À 83 ans, Ringo Starr avance sans nostalgie : tournée millimétrée avec son All-Starr Band, relais entre classiques et surprises (“With a Little Help…”, “Yellow Submarine”, “Octopus’s Garden”), atelier Star Art au Venetian et bénéfices pour la Lotus Foundation. Curieux, il peint, pratique le spin art et s’est même amusé avec Kid Pix. Côté archives, il annonce un Anthology 4 (démos, prises, remixes de Giles Martin) et une série sur Disney+. Prochain cap : un album country avec T-Bone Burnett, où il chante, compose et bat.
Entre tournée, art et projets d’archives, Ringo Starr garde l’allure et l’élan. Dans un échange à bâtons rompus, le batteur des Beatles évoque l’actualité de son All-Starr Band, une exposition caritative (Star Art), un futur album country copiloté par T-Bone Burnett, et un nouveau chapitre d’Anthology. Paroles directes, regard clair : l’énergie est intacte.
Sommaire
- Un Beatle toujours en mouvement
- « Rock’n’roll lifestyle » : la page tournée
- Set-list : classiques, surprises et joie communicative
- Star Art : l’autre atelier de Ringo
- Philanthropie : la Lotus Foundation au centre
- Du Kid Pix au spin art : le goût du jeu
- Anthology 4 : un nouveau tour d’archives
- Un album country avec T-Bone Burnett
- La genèse All-Starr : l’orchestre rêvé, version réelle
- Le fil rouge : faire simple, faire vrai
- La transcription de l’interview :
Un Beatle toujours en mouvement
Ringo ne s’en cache pas : il aime jouer. L’agenda est plus léger qu’autrefois, mais réglé au millimètre. La formule All-Starr Band reste son écrin préféré : chacun chante ses titres, se passe le témoin, et la dynamique respire.
« On se passe le relais. Il chante un titre, pause. Je chante, pause. Ce n’est pas comme Paul ou Mick qui chantent chaque morceau. On se lève, on rocke, et on fait de notre mieux. »
Ce « mieux » n’est pas négociable. Dans ses groupes, la règle d’or tient en une promesse simple : faire sa part, au plus haut, soir après soir.
« Je ferai de mon mieux pour toi ; fais de ton mieux pour moi et pour lui. On monte sur scène et on le fait. »
« Rock’n’roll lifestyle » : la page tournée
Le mythe de la nuit sans fin laisse Ringo, 83 ans, plutôt placide. La démesure a eu son heure ; elle n’est plus le moteur.
« Le lifestyle rock’n’roll, c’est rester debout et sortir toute la nuit. J’ai tourné la page vers 40 ans. Aujourd’hui, on se lève, on monte en camion ou en avion, on file au concert… et on joue. »
Au passage, un credo d’intendance : pas de privilège isolé. Là où va Ringo, va le groupe.
« Si je suis dans l’avion, le groupe est dans l’avion. Si je suis à l’hôtel, le groupe est à l’hôtel. C’est comme ça qu’on fait. »
Set-list : classiques, surprises et joie communicative
La clôture ne varie pas : “With a Little Help from My Friends” reste l’étreinte finale. “Yellow Submarine” demeure l’un des piliers de son répertoire. Mais une autre chanson a refait surface à sa grande surprise : “Octopus’s Garden”.
« Je ne la mettais pas. On s’est dit : on ne va pas être sous la mer deux fois. Et puis je l’ai remise… le public adore. À partir du premier riff, tout le monde sait. Moi aussi, je l’aime désormais. »
Star Art : l’autre atelier de Ringo
Au-delà de la scène, Ringo expose ses œuvres sous la bannière Star Art, dans une galerie des Grand Canal Shoppes au Venetian Resort, en écho à sa résidence. Peinture, spin art, tirages de peaux de batterie imprimées : un terrain de jeu assumé, offert aux fans comme souvenir plus intime qu’un t-shirt.
« C’est connecté à la musique et au reste. Juste une part de moi. J’aime peindre. Je n’ai pas un grand plan : je fais. »
Une part des pièces sont des tirages limités de drum-heads décorées — « au lieu d’un t-shirt, achète une peau de caisse claire » sourit-il.
