« That’ll Be the Day » de Buddy Holly fut bien plus qu’un coup de cœur pour George Harrison : c’est le modèle fondateur qui l’a guidé dans son rapport à la guitare, à l’écriture et à l’idée même de groupe. Cette influence discrète mais décisive a laissé son empreinte sur les Beatles dès 1958 et tout au long du parcours d’Harrison.
Dans la cartographie intime des influences de George Harrison, un nom brille avec une intensité particulière : Buddy Holly. Si Bob Dylan a souvent été décrit comme l’« idolâtré » d’Harrison durant les années 1960, l’inverse fut tout aussi vrai : Dylan lui‑même se reconnaissait une dette envers Holly, qu’il avait vu sur scène quelques jours avant le 3 février 1959, date du crash d’avion qui coûta la vie à Buddy Holly, Ritchie Valens et The Big Bopper – la journée que l’on retiendra comme « the day the music died ». Harrison, lui, n’eut jamais l’occasion de voir son héros en concert. Mais la musique de Holly – ses mélodies limpides, sa rythmique nerveuse, sa posture d’auteur‑compositeur‑interprète à lunettes – offrit à ce garçon de Liverpool une carte pour naviguer à vue dans un monde pop encore à inventer.
Au cœur de cette filiation, un titre s’impose : « That’ll Be the Day ». Harrison l’a désigné comme sa chanson préférée de Buddy Holly, au point de la placer au premier rang de la compilation « George Harrison’s Jukebox », un autoportrait musical en 25 pistes. À travers elle, c’est moins un simple coup de cœur qu’une clé de lecture : l’idée qu’un adolescent ordinaire, même affublé de lunettes, pouvait écrire, chanter, jouer et mener un groupe – et du même geste transformer sa vie.
Sommaire
- Avant les stades : un choc de salon pour un garçon de Liverpool
- Pourquoi « That’ll Be the Day » ? Les raisons d’un choix
- Une chanson rejetée avant de devenir un étalon
- Des caves de Liverpool aux studios EMI : Buddy Holly chez les Beatles
- Dylan, Harrison, Holly : triangles d’influence
- L’esthétique Harrison : l’économie comme ligne de force
- De l’anecdote à l’ADN : la reprise de 1958, première pierre Beatles
- L’effet Buddy Holly dans la fabrique Beatles
- « George Harrison’s Jukebox » : un autoportrait en 25 pistes
- Holly, matrice d’un groupe : des insectes et du beat
- La science du temps : concision contre démesure
- Des mots simples, une portée immense
- Un regard, des lunettes : esthétique et identification
- De la réplique à l’innovation : ce que Holly permet
- Une filiation assumée jusqu’au bout
- Un miroir et une boussole
- Paul McCartney, MPL et la Buddy Holly Week
Avant les stades : un choc de salon pour un garçon de Liverpool
Liverpool, milieu des années 1950. Les ondes anglaises, encore dominées par la variété et les standards, laissent percer une électricité nouvelle venue d’Amérique. Dans ce souffle, Buddy Holly et ses Crickets occupent une place singulière : des chansons courtes, bien rythmées, une guitare claire qui claque, des voix en écho, et cette impression, décisive pour Harrison, que la simplicité peut être maîtrise. Pour un lycéen fasciné par les skiffle parties et déjà curieux d’harmonies, l’effet est immédiat : si Holly peut le faire, lui aussi peut essayer.
Avec les Quarrymen – formation embryonnaire de ce qui deviendra The Beatles –, Harrison s’attaque très tôt au répertoire de son idole. Le premier enregistrement jamais gravé par le groupe, en 1958, est justement une reprise de « That’ll Be the Day », fixée sur un acetate chez Phillips’ Sound Recording Services à Liverpool. Cette matrice artisanale, précieusement conservée avant de réapparaître des décennies plus tard, raconte une chose simple : Buddy Holly fut l’un des premiers maîtres d’Harrison, non pas comme figure lointaine mais comme manuel vivant pour apprendre l’économie d’écriture, la carrure rythmique et le chant en groupe.
Pourquoi « That’ll Be the Day » ? Les raisons d’un choix
Il serait tentant de réduire « That’ll Be the Day » à un hymne générationnel. Pour Harrison, elle est davantage : une grammaire. Sa structure repose sur une ossature I‑IV‑V classique, mais Buddy Holly la tend comme un ressort, avec des arrêts nets, des relances vocales, un phrasé à la fois percutant et souple. Le hook du refrain, répété sans lourdeur, illustre cette science du motif mémorisable qui deviendra l’un des outils favoris des Beatles. À l’oreille, le son de guitare – brillant, articulé – ne recherche pas le mur mais la définition : une notion qui parlera plus tard au soliste Harrison, adepte des lignes mélodiques au service de la chanson.
