Son nom s'inspire du révolutionnaire Emiliano Zapata (1879-1919), et a pour porte-parole le commandant Marcos. Opposés au gouvernement qui dirige le Mexique depuis 1929, tout autant qu’au libre-échange nord-américain, les zapatistes rejoignent la population indigène (en particulier maya). Cette révolte emblématique militait en faveur d’une amélioration des conditions de vie et du droit à l’auto-détermination des peuples autochtones en proposant une forme de démocratie participative. L’usage de l’armée pour écraser le mouvement rend celui-ci sympathique au peuple.
Un cessez-le-feu est conclu le 12 janvier 1994, grâce à l'intervention de l'Église catholique. Mais la trêve ne dure pas. Face à la répression, les zapatistes déclenchent une nouvelle offensive en décembre 1994, occupant 38 communes, dont la ville de Palenque. De plus, ils adaptent leur stratégie afin d'obtenir la sympathie internationale (recours à l'internet, appel aux Organisations non-gouvernementales, opposition à la globalisation et au néo-libéralisme). Le 9 février 1995, le gouvernement d'Ernesto Zedillo met fin aux négociations et lance une offensive afin d'occuper la plupart des villes et d'assassiner Marcos. Elle échoue. Confronté aux pressions populaires et internationales, le gouvernement cesse son offensive et remplace le ministre de l'Intérieur et le gouverneur du Chiapas.
Je me souviens avoir vu des panneaux comportant les slogans zapatisme lors de mon premier séjour dans les Chiapas en 2017. On ne pouvait pas ignorer la situation en lisant :“ Vous êtes en territoire rebelle zapatisme. Ici, le peuple donne les ordres et le gouvernement obéit”. Il nous semblait que la prudence était de mise et nous ne nous faisions pas remarquer. Pourtant on ne pouvait qu’adhérer à leurs principes interdisant le trafic d’armes, la plantation de plantes destinées à la drogue, la consommation de drogues et de boissons alcoolisées, comme la vente illégale de bois. Leur slogan Non à la destruction de la nature était tout à fait positif. La disparition de la diversité de ses paysages spectaculaires, montagneux ou couverts de jungle serait une catastrophe pour cette région qui est une des plus importantes en biodiversité au monde.Malgré tout, et au fil des années, cet Etat subit de plein fouet une escalade de violence liée au trafic de drogue. Frontalier au Guatemala, le Chiapas est devenu une route-clé pour le transport de drogues depuis l’Amérique centrale vers les États-Unis. Il est désormais“ une zone grise” abandonnée par les autorités et où des milliers de personnes sont contraintes à fuir le crime organisé.