Philanthropie : la Lotus Foundation au centre
Les bénéfices de cette exposition sont reversés à la Lotus Foundation, créée avec Barbara Bach. L’organisation soutient notamment la lutte contre les addictions, la paralysie cérébrale, les tumeurs cérébrales, certains cancers, l’aide aux sans-abri, la protection animale et l’accès à l’eau via WaterAid.
« Tout le monde devrait avoir au moins de l’eau. On soutient celles et ceux qui la trouvent et la distribuent. Tout a besoin d’eau. »
Du Kid Pix au spin art : le goût du jeu
Le Ringo peintre aime l’expérimentation, du spin art aux outils numériques. Anecdote savoureuse : à la fin des années 1990, il s’amusait avec un logiciel enfantin, Kid Pix, pour composer des images aux aplats francs — une esthétique parfois attribuée à Microsoft Paint.
« J’utilisais Kid Pix tout le temps. Le bouton seau qui remplit tout d’une couleur m’éclatait. Pourquoi ils l’ont retiré ? Aucune idée. Qu’on le ramène ! »
Ses toiles aiment les silhouettes : “les quatre gars”, ébauchés, jamais réalistes — « je ne sais pas faire les visages », concède-t-il — et ses « wooden men », bonshommes stylisés au charme brut.
« Je ne suis pas Rembrandt. Je peins comme je peins, comme je joue de la batterie. Voilà ce que vous avez. »
Anthology 4 : un nouveau tour d’archives
Trente ans après la série originelle, Ringo confirme un quatrième volet d’Anthology : démos, répétitions, prises alternatives, remixes et masterings signés Giles Martin.
« J’adore les remixes : on entend enfin la grosse caisse. Dans les années 60, on était en mono, on nous disait tout le temps : “baissez la basse”. On a fini par leur dire quoi faire. »
Le projet embrasse aussi un déploiement XXL (éditions vinyle et CD) et une série documentaire annoncée en neuf parties sur Disney+. Ringo se souvient de la sidérante découverte à l’origine de Get Back : des heures et des heures de pellicule inédites.
« Ils ont retrouvé 56 heures de film inutilisé. De quoi permettre à Peter Jackson de refaire du neuf avec de l’ancien. Et quelque part, il reste encore des choses. »
L’homme des studios connaît la valeur d’une « bonne prise » — et le mirage des numéros.
« Quand on lit take 24, souvent c’était la take 2 ou 3 qui tenait du début à la fin ; les autres, c’étaient deux mesures foirées. Les chiffres, ça impressionne, mais l’oreille décide. »
Un album country avec T-Bone Burnett
Autre actualité : Ringo prépare un album country avec T-Bone Burnett. Il compose, chante et tient la batterie sur chaque piste. L’un des nouveaux titres revisite Carl Perkins, fil reliant ses premiers enregistrements beatlesiens à sa passion de toujours pour ce carrefour entre country et rockabilly.
« T-Bone adore l’idée que mes deux premiers titres sur des disques des Beatles étaient des Carl Perkins. On en coupe un autre pour le disque. Simple et beau. »
La genèse All-Starr : l’orchestre rêvé, version réelle
Retour en arrière. Après l’arrêt des concerts des Beatles en 1966, c’est en 1989 que Ringo renoue avec la route au long cours, avec un premier All-Starr Band monté presque sur un coup de fil — et une envie d’orchestre XXL.
« Quelqu’un a demandé à mon avocat si je tournerais. J’ai appelé tout le monde. On m’a dit d’arrêter sinon on aurait eu un orchestre. Joe, Dr. John, Leon, Rick, Nils… Un panier garni. Et ça continue depuis 1989. »
Entre deux sourires, un aveu de producteur : tout ne fut pas simple.
« On a eu de grands groupes, de bons groupes… et des gens qui ne connaissaient pas leur place. Ça arrive. »
Le fil rouge : faire simple, faire vrai
Ringo aime les méthodes qui vont droit. Studio ou scène, peinture ou photo, la boussole reste la même : faire. Et laisser la musique parler.