Il y a aussi la posture. Buddy Holly n’incarne pas la brute charismatique, mais le garçon des classes moyennes qui écrit ses chansons, dirige sa formation et garde ses lunettes. Cette normalité assumée fut pour Harrison une révélation. Lui qui se vivait comme un artisan de la guitare trouva dans Holly une validation : la virtuosité n’est pas affaire de démonstration, mais de justesse dans l’accompagnement, d’élégance dans le choix des notes, d’écoute des autres.
Une chanson rejetée avant de devenir un étalon
La trajectoire de « That’ll Be the Day » tient du roman. D’abord enregistrée à Nashville en 1956 dans une version plus lente, la chanson ne convainc pas le milieu. Un producteur aurait même lâché qu’il s’agissait de la « pire chanson » qu’il ait entendue. Loin de renoncer, Buddy Holly retourne l’essai en 1957 à Clovis (Nouveau‑Mexique), dans le studio de Norman Petty, cette fois avec The Crickets et le tempo vif qui fera sa force. Publiée par le label Brunswick, la version déferle sur les charts : n° 1 aux États‑Unis et au Royaume‑Uni, elle impose un standard de pop‑rock que reprendront des générations entières. Pour George Harrison, ce parcours dit aussi quelque chose de l’entêtement créatif : savoir entendre dans une idée simple un potentiel que d’autres ne voient pas encore.
Des caves de Liverpool aux studios EMI : Buddy Holly chez les Beatles
L’empreinte de Holly se lit très tôt dans les setlists des Quarrymen puis des Beatles. Au Cavern Club, sur les planches de Hambourg, ou lors des sessions BBC, les jeunes Lennon, McCartney et Harrison puisent dans ce répertoire pour aiguiser leur cohésion. En 1962, pendant l’audition Decca, George Harrison prend le lead vocal sur « Crying, Waiting, Hoping », autre composition de Buddy Holly : un moment révélateur où l’on entend déjà sa timbre distinct, posé sur des accords nets et un contre‑chant soigneux. Deux ans plus tard, en 1964, les Beatles enregistrent « Words of Love » pour l’album « Beatles for Sale ». La prise, d’une exactitude presque studieuse, évite la paraphrase : Lennon et McCartney y tressent un unisson doublé qui brille par sa transparence, pendant que la guitare de Harrison choisit la ligne claire, respectueuse de la sobriété hollyenne.
Cette fidélité ne se résume pas à des reprises. Elle infuse la méthode Beatles : écrire des chansons qui se tiennent par elles‑mêmes, penser les voix comme un ensemble, privilégier la logique du chant à la démonstration instrumentale. Même lorsque la sophistication studio s’invite – cordes, bandes inversées, sitar –, la charpente reste souvent celle d’un morceau qu’un groupe peut porter sur scène : un héritage hollyen que l’on sous‑estime parfois.
Dylan, Harrison, Holly : triangles d’influence
Le récit est connu : Bob Dylan voit Buddy Holly sur scène dans le Minnesota à la fin de janvier 1959 et, des années plus tard, confesse qu’il y a perçu une transmission directe, presque mystique. La trajectoire d’Harrison n’est pas identique, mais elle rime. Son admiration pour Holly est celle d’un musicien qui découvre un cadre d’expression : écrire des airs neufs avec des moyens modestes, compter sur la chanson plus que sur la mise en scène. Lorsque Dylan et Harrison se lient d’amitié au milieu des années 1960, c’est aussi autour de cette idée : la vérité se cache souvent dans une mélodie évidente, des mots simples, une guitare bien tenue. Buddy Holly en offre le modèle originel, dépouillé, tenace.
L’esthétique Harrison : l’économie comme ligne de force
On a parfois décrit George Harrison comme le « Quiet Beatle » – raccourci commode qui oublie l’assurance de son jeu et la cohérence de son écriture. Or, si l’on écoute ses premières compositions – « Don’t Bother Me » (1963), « I Need You » (1965), « You Like Me Too Much » (1965) –, on y retrouve une économie qui doit beaucoup à l’école hollyenne : des progressions claires, des ponts concis, des guitares qui disent l’essentiel. Plus tard, des titres comme « If I Needed Someone » (1965) – ouvertement inspiré par The Byrds et leur Rickenbacker, eux‑mêmes héritiers d’une lutherie claire à la Holly – prolongent ce souci de la ligne chantable et du contre‑chant.
Sur le plan instrumental, la signature d’Harrison – ce vibrato serré, ces bends mesurés, cette articulation limpide – s’épanouit dans des espaces où la chanson prime. C’est exactement ce que prônait Buddy Holly : une guitare au service de la voix, qui participe du discours sans le déborder. Si l’on entend dans « That’ll Be the Day » une guitare qui répond au chant, on retrouve le même dialogue chez Harrison dans d’innombrables passages, des solos brefs de « A Hard Day’s Night » et « Can’t Buy Me Love » aux interventions aériennes de « Something ».
