McCartney à Santa Barbara : un concert intime et sans téléphone

Publié le 16 septembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Avant le lancement officiel de sa Got Back Tour 2025, Paul McCartney donnera un concert surprise au Santa Barbara Bowl, dans une configuration intime et sans téléphone. Prévu le 26 septembre, ce show exclusif (4 562 places) vise à tester la mécanique scénique en conditions réelles. L’accès se fait par inscription sur Fair AXS, avec un tirage au sort et des mesures antifraude strictes. Le format « phone-free » permet de retrouver une écoute directe, immersive, sans écrans.


À moins de quarante‑huit heures du coup d’envoi officiel de sa Got Back Tour 2025 en Californie, Paul McCartney glisse un concert de chauffe inattendu dans un cadre rare à son échelle : le Santa Barbara Bowl. La date est fixée au vendredi 26 septembre 2025, soit trois jours avant la première des grandes salles à l’Acrisure Arena de Palm Desert le 29 septembre. Après des années passées à fédérer des stades et des arenas partout dans le monde, l’ex‑Beatle choisit une salle à taille humaine – environ 4 562 places – pour éprouver une forme de proximité que ses fans n’ont que rarement l’occasion de vivre aujourd’hui.

L’annonce a pris tout le monde de court : ouverture des inscriptions sur le site dédié PaulMcCartneyGotBack.com, pas de vente à la billetterie du Santa Barbara Bowl, deux billets par acheteur, et un message limpide : se méfier des revendeurs tiers et des faux billets. La demande étant colossale, l’accès passe par une inscription préalable couplée au dispositif Fair AXS, qui sélectionne aléatoirement les fans éligibles à l’achat et limite l’accaparement.

Sommaire

  • Une soirée « phone‑free » : ce que cela signifie concrètement
  • Pourquoi Santa Barbara ? Un amphithéâtre chargé d’histoire
  • Inscription, accès, tarifs : ce qu’il faut savoir
  • Une stratégie assumée : l’intimité avant la déferlante
  • Le cadre général : ce que couvre la Got Back Tour 2025
  • Retour sur 2024 : Paris, Madrid, Manchester, Londres
  • Que peut‑on attendre musicalement de Santa Barbara ?
  • Pourquoi un concert sans téléphone change la soirée
  • Logistique locale : un amphithéâtre à part
  • Sécurité et fraude : une vigilance renforcée
  • Une séquence qui raconte l’époque McCartney
  • Ce qu’il faudra guetter le soir du 26 septembre
  • Une invitation rare à écouter sans filtre

Une soirée « phone‑free » : ce que cela signifie concrètement

Particularité notable : le concert sera sans téléphone. Aucun enregistrement n’est autorisé dans l’enceinte du Bowl. À l’arrivée, les smartphones des spectateurs sont placés dans des étuis sécurisés Yondr. Chacun conserve son appareil, mais l’ouvrira uniquement dans des zones dédiées en dehors de l’espace scénique. En fin de soirée, les étuis sont déverrouillés à la sortie.

Ce protocole a gagné du terrain, ces dernières années, chez des artistes soucieux de restaurer une écoute pleine et d’éviter les fuites de contenus encore inédits. Bob Dylan en a fait la règle de bon nombre de ses dates depuis 2019‑2022 ; Jack White en a défendu le principe au nom de la présence collective. Plus récemment, Gorillaz ont organisé à Londres un concert mystère entièrement sans téléphone pour dévoiler des titres de leur nouvel album The Mountain. Dans le même mouvement, certains artistes, tel Damon Albarn, ont exprimé leurs réserves avant d’expérimenter le format pour des écoutes où la surprise et l’immersion priment.

Pour McCartney, ce choix s’inscrit dans une vision cohérente. L’auteur de “Now And Then” – dernier single des Beatles achevé en 2023 grâce à des outils de séparation et de restauration audio – a montré combien la technologie peut servir la musique lorsqu’elle respecte l’intention. Ici, il s’agit de protéger la dynamique d’une salle intime : voir, entendre, partager, sans l’intermédiaire d’un écran.

