« Two Magpies » : Paul McCartney et la magie cachée des oiseaux

Publié le 23 septembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Avec « Two Magpies », Paul McCartney puise son inspiration dans la nature et la superstition. Ce titre de Electric Arguments (2008), issu de son projet The Fireman avec Youth, évoque la symbolique des merles, entre présages et émerveillement. Influencé par la comptine One for Sorrow, McCartney transforme une simple observation ornithologique en une chanson intime, mêlant mélodie douce et profondeur lyrique. Un morceau où nature et musique s’entrelacent, rappelant l’amour de l’ex-Beatle pour le monde vivant.


Dans l’immensité de son œuvre, Paul McCartney a toujours su puiser son inspiration dans des éléments simples de la nature. Qu’il s’agisse de la beauté d’un oiseau qui vole ou du murmure des arbres, la nature a été une source intarissable de créativité pour le musicien. Dans ce contexte, « Two Magpies », tiré de l’albumElectric Argumentsdu projet The Fireman, n’est pas simplement une chanson. C’est une réflexion intime sur le monde naturel, un hommage aux merles, ces oiseaux qui symbolisent la joie et la liberté dans l’imaginaire de McCartney.

Sommaire

L’origine de « Two Magpies »

« Two Magpies » est le second morceau de l’albumElectric Arguments, un projet collaboratif entre Paul McCartney et le producteur Youth, qui se distingue par sa diversité stylistique et son approche expérimentale. L’album, sorti en novembre 2008, a marqué un tournant dans la carrière de McCartney. Un album audacieux et énergique qui permet à l’ex-Beatle de se réinventer tout en restant fidèle à son amour de la nature et à sa quête artistique.

Derrière la simplicité apparente de « Two Magpies », on retrouve une profondeur insoupçonnée, inspirée par une vieille comptine enfantine,One for Sorrow, qui stipule : « Un pour le chagrin, deux pour la joie, trois pour une fille, quatre pour un garçon, cinq pour de l’argent, six pour de l’or, sept pour un secret, jamais à révéler. » Ces vers, qui parlent de superstition et de présages, nourrissent l’imaginaire de McCartney pour donner naissance à une chanson simple, mais débordant de significations cachées.

Une superstitieuse admiration pour les merles

Ce qui est fascinant dans « Two Magpies », c’est l’approche de McCartney envers les merles, qui sont au centre de la chanson. Dans l’une des rares interviews où il aborde sa superstition, McCartney a expliqué qu’il n’était pas particulièrement superstitieux, sauf en ce qui concerne les merles. Selon lui, la règle est simple : si l’on aperçoit un seul merle, c’est signe de tristesse, mais si l’on en voit deux, c’est un présage de joie. Il confie : « Si vous en voyez un pour le chagrin, vous êtes censé lui saluer ou cracher. Moi, je préfère cracher. Et j’adore voir deux merles, car cela signifie une double joie. »

Ce détail, bien que trivial en apparence, est révélateur de la connexion intime que McCartney entretient avec la nature. Les merles, dans leur beauté et leur liberté de vol, symbolisent pour lui une forme de joie pure et simple. Dans ses mots, « Double joie, ou même triple joie » : l’idée que la nature, à travers des détails comme les oiseaux, peut offrir une forme de bonheur simple et immédiat. Cette perception rappelle celle du jeune McCartney, autrefois passionné par l’ornithologie, qui, selon ses propres mots, « vivait à la périphérie de Liverpool et, en marchant juste un kilomètre, il pouvait se retrouver en pleine campagne. » C’est sans doute cette proximité avec la nature qui a façonné son regard unique sur le monde.

La symbolique des oiseaux chez McCartney

« Two Magpies » s’inscrit dans une longue tradition de chansons ornithologiques écrites par Paul McCartney. En effet, le thème des oiseaux, en particulier des merles, a toujours fait partie de son répertoire, de « Blackbird » à « Jenny Wren ». Ces morceaux sont bien plus que de simples chansons sur des oiseaux : ils portent en eux des messages de liberté, d’évasion et de contemplation. Les oiseaux, dans l’univers de McCartney, sont des symboles puissants de la liberté et de la recherche de soi, de ce besoin viscéral de s’échapper des contraintes de la vie quotidienne pour s’envoler vers de nouveaux horizons.