De l’anecdote à l’ADN : la reprise de 1958, première pierre Beatles
L’acetate de 1958 a valeur de manifeste. Entendre Lennon, McCartney, Harrison et leurs camarades y frotter leur énergie adolescente à « That’ll Be the Day » rappelle que l’acte I des Beatles est indissociable de Buddy Holly. Cette première trace sonore survivra comme une relique, avant que le public ne la découvre officiellement des décennies plus tard. On y saisit déjà deux intuitions qui deviendront des dogmes beatlemaniens : la chanson d’abord, et le groupe comme organisme collectif où la voix et la guitare se parlent.
Il n’est pas exagéré de dire que ce 45 tours interne a lanciné l’imagination d’Harrison. Choisir « That’ll Be the Day » comme titre préféré de Buddy Holly revient, pour lui, à remercier la chanson qui l’a autorisé à commencer. Tout ce qui suivra – l’ascension aux charts, les tournées, les albums – garde en filigrane cette permission initiale.
L’effet Buddy Holly dans la fabrique Beatles
Réduire l’influence de Buddy Holly à la seule figure d’Harrison serait injuste. John Lennon adopte très tôt des lunettes qui rappellent celles de son aîné américain – un geste d’identification puis d’esthétique. Paul McCartney, de son côté, poussera l’hommage jusqu’à acquérir, dans les années 1970, une partie substantielle des droits d’édition des chansons de Holly via sa société MPL, et instaurera à Londres une « Buddy Holly Week » qui célébrera chaque année cet héritage.
Pour Harrison, cette présence diffuse constitue un milieu : elle entoure ses propres évolutions sans jamais s’y imposer. Lorsqu’il s’ouvre à d’autres influences – Chet Atkins, Carl Perkins, puis la musique indienne –, l’empreinte hollyenne demeure une assise : des chansons qui tiennent debout sans artifices, un guitare‑chant qui se renvoient la balle, une pudeur dans l’expression.
« George Harrison’s Jukebox » : un autoportrait en 25 pistes
La publication de « George Harrison’s Jukebox » donna l’occasion de cartographier les amours musicaux du guitariste. Y placer « That’ll Be the Day » en tête n’est pas une coquetterie, mais une déclaration de priorité. Au‑delà de la nostalgie, Harrison y reconnaît une leçon toujours opérante : une bonne chanson peut tout. Dans un XXe siècle où la virtuosité instrumentale et la technologie de studio ont parfois pris le pas sur l’écriture, ce choix réaffirme son éthique : primat du mot, de la mélodie, du rythme – ce trépied que Buddy Holly maniait avec un équilibre quasi scolaire et pourtant bouleversant.
Holly, matrice d’un groupe : des insectes et du beat
Il y a, dans le nom même des Beatles, un clin d’œil à Holly et à ses Crickets. L’histoire raconte que le groupe chercha une variété d’insecte qui dise aussi le rythme (beat), et que l’écho aux Crickets fit son chemin jusque dans ce jeu de mots devenu mythe. Ce baptême symbolique traduit l’ampleur de l’influence : Buddy Holly ne leur offrit pas seulement des chansons à reprendre, mais un modèle pour penser un groupe moderne – non plus une simple voix entourée de musiciens, mais un collectif identifié par un nom, une image, une écriture.
La science du temps : concision contre démesure
À l’heure des albums‑concepts et des cathédrales sonores, on oublie que la durée fut longtemps l’ennemie favorite des chansons pop. Buddy Holly excellait dans l’art de dire beaucoup en moins de trois minutes. George Harrison, de son côté, signa nombre de pièces où la précision formelle fait gagner de la place à l’émotion. L’héritage de « That’ll Be the Day » se mesure aussi là : une attention au temps qui respecte l’auditeur autant que la chanson. Même lorsqu’Harrison s’aventure vers des formes étirées – de « Within You Without You » à « Isn’t It a Pity » –, on y retrouve une tenue interne héritée de l’école hollyenne : chaque partie a sa nécessité.
Des mots simples, une portée immense
Les paroles de Buddy Holly ne prétendent pas à la profondeur cryptique. Elles misent sur des images quotidiennes, des expressions directes, un sourire parfois. Harrison, surtout dans ses premières années, privilégie une clarté voisine : déclarations minimales, adresses franches, sentiments sans emphase. Plus tard, son écriture spirituelle – « Beware of Darkness », « My Sweet Lord » – élargira l’horizon, mais l’assise demeure : la vérité tient dans des mots que chacun peut chanter. C’est cette (fausse) simplicité qui rend « That’ll Be the Day » si contagieuse, et qui explique sa portée pour un Beatle en devenir.