Pourquoi Santa Barbara ? Un amphithéâtre chargé d’histoire

Taillé dans la colline en 1936 via un programme WPA, le Santa Barbara Bowl est devenu l’un des amphithéâtres les plus singuliers de la côte ouest : une vue ouverte, une acoustique soignée, une capacité d’un peu plus de 4 500 sièges, et une programmation essentiellement pop‑rock. L’endroit a accueilli des moments capturés dans l’histoire des musiques populaires – de Joni Mitchell à Bob Marley, de Radiohead aux Foo Fighters – et demeure, pour des artistes habitués aux très grandes jauges, un écrin rare où l’énergie revient au visage du public.

Dans ce cadre, l’effet recherché par McCartney est clair : resserrer la distance, tester des équilibres, affiner la mécanique scénique de la Got Back Tour 2025. Il ne s’agit pas d’un concert‑récital isolé hors trajectoire, mais d’un prologue pensé comme une répétition générale en conditions réelles, avec la souplesse que permet une grande scène… sans perdre la netteté d’une petite salle.

Inscription, accès, tarifs : ce qu’il faut savoir

Le processus d’accès passe par l’inscription sur PaulMcCartneyGotBack.com et la plateforme Fair AXS. Les fans reçoivent, s’ils sont sélectionnés, une fenêtre d’achat limitée, deux billets maximum par compte, et des contrôles antifraude renforcés. Le message officiel insiste : aucune vente à la billetterie du Bowl, ne pas se tourner vers les revendeurs non autorisés.

Côté configuration, le floor est annoncé en placement libre debout et les gradins répartis par sections. Les paliers tarifaires affichés par le Bowl situent les billets aux environs de 360 $, 460 $ et 560 $ hors frais, selon la zone choisie et la catégorie préférentielle. Dans tous les cas, la rareté de la date – une seule soirée – et la capacité limitée expliquent un niveau de prix élevé pour un artiste qui, ailleurs, remplit des stades.

Une stratégie assumée : l’intimité avant la déferlante

Si l’annonce peut surprendre, elle prolonge une tendance apparue en début 2025 : Paul McCartney a donné à New York une série de concerts ultra‑intimistes au Bowery Ballroom (environ 575 personnes), à 50 $ le billet, annoncés quelques heures à l’avance et sans téléphone. Ces underplays ont suscité un engouement immédiat, préfigurant une envie chez l’artiste de réduire parfois l’échelle pour retrouver l’impact sensible d’une petite salle.

À Santa Barbara, le principe est similaire, avec une jauge plus confortable et une scénographie au format plein. L’objectif n’est pas de réviser intégralement la setlist, mais de recalibrer l’écoute, la dynamique des cuivres (Hot City Horns), l’équilibre des sections Wings/Beatles/solo, et de sentir la réponse du public dans un écrin où chaque nuance s’entend.

Le cadre général : ce que couvre la Got Back Tour 2025

La tournée nord‑américaine annoncée pour l’automne 2025 compte 19 dates réparties sur 16 villes, de la Californie au Midwest et jusqu’au Canada. Après la première à l’Acrisure Arena de Palm Desert le 29 septembre, McCartney enchaîne notamment Las Vegas à l’Allegiant Stadium le 4 octobre, Denver au Coors Field, Des Moines, Minneapolis au U.S. Bank Stadium le 17 octobre, Tulsa, La Nouvelle‑Orléans, Atlanta, Nashville, Columbus, Pittsburgh, Buffalo, Montréal… avant un final annoncé sur deux soirées au United Center de Chicago les 24 et 25 novembre. L’étape de Santa Barbara n’est pas incluse dans le routing initial ; elle fait figure de préambule exclusif sur la Côte Ouest.