« Je fais. S’ils m’envoient des fichiers, je bat dessus, je renvoie. Je dis toujours : “Use me or lose me.” Si ça ne marche pas, enlevez-moi. »
Entre scène, atelier et archives, Ringo Starr cultive l’utile et l’essentiel : le jeu, la curiosité, le don. Dans la salle, l’explosion de “With a Little Help from My Friends” continue de souder les voix ; sur toile, ses wooden men et ses quatre lads esquissent une mémoire en mouvement ; en studio, un coup de caisse claire rappelle que, dans sa musique comme dans sa peinture, il n’a qu’une seule méthode : se mettre au travail — et faire son mieux.
La transcription de l’interview :
Interviewer — Tu me vois ? Voilà. OK, voilà. Génial. Ces nouvelles lunettes. Ringo — Ouais, mais elles sont sympas. Tu sais, ce n’est pas comme des lunettes neuves. Pendant la pandémie, j’ai eu 40 nouvelles paires de lunettes. Interviewer — C’était ton Internet pandémique… C’est à ce moment-là que tu n’allais plus faire les magasins. « Oh, regarde ces lunettes !» Ringo — Et tu achètes beaucoup de vêtements et – sans vouloir dénigrer la Chine – mais ça vient de Chine et elles sont petites ; ça t’irait. On a dû en renvoyer beaucoup, leur demander d’envoyer autre chose. Et ils avaient un autre truc : ils ont ces super poches, mais il n’y en a pas. C’est juste la braguette. Interviewer — Juste la fausse poche. Je me suis fait avoir trop souvent. Ringo — Ouais. Interviewer — Content de te voir, mec. Ringo — Hé, cool. Intervieweur — Super. J’apprécie nos conversations fréquentes. Il y a toujours un sujet de conversation avec toi. Tu es toujours en mouvement, toujours en mouvement, toujours en train de passer à autre chose. Qui t’a inculqué ça ? Comment es-tu devenu comme ça ? Ringo — Eh bien, c’est comme ça que je fais. Tu sais, il y a beaucoup de mois dans l’année où je ne fais rien, mais en ce moment, tu m’as donné du travail : préparer, avec T Bone, mon prochain album country, et d’autres projets ensemble, puis écrire quelques chansons pour l’album country. En résumé… jouer de la batterie sur chaque morceau, bien sûr, et chanter sur chaque morceau. Donc, tu sais, ça a été du travail. Et puis, au final, quatre jours plus tard, tu es en tournée. On est partis… on n’est partis qu’une semaine. On est partis dimanche la semaine dernière – une semaine dimanche – et on a atterri samedi, et on repart mercredi pour une journée. Tu sais, je ne fais pas beaucoup de concerts. J’ai genre quatre concerts la semaine prochaine, et je crois que la semaine suivante, quatre. Interviewer — Ça fait beaucoup de concerts, mec. Pour tout le monde, tu sais. Ringo — Ouais. Je suis dans un mélange de genres. Tu chantes, puis tu fais une pause ; il chante une chanson, il fait une pause ; je chante, j’ai une pause. Ce n’est pas comme si Paul chantait toutes les chansons, hein ? Ou Mick, ou qui que ce soit. Alors, on se passe tous le relais. Interviewer — Tu passes le relais. Ça me fait aussi réfléchir : à l’époque, les concerts duraient quoi… 20, 30 minutes ? Ringo — Eh bien, les nôtres duraient 30 minutes, disons. Ou on les jouait vite si on ne vous aimait pas, et c’était 25. Interviewer — Mais vous savez, depuis votre dernière tournée avec les gars en 66, puis en 89, quand vous avez fondé les All-Starrs, c’était la première fois que vous vous remettiez vraiment sur la route, à temps plein. Du coup, passer de ces concerts de 20 à 30 minutes à – à la fin des années 80 – des concerts de deux heures… Comment s’est passée cette transition ? Vous vous en souvenez ? Ringo — Eh bien, vous savez, le premier groupe que j’ai monté était un groupe de stars. Et c’est arrivé comme ça : quelqu’un a dit à quelqu’un qui a dit à mon avocat qu’une entreprise se demandait si je partirais