Fiu ou le spleen polynésien

Par Teaki

"Je suis fiu", "c'est fiu la pluie", fiu, trois lettres pour exprimer le spleen polynésien. Qui nous oblige à être tous les jours efficaces? Bien sûr le travail a ses vertus, l'amour aussi...les gens du continent assimilent souvent (à tort) le fiu est à la paresse des gens des îles...comme si les gens du continent étaient sans cesse ardents...

Je vois les choses différemment. Le Fiu est une sagesse, une forme d'hédonisme. Petite, j'entends souvent ma mère soupirer "je suis fiu" en caressant ses longs cheveux. Plus qu'un moment de faiblesse, j'en retiens la beauté, la finesse.

Adulte, je donne raison au fiu. Il est plus doux de se laisser aller à ses états d'âmes plutôt que de les nier à coups de semonces et de conventions. Le corps et l'esprit aiment se délasser. Sur l'île de mon enfance, à Nuku-Hiva, ce savoir se transmet naturellement. Le temps, pourquoi s'en faire un adversaire? Des jours, le temps va tranquille, d'autres, il nous malmène...et alors? Point besoin de se lutter contre lui...exit les combats perdus d'avance.