadé que certaines paroles lui étaient destinées, il s’offusque du refrain« We believe that we can’t be wrong », y voyant une attaque déguisée. Sa réplique, cinglante : «Je crois que tu pourrais juste avoir tort.» Cet épisode s’inscrit dans la rivalité post-Beatles entre Lennon et McCartney, alimentée par des piques musicales échangées sur leurs albums respectifs.
Une réhabilitation tardive
Avec le temps,The Back Seat Of My Carest réévaluée par les critiques et les fans comme l’un des joyaux cachés de la carrière solo de McCartney. Son ambition musicale et sa structure en plusieurs parties rappellent les morceaux épiques des Beatles, témoignant de l’héritage toujours présent de Paul en tant que compositeur.
L’albumRam, autrefois décrié par les critiques, est aujourd’hui reconnu comme une pierre angulaire de l’œuvre de McCartney, préfigurant le style indie-pop des décennies suivantes.The Back Seat Of My Carincarne cette volonté d’expérimentation et d’affranchissement, tout en restant une déclaration d’amour à une jeunesse insouciante et libre.
Plus de cinquante ans après sa sortie, la chanson résonne toujours comme un hymne aux rêves adolescents, à la fureur de vivre et à l’infinie possibilité du voyage. Une ode intemporelle, signée Paul McCartney.