en tournée. Et je me suis dit : « Ouais, pourquoi pas ?» Alors j’ai appelé tout le monde, et tout le monde vous dira que j’ai dû arrêter d’appeler parce qu’on aurait eu un orchestre. On avait Joe et Dr. John – un mélange de gens. J’adore Leon, Rick et Nils. Et c’est comme ça que ça a commencé, et ça dure depuis 1989. Vous savez, on a eu de super groupes, et de bons groupes, et on a eu des gens qui ne savent pas où est leur place dans la vie… mais vous savez, c’est comme ça. Interviewer — C’est toujours le style de vie rock’n’roll ? Pas vraiment, si ? Quand est-ce que ça a changé ? Ringo — Ouais… enfin, je crois que c’était vers 30 ans. Interviewer — Tu t’es dit : « Ça suffit. » Ringo — Ouais. Enfin, ce n’est pas du rock… Le rock’n’roll, c’est faire la fête toute la nuit, à faire, faire, jouer, vous savez. J’ai probablement arrêté ce style de vie vers 40 ans. Mais il faut quand même se lever, monter dans le camion, aller au concert, et y aller. Interviewer — Ouais. Ringo — Personne ne dit : « Oh, je n’en ai pas envie. » Personne ne dit jamais ça dans mon groupe. On est là, on déchire et on fait de notre mieux. C’est la seule chose qui compte quand on prépare le concert : je ferai de mon mieux pour toi ; je veux que tu fasses de ton mieux pour moi et pour lui, et on se lance tous et on le fait. Et, tu sais, les groupes se disent : « On s’en tient là. » Parfois, quelqu’un fait une fausse note, mais on continue. Ça ne s’arrête pas. J’adore ça. Et c’est la meilleure façon pour moi de sortir, parce que je peux jouer de la batterie sur tes chansons, je peux jouer de la batterie sur les miennes, je peux être au premier plan – paisiblement – à chanter les ballades, tu sais, et j’adore ce format. C’est un format génial. Interviewer — Tu as dit récemment lors d’une conférence de presse que personne n’aime tourner, et je comprends pourquoi, mais tu le fais pour le plaisir de jouer. Il faut faire une tournée si on veut y arriver, non ? Ringo — Tu sais, c’est comme ça. Mais personne n’a envie de rester assis dans un bus pendant neuf jours. Interviewer — Oh, vous prenez le bus, hein ? Ringo — Non. Interviewer — J’essaie d’être d’accord… Tous les gars dans le bus. Ça a l’air bien. Ringo — Non, on y va en avion. Parce que si je suis dans l’avion, le groupe est dans l’avion. Si je suis à l’hôtel, le groupe est à l’hôtel. C’est comme ça qu’on fait. Interviewer — Ouais. Un Tu clôts chaque concert – évidemment, ta setlist, tu la mélanges à chaque tournée. Celle-là, tu as un petit morceau de « Look Up », ce qui est génial. Tu clôts chaque concert avec « With a Little Help from My Friends ». Tu sais que le public va exploser. Quel est ton rapport à cette chanson maintenant ? On connaît le rapport du public. Ringo — J’adore cette chanson, et je remercie Paul. Je veux dire, je peux partir en tournée parce qu’il l’a écrite pour moi. Et, tu sais, « Yellow Submarine » – ce sont les deux chansons que mon public adore. Mais je suis choqué et surpris parce que j’ai mis « Octopus’s Garden » et ils l’adorent. Je ne l’avais jamais mise – on ne voulait pas être sous l’eau pendant deux chansons. Maintenant, on est de nouveau sous l’eau. Interviewer — Absolument. « Octopus’s Garden » à l’ombre… Ringo — Et oui, ça passe vraiment bien. Interviewer — Bien sûr que si. Ringo — Eh bien non, moi, je ne voulais pas le faire. Interviewer — Pourquoi ? Ringo — Parce qu’on a fait « Yellow Submarine ». On est comme sous l’eau. Bref, j’adore ça maintenant. Interviewer — Les fans aussi. Dès le début de ce plan, tout le monde sait de quoi il s’agit. On est là pour fêter la tournée, et aussi Star Art, la nouvelle exposition que tu as montée. Je connais bien ton art ; j’en possède une : une de tes peaux