L’enjeu artistique reste identique à l’esprit de la tournée entamée en 2022 : embrasser six décennies de chansons, des Beatles à Wings et à la carrière solo, avec une équipe scénique rodée et une scénographie qui mêle archives, hommages et technologies de restauration sonores mises au point pour “Now And Then”. À 82 ans, McCartney assume un tempo soutenu, alternant grands formats et parenthèses de proximité qui redonnent de la respiration à l’ensemble.

Retour sur 2024 : Paris, Madrid, Manchester, Londres

L’Europe a servi de terrain de jeu à la fin 2024 : Paris La Défense Arena les 4 et 5 décembre, Madrid au WiZink Center les 9 et 10, deux nuits à Manchester au Co‑op Live les 14 et 15, avant Londres à l’O2 les 18 et 19 décembre, où Ringo Starr a rejoint Paul sur scène pour un final devenu viral. Cette séquence européenne, marquée par un retour du Höfner 500/1 historique et des versions puissantes de “Live And Let Die”, a consolidé la forme de l’artiste et posé les bases du chapitre nord‑américain.

Au fil de l’été 2025, McCartney a également fait une apparition surprise à Liverpool, lors d’un concert de Bruce Springsteen à Anfield, le temps de croiser son répertoire avec celui du Boss – un clin d’œil symbolique dans la ville mère.

Que peut‑on attendre musicalement de Santa Barbara ?

La trame d’un show Got Back repose sur un panorama : ouvertures Beatles à fort pouvoir d’allumage, Wings à la dynamique rock, solo 70s‑80s aux morceaux emblématiques, puis une courbe d’émotion qui passe par les moments de mémoire (“Blackbird”, “Here Today”) et le grand chant collectif final sur “Hey Jude”. Dans une jauge comme celle du Bowl, les mêmes pièces respirent autrement : les nuances de guitare sur “Let Me Roll It”, la pulsation cuivrée de “Got To Get You Into My Life”, la tendresse réverbérée de “Maybe I’m Amazed”.

Le format phone‑free peut, en outre, favoriser l’inclusion de surprises sans craindre une diffusion immédiate : une rareté, un pont instrumental, un hommage à Lennon ou Harrison saisi au vol. Si la setlist n’est jamais figée, l’économie des mouvements en salle plus intime rend possibles des respirations que les stades compressent parfois.

Pourquoi un concert sans téléphone change la soirée

Le téléphone a modifié la perception des concerts : brouillard d’écrans, captations fragmentaires, écoute distraite. En imposant un cadre sans écran, McCartney réinstalle l’événement dans sa durée réelle : attendre l’entrée, accueillir le silence, lâcher le chœur au bon moment sans se préoccuper d’un cadrage. La mémoire redevient audio et sensorielle, pas optique et pixellisée. Pour un artiste qui revendique le lien au public, c’est une façon d’élever le niveau d’attention sans morale ni agacement : un contrat clair, accepté en amont.

Le débat n’est pas clos pour autant. Certains musiciens estiment qu’il faut convaincre plutôt que contraindre, que le charisme suffit à décoller les regards des écrans. D’autres rappellent que l’interdiction simple éteint des usages devenus réflexes. À Santa Barbara, l’expérience tranchera d’elle‑même : l’ambiance d’un amphithéâtre en plein air, une nuit de fin septembre, un répertoire qui appartient à plusieurs générations – autant d’éléments qui favorisent une écoute pleine.

Logistique locale : un amphithéâtre à part

Situé sur les hauteurs de Santa Barbara, le Bowl se caractérise par des accès en pentes et de larges escaliers, des lignes de vue dégagées et un plateau scénique assez large pour accueillir la formation de McCartney sans compromis. La programmation y est en saison d’avril à octobre ; la date du 26 septembre s’insère donc dans une fenêtre propice, avant les aléas météorologiques de l’automne. Les acoustiques naturelles de la cuvette offrent une lisibilité appréciée des ingénieurs du son ; le mix voix‑cuivres, crucial chez McCartney, y gagne souvent en clarté.