À travers « Blackbird », il évoque la lutte pour la liberté, l’égalité et la justice. Dans « Bluebird », McCartney continue d’explorer la notion de liberté personnelle. Et bien sûr, « Jenny Wren », avec sa douce mélodie, parle d’une jeune femme, mais aussi d’une liberté retrouvée et d’une résilience face à la vie.

Dans chacune de ces chansons, l’oiseau devient un miroir des désirs profonds de l’artiste, un moyen de s’évader tout en restant connecté à ses racines, à sa terre natale, mais aussi à l’universel. McCartney, en tant qu’ornithologue amateur, a toujours eu une fascination particulière pour les oiseaux. Il raconte comment, étant enfant, il portait toujours dans sa poche leObserver’s Book of Birds, un guide d’observation des oiseaux qui l’accompagnait dans ses pérégrinations à la périphérie de Liverpool. Pour McCartney, chaque oiseau qu’il apercevait dans la campagne était une source d’émerveillement et d’inspiration.

Une chanson intimiste, mais universelle

Ce qui distingue « Two Magpies » des autres chansons ornithologiques de McCartney, c’est cette dimension superstitieuse qui se tisse tout au long du morceau. Dans la chanson, la légèreté apparente des paroles contraste avec la profondeur du sujet abordé. À travers le chant, McCartney invite l’auditeur à une expérience sensorielle : celle d’être à l’écoute des oiseaux, de se laisser imprégner par la magie de la nature et d’en accepter les présages.

Les superstitions, loin d’être un simple jeu de mots, deviennent un moyen pour McCartney de parler de la vie, de ses hauts et de ses bas, des instants de joie pure et des moments de tristesse. « Je ne suis pas une personne superstitieuse, mais je crois aux merles », dit-il avec humour. En cela, il nous invite à voir au-delà de la simple croyance populaire et à laisser la nature, dans sa sagesse primitive, nous guider.

Un duo familial : la voix de Beatrice McCartney

Un autre aspect captivant de « Two Magpies » réside dans la participation de Beatrice McCartney, la fille de Paul. Elle prête sa voix au spoken word de la chanson, une intervention qui apporte une touche intime et personnelle au morceau. Sa présence dans cette chanson n’est pas anodine : elle symbolise la transmission, l’héritage familial et la complicité entre un père et sa fille. En l’incluant dans le processus créatif, Paul McCartney offre à « Two Magpies » une dimension supplémentaire, celle de la famille et de la continuité.

Cette collaboration familiale nous rappelle que McCartney, tout au long de sa carrière, a toujours cherché à impliquer ses proches dans ses projets artistiques. De Linda, sa défunte femme, à ses enfants, l’artiste a su transmettre son amour pour la musique et son esprit créatif aux membres de sa famille.

Un morceau qui réunit l’ancienne et la nouvelle génération

En faisant appel à Youth, son collaborateur sur l’albumElectric Arguments, McCartney met en lumière une volonté de se réinventer. Youth, figure emblématique de la scène musicale alternative, notamment au sein du groupe Killing Joke, apporte sa touche personnelle à ce projet audacieux. L’alchimie entre McCartney et Youth est palpable tout au long de l’album, et « Two Magpies » en est l’un des exemples les plus significatifs. La chanson allie l’esprit d’expérimentation des années 2000 avec la richesse mélodique et la profondeur lyrique caractéristiques de McCartney. Le duo, dans cette aventure musicale, incarne cette volonté de fusionner les époques et les influences, tout en gardant une touche d’intemporalité.

Conclusion : Un Oiseau de Joie

« Two Magpies » ne se contente pas d’être une chanson sur des oiseaux. C’est un voyage émotionnel, une exploration de la nature, de la superstition, et de l’héritage familial. Avec ce morceau, Paul McCartney nous invite à prendre un instant pour observer le monde qui nous entoure, pour nous laisser emporter par la beauté et la simplicité des choses, tout en nous rappelant que, parfois, il suffit de voir deux merles pour trouver la joie.