de tambour imprimées, un homme bandana avec un pot de peinture. Je l’adore ; elle est magnifiquement encadrée chez moi. C’est cool que tu puisses offrir aux gens ce petit morceau de toi. Tu as cette exposition dans une galerie incroyable – Grand Canal Shoppes au Venetian Resort – jusqu’au 15 octobre, ce qui coïncide évidemment avec ta résidence. Souhaitez-vous que les gens voient ton art comme une entité distincte de ce qu’ils connaissent de toi, ou est-ce que tout cela se confond ? Ringo — Je pense que tout est lié : à la musique, à l’autre groupe, à ce que je fais. Ça fait partie de moi. 5 % de plus peuvent faire ça, ceci peut faire 10 %, ceci peut faire ça… tout ça fait 100. Peindre est une de mes activités préférées. J’adore jouer de la batterie. J’adore être sur scène, vous savez. J’aime même le moment où je suis devant, parce que j’ai le groupe derrière moi. On se lève et on le fait. J’essaie juste d’y penser maintenant parce que vous me l’avez demandé, mais non, je peins, c’est tout. On a plein de peintures, et quelqu’un dit : « On pourrait en utiliser quelques-unes pour la Fondation Lotus. » C’est à ça qu’elles servent. Et on les met avec des choses comme les vôtres – les peaux de batterie qu’on a imprimées, une centaine, celle-là une vingtaine – et elles sont juste dans nos tournées, au fil de nos tournées. Au lieu d’un t-shirt, achetez une peau de tambour. Intervieweur — Excellente idée. Un souvenir à rapporter chez soi, plus personnel. Vous avez commencé à peindre dans les années 90, alors que vous viviez dans le sud de la France. J’aurais aussi commencé à peindre si j’avais vécu dans le sud de la France. Était-ce votre premier rapport à l’art ? Vous souvenez-vous de la première fois où vous l’avez touché ? Ringo — Non, je l’avais déjà fait. Je ne crois même pas en avoir un seul ; où qu’ils soient allés, je ne sais pas. J’étais un peu ébloui à l’époque. Je suis même allé à Monaco en 76 et j’y ai fait ça. Je l’ai fait à cause de tous les peintres du quartier au fil des ans ; ils avaient tous vécu là-haut, là-bas. Tant de peintres, célèbres dans les années 20, dans les années 10. Et puis, bien sûr, certains d’entre eux ont déménagé à Paris. Et, vous savez, je dois me dire : vous n’êtes pas Rembrandt. Fais ce que tu as envie de faire. Et c’est ce que j’ai fait. Interviewer — Ouais. Ringo — Je n’essaie pas d’être comme eux. Fais juste ce que je fais. Et le spin art… ils auraient adoré le spin art dans les années 30. C’est toujours une façon folle de peindre. J’utilise encore le pinceau sur d’autres tableaux. Je fais juste ce que je fais, tu vois ce que je veux dire ? Je n’ai pas de plan précis. C’est juste comme : « Oh, c’est arrivé. » Interviewer — Tu travailles avec de nombreux médiums : la batterie, le chant, la peinture, la photographie. Y a-t-il un fil conducteur dans ta façon d’aborder tout ça, ou est-ce que chaque médium a ses propres spécificités ? Ringo — Je me lance, c’est tout. Fais juste ce qui sort. Parce que, comme je l’ai dit, je ne suis pas Rembrandt en peinture, et je joue de la batterie comme je joue de la batterie – c’est ce qu’on obtient. Je joue sur les disques des autres ; Ils envoient les fichiers, je les renvoie, et je dis toujours : « Utilisez-moi ou perdez-moi. » Si ça ne vous a pas réussi, retirez-moi. Interviewer — Vous avez aussi des œuvres numériques dans cette exposition, parfois comparées au style de Microsoft Paint. Ringo — Ça a commencé à la fin des années 90. Rien de mieux… vous avez un ordinateur portable et il y avait ce logiciel Kid Pix. Interviewer — Vous utilisiez Kid Pix pour ça ? Ringo — J’utilise Kid Pix tout le temps. Il n’existe plus maintenant. Interviewer — C’était tellement amusant. Ringo — Pourquoi ils l’ont retiré, je ne le saurai jamais. Kid Pix, remettez-le. Interviewer — Je ne l’ai découvert que le mois dernier, je me suis dit : « Voyons Kid Pix, remettons-nous dedans. » Ringo — Scotty, notre génie, arrive et regarde mon ordinateur : « Non, il a disparu. Ils ne le montrent plus.» Intervieweur — Tu pourrais probablement trouver un petit disque sur eBay.Ringo — Eh bien, dis-leur : si tu as Kid Pix sur quelqu’un