Pour les spectateurs, la configuration mixteparterre en debout, gradins numérotés – permet d’arbitrer entre la proximité franche au floor et la vue panoramique des hauteurs. Les portes ouvrent une heure avant le show, avec les contrôles habituels et le passage par les pouches Yondr.

Sécurité et fraude : une vigilance renforcée

L’équipe de McCartney a multiplié les mises en garde contre les reventes non autorisées. Le schéma Fair AXS vise à assécher les listings immédiatement gonflés sur des plateformes secondaires. L’absence de vente à la billetterie du Bowl ferme une porte traditionnelle aux acheteurs de dernière minute mais limite aussi les scénarios de fraude. Dans un contexte de demande mondiale et de spéculation systémique sur les tournées d’icônes planétaires, cette stratégie a le mérite de la clarté : inscription, sélection, achat encadré, deux billets maximum.

Une séquence qui raconte l’époque McCartney

Vu d’aujourd’hui, la trajectoire récente de Paul McCartney dit quelque chose de sa période. Glastonbury 2022 l’a vu embrasser son âge sans en faire un scénario de nostalgie. 2023 a installé “Now And Then” dans l’imaginaire mondial comme une dernière pièce Beatles. 2024 a montré un musicien capable de tenir des arenas européennes sur deux heures trente avec un groupe au millimètre, tout en réintroduisant des surprises (Höfner retrouvé, invités de marque). Début 2025, les underplays du Bowery ont réaffirmé son appétit de terrain.

Le choix de Santa Barbara synthétise ces lignes : un écrin où la voix et la guitare respirent, un public suffisamment dense pour donner de la poussée, des outils modernes (Yondr, Fair AXS) mis au service d’une idée simple : retourner à l’essentiel le temps d’une nuit.

Ce qu’il faudra guetter le soir du 26 septembre

Les fans s’intéresseront aux réglages de la setlist à l’approche de la première de Palm Desert : l’ordre des blocs Beatles/Wings, les enchaînements entre mid‑tempo et tubes à haute énergie, la place accordée aux morceaux récents, la durée des interludes narratifs. Dans une jauge modeste, McCartney peut resserrer le discours, raccourcir certains ponts, allonger une coda sur “Hey Jude” si l’acoustique s’ouvre.

À l’avenir, il ne serait pas étonnant que cette expérience inspire d’autres haltes intimistes en marge d’un routing lourd. Entre stade et club, McCartney trace une troisième voie : la belle salle régionale à fort cachet, qui réconcilie la virtuosité logistique d’une tournée mondiale et l’électricité d’un tête‑à‑tête avec le public.

Une invitation rare à écouter sans filtre

Sous ses apparences d’annonce last‑minute, le Santa Barbara Bowl dit une ambition simple : ramener la chanson au centre. Pas de feed, pas d’écran, pas de story en direct ; une voix, des mains, un groupe, une nuit à ciel ouvert.

Pour les lecteurs de Yellow‑Sub.net, l’intérêt dépasse la nouvelle en tant que telle. Il réactive une intuition familière de l’univers Beatles : la musique prend toute sa force quand elle est partagée dans un même espace, sans médiation. En 2003, McCartney sortait d’8 Mile en parlant d’un « feel‑good » rock’n’roll qui faisait marcher plus droit. En 2025, il propose de revivre ce sentiment en faisant taire l’interférence des écrans.

Le 26 septembre à Santa Barbara, ce sera, pour quelques milliers de personnes, l’occasion de tester cette promesse. Et, pour la tournée, le moyen de départager ce qui fonctionne en stade de ce qui éclaire une salle ouverte sur la mer et les collines – là où la musique revient à ce qu’elle a toujours été pour Paul McCartney : une conversation directe, sans filtre, avec celles et ceux qui écoutent.