Un regard, des lunettes : esthétique et identification
Il faut enfin dire un mot des lunettes. Ce détail iconique a compté pour Harrison comme pour d’innombrables adolescents des fifties : un héros qui assume sa myopie, c’était une révolution silencieuse. Au‑delà de l’image, c’est un signal : la normalité peut mener le bal. Dans un milieu saturé de postures, Buddy Holly rappelait que la confiance naît de la compétence, que l’autorité scénique peut être douce, que l’élégance tient dans le choix juste. George Harrison en fera une éthique professionnelle : parler peu, travailler beaucoup, servir la chanson.
De la réplique à l’innovation : ce que Holly permet
Par un paradoxe fertile, l’admiration d’Harrison pour Buddy Holly n’a jamais figé sa créativité ; elle l’a libérée. Avoir un modèle clair permet d’oser des détours : vers le folk‑rock, la country, la musique indienne, les montages studio les plus aventureux. Si « That’ll Be the Day » appartient au socle, George Harrison bâtit par‑dessus des ponts inédits. L’économie hollyenne devient la base d’une exploration harmonique plus subtile, d’un son de guitare plus texturé, d’une écriture capable de tenir autant la prière que la déclaration d’amour.
Une filiation assumée jusqu’au bout
À l’heure du bilan, George Harrison ne s’est jamais départi de sa gratitude envers Buddy Holly. Loin des panthéons figés, son admiration ressemble à une conversation que l’on reprend au fil des années. Choisir « That’ll Be the Day » comme chanson fétiche, c’est ouvrir et refermer la boucle : la première chanson enregistrée par le noyau Beatles, et, des années plus tard, la pierre de touche d’une discothèque idéale. Entre les deux, une carrière qui a transformé la pop, des disques qui ont redessiné la musique, et un guitariste‑compositeur qui n’a jamais perdu de vue l’essentiel : des mélodies franches, des mots vrais, une guitare qui parle.
Un miroir et une boussole
On peut aimer Buddy Holly pour mille raisons : la fraîcheur de sa voix, la vitesse de ses refrains, son audace discrète d’écrivain pop. George Harrison y voyait surtout un miroir et une boussole. Miroir d’un garçon qui se reconnaît dans un héros sans emphase ; boussole qui indique qu’une chanson bien travaillée vaut mieux que toutes les poses.
En plaçant « That’ll Be the Day » au sommet de son jukebox intime, Harrison nous tend un mode d’emploi qui n’a pas vieilli : partir d’une idée claire, la resserrer, la chanter avec des amis, laisser la guitare tracer des lignes qui aident la voix à voler. C’est peu, c’est énorme. Et c’est ainsi qu’un ado de Liverpool, à l’écoute d’un garçon à lunettes de Lubbock, a trouvé la porte d’entrée vers ce qui deviendra l’une des aventures les plus fécondes de la musique populaire.
Paul McCartney, MPL et la Buddy Holly Week
Au début des années 1970, Paul McCartney consolide, via sa société d’édition MPL Communications, une part substantielle des droits d’édition du catalogue Buddy Holly. L’opération s’effectue auprès des ayants droit et de la structure de Norman Petty (notamment Nor Va Jak Music) ; les chronologies publiées évoquent le cœur de la période 1973‑1976. Concrètement, MPL devient l’un des principaux détenteurs des œuvres phares de Holly, ce qui permet à McCartney de préserver et promouvoir activement cet héritage – des standards comme « That’ll Be the Day », « Peggy Sue », « Everyday » ou « Not Fade Away » demeurant au centre de cette valorisation.
À Londres, McCartney lance en septembre 1976 la Buddy Holly Week, une semaine de célébrations calée sur ce qui aurait été le 40e anniversaire de Holly. Pendant plus de deux décennies, l’événement rythme la rentrée musicale britannique : concerts‑hommages, rencontres, expositions, remises de prix à des songwriters émergents. Des musiciens majeurs – d’Elton John à Eric Clapton, en passant par Keith Richards et des membres historiques des Crickets – y apparaissent au fil des éditions, symbole d’une filiation assumée entre pionniers du rock’n’roll et héritiers des années 1970‑1990.
Soucieux d’exactitude historique, McCartney produit et présente en 1985 le documentaire « The Real Buddy Holly Story », destiné à rectifier certaines approximations popularisées par la fiction cinéma. Le film donne longuement la parole aux proches et compagnons de Holly (les Everly Brothers, Jerry Allison, Sonny Curtis, Keith Richards), et propose un portrait précis de l’artiste, loin des clichés.
Pour George Harrison, ce écosystème créé par McCartney a maintenu Buddy Holly au premier plan de la mémoire pop. Il éclaire le choix d’Harrison de placer « That’ll Be the Day » au sommet de son jukebox intime : non seulement une révérence au modèle fondateur, mais la reconnaissance d’un travail au long cours pour que cette musique vive, circule et inspire encore.