Quelque chose, envoie-le-lui et il me le donnera. Interviewer — Voilà. La prochaine fois qu’on se voit. Il y avait les seaux. Ringo — Je me souviens, on appuie et c’est tout bleu. Hilarant. Mon frère et moi, on frappait ça tout le temps. Un excellent exutoire créatif. Interviewer — Quand on crée ce genre de choses, quelle est l’ambiance ? On a un disque qui tourne ? Ringo — Non, c’est : « Qu’est-ce que j’ai fait comme ça ? Qu’est-ce qui sort ? Qu’est-ce qui va le contourner ? » J’ai commencé à faire, eh bien, il y a cinq ans, à part les hommes en bois (qui sont mes hommes), j’ai ceux-là, et il y en a quatre. Ils ne ressemblent pas du tout à nous quatre, mais vous savez : c’est parce que quatre personnes. Dans ma tête, je les vois tous : quatre gars dans des poses différentes. C’est brut ; ça ne ressemble à personne, parce que je ne sais pas faire les grimaces. Je peux faire ce visage, mais rien qui te ressemble. Je me disais que ce serait génial d’avoir… D’abord, je voulais les mettre dans une situation animée – il y en a de très belles. Ils emménagent à côté, ils sont juste dans la rue – c’est comme ça qu’ils sont, des adolescents bruts et prêts à tout. Ou alors, ils pourraient construire une ville entière autour d’eux. Si quelqu’un est intéressé, appelez-le. Interviewer — Je vous contacterais. Vous avez mentionné la Fondation Lotus – 100 % des recettes de cette exposition sont reversées à la Fondation Lotus, la fondation que vous et Barbara avez créée. Objectifs : financer le traitement de la toxicomanie, la paralysie cérébrale, les tumeurs cérébrales, le cancer, les sans-abri, les animaux dans le besoin… Ringo — Et WaterAid. WaterAid a été notre premier projet. Je crois sincèrement que tout le monde devrait avoir au moins de l’eau. Nous soutenons donc ceux qui trouvent de l’eau – en Afrique du Sud, en Éthiopie, partout. Je soutiens WaterAid pour apporter de l’eau aux populations. C’est important. Nous en avons besoin. Interviewer — Bravo à vous. Ringo — Ils ont aussi eu le Chelsea Flower Show : ils ont pris une pelouse et ont mis… et vous savez, les fleurs ont besoin d’eau. Tout a besoin d’eau. Interviewer — Combien de ces boissons buvez-vous par jour ? Ringo — Au moins quatre. Interviewer — C’est bien. C’est pour ça qu’il est si beau. Maintenant, il y a tellement de choses à dire ! Je veux passer à Anthology 4. Trente ans après l’Anthology originale, c’est le cadeau qui continue à donner. Ringo — Oui. Tout comme les disques, le remixage, ou le coffret, ou la « prise neuf », qui n’a jamais été la prise neuf. La plupart des prises étaient du genre : l’un de nous a raté – deux mesures, genre, mais c’est marqué. Donc quand ils disent : « Oh, c’est la prise neuf », eh bien non, c’était la prise trois, ou deux, quand on a réussi. Interviewer — C’est marrant que tu dises ça ! J’ai vu qu’un morceau sur la liste était « prise 24 ». Je me dis, ces types deviennent fous. Ringo — Une autre histoire avec Harry Nilsson : Richard Perry enregistrait une chanson, Harry avait un morceau intitulé « 54 », et on était à Londres pour l’enregistrer. Richard en voulait toujours un autre, et on a fait la prise 54. On a discuté après : « Waouh, il faut absolument que ce soit ça.» « On recommence, les gars.» « Oh non, encore.» C’est le plus grand nombre de fois que j’ai joué une chanson d’un bout à l’autre : 54 fois. Interviewer — Comment savoir quelle prise est la bonne ? Ringo — Le producteur vous le dit. Richard a enregistré mon premier album pop, l’album Ringo. C’est un super album, on dirait Ringo and the All-Starrs sur disque. Plein de musiciens et de têtes d’affiche. Même John et George, qui sont arrivés à L.A., sont dessus. J’aime bien les mélanges. Interviewer — Sur Anthology, il y a des trucs qu’on a déjà entendus, et des nouveaux. Êtes-vous constamment surpris qu’il y en ait plus ? Ringo — Oui. Souvent, c’est la même chose, mais Giles l’a remixée ou remasterisée. J’adore tous les remixes parce qu’on entend la grosse caisse. Je vous l’ai déjà dit ? Au début des années 60, tout était mono ; ce n’était pas très technique. S’ils retiraient quelque chose : « Baisse un peu la basse, mec.» « Non, tu as dépassé la limite, on doit la retirer.» Mais on a gravi les échelons et on leur a dit quoi faire. Ils ne nous le disaient plus maintenant. Interviewer — C’est un régal pour les fans. C’est un vinyle 12 LP – c’est dingue – 8 CD. Avant, c’était une série en huit parties ; maintenant, ce sera une série en neuf parties sur Disney+ le 26 novembre. Des livres aussi – absolument partout. Démos, répétitions, prises diverses – c’est intimiste, non ? Ringo — C’est intime, mais aussi… Avec le dernier qui est sorti – les 8 heures. Je ne comprendrai jamais : ils ont retrouvé 56 heures de pellicule inutilisée. Et c’est grâce à ça que Peter Jackson a pu faire ce nouveau documentaire – il a fait un travail formidable. Il avait toutes les images. Ça nous a ramenés, genre, dix ans en arrière, quand on l’a retrouvé, et il l’a fait ces dix dernières années. Il y a encore beaucoup à découvrir, quelque part. Qui sait ? Interviewer — Quand on revoit les images, est-ce comme dans ses souvenirs ?Ringo — Je ne pense pas qu’on puisse se souvenir de chaque instant de sa vie. Mais dans le dernier – tu parles de George, Paul et moi en studio en train de jouer : on joue un morceau de rock… je ne me souviens plus lequel. C’est un de ces morceaux qu’on connaissait tous et qu’on a juste joué, parce que c’est ce qu’on faisait – on jouait. On travaillait dur si c’était un disque, si c’était nouveau. Mais, vous savez, Carl Perkins, je viens de faire un remake d’une autre chanson de Carl Perkins sur mon
Nouvel album country, parce que T Bone adore l’idée que les deux premières chansons que j’avais sur les disques des Beatles soient de Carl Perkins – je les reprenais justement. Je l’adorais parce que c’était à la fois country et rock. Celui-ci est un peu plus triste ; je ne l’avais jamais entendu, et T Bone me dit que lui non plus, mais il est magnifique. C’était un compositeur formidable. On a joué sur son enregistrement spécial – Eric Clapton, George, moi et beaucoup d’Anglais quand il est venu en Angleterre pour enregistrer son enregistrement spécial. Si vous allez sur Internet, vous trouverez cet enregistrement spécial qu’on a fait – c’est génial. Interviewer — Mon pote Ringo, j’ai hâte d’écouter le nouvel album. Ringo — On pense à février. On est occupés, et lui aussi, et on va travailler sur l’album en octobre. Combien de temps ça va prendre ? On ne sait pas. Alors, détendons-nous, il sort en février. Interviewer — Mais la maison de disques pourrait changer d’avis ? Ringo — Ça ne dépend pas d’eux, mais ils diront : « Tu crois qu’on pourrait le faire le 19 janvier ? » Peu importe, je ne sais pas. On verra bien. Interviewer — Si « Look Up » est une indication, vos fans vont se régaler. Ringo — Avec plaisir, toujours. Interviewer / Ringo — Peace and love. Peace and love. Voilà. Merci. Toujours aussi génial. Toujours, mec. Toujours. Merci.